Par Djeha
Le Maroc vient de connaître une nuit abominable. Un peu comme celles que les Méditerranéens ont connue, en Turquie, en Iran, en Syrie… et bien sûr chez nous à Chlef (octobre 1980), à Constantine (octobre 1985) ou à Boumerdès (mai 2003). Trois remarques rapides :
1.- La mesure de la magnitude (énergie libérée au foyer, à la verticale de la rupture) cache l’intensité (l’importance des dégâts et les dommages produits par un séisme. A magnitude identique, l’intensité est très différente selon le cas.
2.- Tous les spécialistes de la question le savent : les catastrophes accroissent les inégalités (sociales, politiques, économiques…) entre les hommes. Ce sont toujours les plus faibles qui subissent et en souffrent le plus.
3.- Les catastrophes fabriquent des catastrophes un peu comme les sur-accidents : ce ne sont pas les séismes qui sont les plus graves et les plus mortifères. Leurs suites font encore plus de victimes que les séismes eux-mêmes.
– Réseaux de communication hors d’usage
– Secours inadaptés ou impossible à organiser et à apporter à ceux qui en ont le plus besoin.
– Santé publique, médecine d’urgence, hygiène, accès à l’eau potable, logements… Les déficits dans ces domaines aggravent la catastrophe surtout pour ceux qui vivent en régime de catastrophes permanentes : maladies chroniques, personnes âgées, habitats spontanées…
Des messages de solidarité sont venus de partout dans le monde, en particulier des pays réunis à New Delhi dans le cadre du G20 (qui représentent plus de 80% de la richesse mondiale).
Des messages oui, mais souvent rien que des messages… et de vagues promesses…
La France médiatique a complètement chamboulé ses éditions radiophoniques et télévisuelles. Tant pis pour les éditions papiers du week-end pris par surprise…
Ce tamtam s’explique facilement par la catastrophe. Mais celle-ci n’explique pas tout.
Le tourisme occupe une grande place dans les revenus extérieurs du Maroc.
Le problème est qu’il profite surtout aux opérateurs étrangers, français notamment, qui dominent un marché déterminé par les entreprises qui fournissent la clientèle étrangère, en l’occurrence européenne. Un tourisme de masse du « tout-compris » payé au départ, c’est-à-dire en Europe. Avec quelques chutes de tables pour les locaux.
C’est pareil ailleurs en Méditerranée (Tunisie, Grèce, Turquie, Espagne…). Ce sont les machines allemandes (TIU et Cie) (1er pays touristique de départ du monde) qui tirent les ficelles. De plus, les Allemands ont, plus que les autres touristes recours aux agences pour l’organisation de leurs voyages.
Tout cela explique pour une large part l’intérêt des médias français et européens pour le séisme qui vient d’endeuiller le Maroc. De nombreux professionnels du tourisme au Maroc ont été interviewés : destructions d’hôtels ? Touristes victimes de la catastrophe ?…
De plus, on ne compte pas le nombre de Français (vieux et jeunes retraités plus ou moins fortunés) installés au Maroc où ils profitent d’une vie de nababs.
Ne pas oublier enfin les investissements occidentaux au Maroc où les industries européennes jouissent de nombreux avantages sociaux, fiscaux… et la place de la monarchie dans la défense des intérêts occidentaux et sionistes au Maghreb et en Afrique.
Il ya enfin un aspect de ce drame qui invite à la réflexion.
Ordinairement, depuis près de deux ans, toutes les chaînes d’information en particulier des chaînes d’information continue, sont devenues des machines de propagande pour la défense de l’Ukraine.
Or, aujourd’hui, l’Ukraine a disparu. Il n’y a de place que pour la tragédie marocaine.
C’est ainsi. Ces machines à décerveler sont unidimensionnelles, monothématiques, unanimement et démocratiquement totalitaires.
On peut interpréter cela de deux manières possibles :
1.- La catastrophe marocaine entraîne une catastrophe à Kiev où, pas un jour ne passe sans que le clown du coin n’intervienne sur scène pour délivrer urbi et orbi son message quotidien.
L’Ukraine vit de son audience et de son spectacle. Qu’on lui enlève ses caméras et ses microns et son comédien professionnel meure sur ses tréteaux.
On peut alors considérer la catastrophe au Maroc comme salutaire pour l’Ukraine et son équipe dirigeante. Ce serait alors une bonne occasion pour réinitialiser le « récit » et donner aux équipes d’« experts » et de « journalistes » européens, français en l’occurrence, de rectifier le discours et de trouver de nouveaux tours de passe-passe pour faire avaler la pilule aux Français.
Cela donnera même l’occasion à Macron (sifflé et copieusement hué au stade de France) de faire sortir ses troufions du Niger en catimini en espérant ne pas y perdre la face…
La popularité, et la confiance c’est comme le dentifrice : on ne peut l’y remettre après en être sorti…
Une pensée émue pour nos compatriotes marocains et même pour leur monarque de pacotilles s’ils en décident ainsi. A quel titre pourrions-nous en délibérer à leur place, quels que soient nos différends avec lui ?