La visite effectuée par le président du Conseil italien Mario Draghi , à Alger lundi 11 avril 2022, moins de 48 heures après le sommet entre le président du Conseil espagnol Pedro Sanchez et le roi du Maroc Mohamed VI n’a pas laissé indifférent les autorités espagnoles qui appréhendent de plus en plus des représailles algériennes, en relation avec le revirement de la position de Madrid au sujet de la question sahraouie.
Selon Bloomberg, des diplomates espagnols ont rencontré ce mardi leurs homologues italiens pour évoquer la question du gaz algérien.
Il s’avère que les autorités espagnols qui aspiraient que Madrid devient un hub gazier pour l’Europe en profitant du contrat à long terme pour une période de 10 ans signé avec Alger en octobre 2020, un contrat lésant les intérêts algériens, comme l’illustre le prix atteint par le gaz, dépassant de 10 fois le prix conclu entre la Sonatrach et Naturgy.
La mauvaise foi et la gabegie des espagnols ont été trahies par la géopolitique régionale et internationale. La décision d’Alger de suspendre l’approvisionnement du Gaz via le GME, pour répondre à la politique d’agression et d’hostilité du Maroc, a faussé les calculs espagnols de faire de l’Espagne un hub gazier, via le GME et Medgz, et prochainement le Transaharien.
Cela a été suivi par la crise ukrainienne qui a impacté lourdement sur les prix du gaz et pétrole, refroidissant par voie de conséquence les ambitions de Madrid. Les sanctions occidentales initiées contre la Russie et son gaz, ont été une aubaine offerte pour l’Algérie très sollicitée pour pallier relativement la dépendance occidentale vis à vis du gaz russe. Les espagnols pensaient mettre les algériens sous pression en procédant à un revirement de leur position à l’égard de la question du Sahara Occidental, après avoir échoué à convaincre les algériens de leur offrir une quantité supplémentaire en gaz avec un prix identique à celui du contrat signé en octobre 2020. Les espagnols n’ont pas compris que l’Algérie détient les clés de l’enjeu. Le rapprochement avec Rome qui sera concrétisé par d’importants contrats à l’occasion de la visite du président de la république Abdelmadjid Tebboune, prévue le mois de mai prochain, scellera un axe stratégique et permettra d’inverser la donne en faveur de l’Italie qui pourrait devenir un hub gazier important au niveau du bassin méditerranéen dans la mesure ou elle est liée avec l’Algérie par le Transmed. Ce pipeline de 32 G. m3/an, utilisé qu’aux deux tiers de ses capacités, a permis à l’Italie en 2021 d’importer 21 G. m3 de gaz depuis l’Algérie, deuxième fournisseur après la Russie (29 G). Lors de son cours séjour à Alger, Mario Draghi, le président du Conseil Italien a réussi à convaincre les autorités algériennes de fournir à Rome une quantité de gaz supplémentaire de 9 milliards de mètres cubes/an (G. m3/an) supplémentaires à l’horizon 2023-2024. Cette visite rappelons-le intervenait après la visite du président italien en novembre dernier, une semaine après la suspension de l’approvisionnement via le GME, et la visite du PDG de l’ENI, à Alger, marquée par la signature d’accords d’investissement pour accroître la coopération énergétique entre les deux pays. Selon certaines indiscrétions, il n’est pas exclu de relancer le méga-projet du Galsi ( gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne). Concurrencé par les projets South Stream et Trans Adriatic Pipelines , le Galsi pourrait revenir sur les tablettes des discussions entre Alger et Rome, sachant que sa capacité de 8 milliards de m3 de gaz par an.