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Désinformation. Londres et le quotidien Le Monde, la main dans la main. 

Par Djeha

« La Russie a faussement laissé entendre qu’un missile de défense aérienne ukrainien était responsable » du bombardement de l’immeuble à Dnipro, estiment les services de renseignement britanniques

Le ministère de la défense britannique examine, mardi dans son point de situation, la reprise des bombardements de missiles de longue portée de la Russie contre les infrastructures ukrainiennes. Le ministère explique :

« La Russie a principalement ciblé le réseau électrique ukrainien. Un gros missile antinavire AS-4 « Kitchen » [ou missile Kh-22 ; AS-4 « Kitchen », étant la désignation de l’OTAN]lancé à partir d’un bombardier moyen Tu-22M3 « Backfire », a très probablement frappé un immeuble dans la ville de Dnipro, entraînant la mort d’au moins 40 personnes. La Russie a faussement laissé entendre qu’un missile de défense aérienne ukrainien était responsable. L’imprécision du « Kitchen » au sol est largement connue, son radar n’étant pas capable de différencier les cibles en milieu urbain. Les missiles de type « Kitchen » ne convenant pas aux frappes de précision, la guerre d’Ukraine laisse penser que le dysfonctionnement de la capacité de frappe à longue portée de la Russie est plus profond[La Russie] a très probablement du mal à identifier dynamiquement les cibles et à accéder à une évaluation rapide et précise des dommages de guerre. » (Le Monde, mardi 17 janvier 2023, 10:20)

Le Monde sait très bien que ce ne sont pas les Russes qui ont émis cette hypothèse. Hier, à la suite d’une question posée par un lecteur, Le Monde a très exactement circonscrit l’origine de l’information qui accuse la défense aérienne ukrainienne et a même convenu à la fois des critiques interne à Kiev et de la disparition des messages qui les rapportent.

Et là, Le Monde reprend l’intox britannique en douce, sans dire un seul mot. Sait-t-il que ne rien dire d’une intox en la publiant c’est aussi intoxiquer et désinformer ?

Question. Il semble qu’Oleksiy Arestovych, conseiller du président ukrainien, expliquait que c’est la défense anti-aérienne ukrainienne, qui en voulant abattre un missile russe, soit à l’origine de la destruction de ce bâtiment résidentiel. Le message a depuis été supprimé.

Le Monde, L. 16 janvier 2023

Réponse du Monde. Dans le message dont vous parlez, effectivement supprimé depuis, Oleksiy Arestovych, un conseiller du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, expliquait que, fatigué, il avait émis l’hypothèse (et non affirmé), dans une vidéo en direct sur YouTube, que la défense antiaérienne ukrainienne pouvait avoir fonctionné.

Le 15 janvier en milieu de journée, M. Arestovych a publié un autre message sur Telegram : « J’ai réécouté mon intervention. Même en étant fatigué, j’y émets clairement des réserves et dis que mon hypothèse sur le missile de défense aérienne n’est qu’une version, qui doit encore être vérifiée. Par contre, poursuit-il, les « camarades » et leurs copains de Moscou ont joyeusement répandu [le fait qu’il avait été catégorique] à propos du missile de la défense antiaérienne. »

Or, Kiev voudrait exploiter ce drame pour peser sur ses alliés, en particulier l’Allemagne qui traîne les pieds à répondre et où la coalition qui gouverne à Berlin menace d’éclater.

Les écologistes contestent la réouverture d’une mine de charbon près de Lützerath pendant que le parti Vert de Annalena Baerbock défend l’achat de gaz de schiste américain (bien plus toxique, 4 fois plus cher que le gaz russe et la construction de terminaux pour l’accueillir) et soutien le don d’armes à l’Ukraine, dont les chars Léopard 2. Et pendant ce temps-là la ministre de la défense démissionne pour des raisons à se rouler de rire par terre.

On marche sur la tête en Allemagne.

Le président ukrainien a de nouveau invité lundi 16 janvier les alliés de l’Ukraine à lui fournir davantage d’armes lourdes, après le bombardement qui a fait quarante morts à Dnipro.

« Ce qui s’est passé à Dnipro, le fait que la Russie prépare une nouvelle tentative pour reprendre l’initiative militaire, le fait que la nature des hostilités sur le front nécessite de nouvelles décisions dans l’approvisionnement de la défense, tout cela ne fait que souligner l’importance de la coordination de nos efforts, efforts de tous les membres de la coalition pour défendre l’Ukraine et la liberté, et pour accélérer la prise de décision », écrit sur Telegram Volodymyr Zelensky, qui se félicite de l’annonce de l’envoi de nouvelles armes britanniques.

« A partir de demain, cette semaine sera encore plus active pour nous sur le plan diplomatique. Le Forum de Davos commencera ses travaux – l’Ukraine sera entendue sur cette plate-forme d’importance mondiale. En fin de semaine, une réunion [des alliés de l’Ukraine] aura lieu à Ramstein [en Allemagne]. Nous attendons des décisions fondamentales de la coalition formée par nos partenaires », ajoute-t-il. (Le Monde, 16 janvier 2023)

Cela ruinerait les projets de Kiev si d’aventure on doutait que les Russes n’y soient pour rien (ou si peu), un peu comme la tentative d’exploiter le missile ukrainien tombé en Pologne (le 15 novembre dernier) par l’agité du bocal de Kiev qui saute sur la moindre occasion pour hurler ses demandes incessantes de nouvelles armes occidentales, en intoxiquant avec la collaboration des médias occidentaux, les opinions publiques européennes qui n’ont aucune autre possibilité de s’informer « librement » et « démocratiquement ».

Les journalistes du Monde ont le droit de ne pas aimer la Russie de V. Poutine.

Mais le « quotidien du soir » ne trahit-il pas sa vocation, l’éthique de son métier et ses lecteurs à les abreuver de fadaises (sous prétexte de « défense de la démocratie et du monde libre » alors que ce n’est pas son rôle) comme le ferait un torchon doctrinalement partisan?

Djeha, mardi 17 janvier 2023.

PS : Les destinataires des billets  de Djeha se tromperaient à croire qu’il défend le Kremlin et sa politique. Il s’attache à dénoncer cette guerre médiatique inégale et les contradictions qui la minent. Il se souvient du sort qui fut le nôtre, nous Algériens, servi par ces mêmes machineries dans notre histoire. Nous ne sommes pas partisans, nous sommes non-alignés, mais nous ne sommes pas aveugles et nous savons compter et distinguer ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous.

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