Le Donbass : Foirage de la Stratégie Ukrotanienne

Le Donbass : Foirage de la Stratégie Ukrotanienne

Dr. SACI

Qui jouera aux jeux d’échecs doit connaître la stratégie de son adversaire.

En réponse au document « «THE KYIV SECURITY COMPACT INTERNATIONAL / SECURITY GUARANTEES FOR UKRAINE: RECOMMENDATIONS »[1] (LE PACTE DE SÉCURITÉ DE KIEV/LES GARANTIES INTERNATIONALES DE SÉCURITÉ POUR L’UKRAINE : RECOMMANDATIONS) du 13 septembre 2022, élaboré par l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Rasmussen, ainsi que d’anciens responsables et universitaires occidentaux pour officialiser la guerre par procuration menée contre la Russie, le monde occidental s’est trouvé en face d’une surprise stratégique qui a chamboulé tous ses calculs. Après le 27 septembre 2022, la Russie serait amenée à user de tous les moyens militaires en sa possession pour faire déloger les troupes ukrainiennes et cobelligérants des régions russophones et pas seulement le Donbass. Mais pourquoi ce changement ?

– Les parlements des républiques Donetsk et Lougansk ont appelé, le 19 septembre 2022, les présidents des deux républiques d’organiser dans l’urgence un « référendum » d’adhésion à la Russie, consultation qui se déroulera du 24 au 27 septembre 2022. Le gouverneur de la région Kherson[2] au Sud de l’Ukraine avait fait aussi part, le lendemain, de ses intentions d’organiser le referendum les mêmes jours et de rejoindre la Russie. Ceci dit, dès l’annonce des résultats du referendum, ces régions feront partie du territoire de la Fédération de Russie.

– Poutine a décrété, le 20 septembre 2022, une mobilisation partielle en lançant « Nous utiliserons sans aucun doute toutes les armes à notre disposition »[3], suite aux déclarations sur la Russie de certains dirigeants occidentaux lors de l’Assemblée générale des Nations unies tenue à New York du 20-23 septembre 2022. Cette mobilisation partielle touchera 300.000 réservistes.[4]

– Les recommandations contenues dans la page du Pacte de sécurité de Kiev élaboré par les occidentaux, que le gouvernement ukrainien s’est empressé de publier sur son site et qui annoncent : « La garantie de sécurité la plus solide pour l’Ukraine réside dans sa capacité à se défendre contre un agresseur en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies.

Pour ce faire, l’Ukraine doit disposer des ressources nécessaires pour maintenir une force défensive importante capable de résister aux forces armées et paramilitaires de la Fédération de Russie.

Les garanties de sécurité seront positives ; elles énoncent une série d’engagements pris par un groupe de garants, avec l’Ukraine. Elles doivent être contraignantes, sur la base d’accords bilatéraux, mais rassemblées dans un document de partenariat stratégique commun – appelé « Pacte de sécurité de Kiev ».

Le Pacte réunira un noyau de pays alliés avec l’Ukraine. Ce groupe pourrait comprendre les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Pologne, l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Australie, la Turquie et pays nordiques, baltes, d’Europe centrale et orientale. »[5]

En annonçant une série d’engagements pris par un groupe de garants (pays suscités) avec l’Ukraine et en faisant référence dans sa page 3 à l’article 51 de la charte des Nations unies, la Russie considère cela comme un cas de casus belli, du fait que l’Ukraine serait appelée à demander officiellement et par écrit l’intervention des pays de l’Union européenne et de l’Otan. En d’autres termes, c’est fournir un cadre légal à l’intervention des pays occidentaux contre la Russie.

Ce n’est pas la première fois que l’article 51 de la charte des Nations unies est invoqué dans des cas pareils. A titre d’exemple, les autorités françaises avaient avancé cet article en janvier 2013 pour intervenir au Mali tout en demandant en premier lieu au président malien par intérim, Dioncounda Traoré, de leur transmettre une lettre, dans laquelle il avait sollicité un appui aérien et un soutien en renseignement et non la présence des forces au sol.[6] Cet article a été cité aussi par les autorités françaises, comme légitime de défense en 2015, pour bombarder des positions de Daesh en Syrie.[7]

La Russie a évoqué également cet article en signant des accords de coopération comprenant des clauses de soutien militaire mutuel[8] avec les républiques de Lougansk et de Donetsk, reconnues le 21 février 2022 par Moscou. Cette reconnaissance et ces accords sont intervenus après que les forces ukrainiennes aient projeté de mener une action dite de libération du Donbass et de la Crimée conformément au décret signé par Zelensky en mars 2021.

Mais c’est en invoquant l’article 51 de la Charte des Nations unies dans le document « Pacte de sécurité de Kiev » que les évènements se sont accélérés en impliquant officiellement les pays de l’Otan dans le conflit armée russo-ukrainien, alors que Kiev n’est pas membre de l’Organisation transatlantique. L’accélération des évènements me rappellent le Syndrome ou le piège de Thucydide,[9] un concept des relations internationales qui désigne une situation où une puissance dominante entre en guerre directement ou par procuration contre une puissance émergente, par peur d’être surpassée. Et c’est ce qui se produit actuellement. Les occidentaux et les Etats-Unis, habitués à donner des ordres, ont été confrontés à un pays, la Russie, qui pour la première fois leur fixe des lignes rouges à ne pas franchir.

L’annonce d’un referendum dans le Lougansk, le Donets et dans la région de Kherson ainsi que la mobilisation partielle décrétée par Poutine indiquent que le conflit a pris une autre tournure pour se confondre à une Guerre Hors Limite qui peut atteindre même le domaine spatial et l’utilisation des armes jusqu’alors tenues au secret.

Ceci dit que le « Pacte de sécurité de Kiev » qui vient contrarier les objectifs de l’opération militaire spéciale Z, pousserait les forces russes, qui ont jusqu’alors épargné certains lieux, à opter pour des opérations de représailles même contre les institutions de l’Etat au niveau de la capitale et des autres régions.

Outre cela, l’accord sur les exportations des céréales ukrainiennes qui expirera en novembre 2022 sera reconduit selon la volonté de Poutine, sachant que ce dernier avait déjà signalé que les céréales ont été détournées par les pays occidentaux et n’ont pas été livrées aux pays en voie de développement.[10]

Zelenski, devenu un va-t-en-guerre, ne cesse de provoquer la Russie en refusant d’appliquer l’accord de Minsk de 2015, en vertu duquel l’Ukraine s’était engagée à se fédéraliser pour donner une certaine autonomie à la région du Donbass,[11] en demandant, voire exigeant des fois, le bannissement de Moscou de toutes les instances internationales, la prise de sanctions drastiques contre elle et l’engagement de certains pays Otaniens dans le conflit au risque d’un embrasement en Europe ou généralisé. A en croire son comportement, on dirait qu’il est mandaté d’une mission précise pour que l’Ukraine se désintègre et l’Europe s’embrase. « En géopolitique, des coïncidences de cette nature ne se produisent pas spontanément » comme le souligne[12] Alastair Crooke, un ancien cadre des services britanniques, le MI6.

Si Zelensky avait lui-même annoncé en mars 2022 lors d’une interview avec la chaine américaine CNN que la Maison blanche lui avait indiqué que « L’Ukraine ne rentrera pas dans l’OTAN, mais publiquement, nous gardons la porte ouverte »[13] ; tout semble indiquer que les Etats-Unis préfèrent une invasion russe de l’Ukraine que de perdre la face en actant un accord avec la Russie sur la non adhésion de l’Ukraine à l’Otan.[14]

Ce pays est devenu gênant pour tout le monde. Peut-être que le scénario de sa balkanisation serait la seule solution et issue. Si les 20% des territoires ukrainiens sont occupés par les russes et qui deviendront certainement russes après le 27 septembre 2022, la Pologne de l’autre côté lorgne en direction de la Galice orientale qu’elle considère historiquement sienne.[15]

[1] https://www.president.gov.ua/storage/j-files-storage/01/15/89/41fd0ec2d72259a561313370cee1be6e_1663050954.pdf

[2] https://tass.com/world/1510269

[3] https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/poutine-decrete-la-mobilisation-partielle-en-russie-et-se-dit-pret-a-utiliser-toutes-les-armes-pour-proteger-son-pays_VN-202209210229.html

[4] https://www.rts.ch/info/monde/13402368-vladimir-poutine-mobilise-300000-hommes-et-menace-loccident.html

[5] https://www.president.gov.ua/storage/j-files-storage/01/15/89/41fd0ec2d72259a561313370cee1be6e_1663050954.pdf

[6] https://www.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130206.OBS7927/info-obs-comment-hollande-a-decide-d-intervenir-au-mali.html

[7] https://www.lefigaro.fr/international/ukraine-qu-est-ce-que-l-article-51-de-l-onu-invoque-par-poutine-pour-justifier-son-offensive-20220224

[8] https://tass.com/politics/1408077

[9] https://fr.wikipedia.org/wiki/Piège_de_Thucydide

[10] https://lemediaen442.fr/poutine-denonce-leurope-colonialiste-davoir-vole-les-cereales-des-pays-pauvres-seulement-deux-navires-sur-87-ont-ete-envoyes/

[11] https://www.moonofalabama.org/2022/08/europes-economic-and-social-suicide-provoked-by-the-us-and-helped-along-by-europes-leaders.html

[12] https://english.almayadeen.net/articles/analysis/approaching-the-geo-strategic-countdown

[13] https://twitter.com/aaronjmate/status/1506373364646137859

[14] https://lvsl.fr/ukraine-les-etats-unis-comptent-faire-la-guerre-jusquau-dernier-ukrainien/

[15] https://rusreinfo.ru/fr/2022/04/annexion-polonaise-de-louest-de-lukraine-gaz-russe-etc/

PARTAGER