Le Plan d’action du Gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République, qui sera bientôt soumis au Parlement après son adoption par le dernier Conseil des ministres, prévoit une série de mesures visant la concrétisation d’une relance et d’un renouveau économiques, dans le cadre d’une approche basée sur l’encouragement de l’investissement productif et la diversification des ressources financières du pays.
Pour ce faire, le Plan d’action, dont l’APS détient une copie, envisage la consolidation des leviers de la relance économique à travers la modernisation du système bancaire et financier, la réforme du Secteur Public Marchand (SPM) et de la gouvernance des entreprises publiques et l’amélioration de l’attractivité du climat d’investissement.
Il ambitionne, dans le même cadre, la promotion du cadre de développement de l’entreprise et de l’entreprenariat, le renforcement de l’intégration du secteur informel dans le circuit légal, le développement du foncier économique et l’optimisation de son exploitation, le renforcement de l’économie de la connaissance, de la R&D et de l’innovation et l’accélération de la transition numérique et le développement des start-up.
Pour réussir le renouveau économique, le plan d’action du Gouvernement dirigé par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, prévoit de développer les secteurs porteurs de développement et de croissance économiques en commençant par le développement stratégique du secteur énergétique et du secteur minier, travailler pour une transition énergétique réussie et une meilleure sécurité énergétique, promouvoir les énergies renouvelables et nouvelles, adopter une politique performante d’efficacité énergétique, promouvoir l’utilisation de l’hydrogène, notamment « vert » et opter pour le mix énergétique optimal.
Dans le même sillage, le plan d’action englobe le développement des filières industrielles porteuses, notamment les secteurs agricoles et de la pêche, pour une meilleure sécurité alimentaire, l’industrie pharmaceutique, pour une meilleure sécurité sanitaire et le secteur du tourisme et l’économie de la culture.
Il table également sur une politique commerciale en faveur des exportations hors hydrocarbures, à travers la valorisation de la production nationale et la rationalisation des importations, le renforcement des capacités d’exportation, la promotion des exportations et la facilitation de l’acte d’exporter, l’actualisation et le développement des accords commerciaux de libre échange, l’assainissement de la sphère commerciale et la modernisation et le renforcement de l’outil de contrôle.
L’autre axe de la relance économique inscrit au Plan d’action est la promotion de l’emploi et la lutte contre le chômage par une approche économique, à travers le soutien au développement des Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME), le développement des compétences et l’adéquation formation-emploi et la promotion de l’emploi et le soutien à la création d’activités.
Le dernier axe relatif à la relance économique, celui du développement des infrastructures d’appui, prévoit, quant à lui, le développement des infrastructures d’appui aux TIC, le développement des infrastructures logistiques, du secteur des ressources en eau, pour une meilleure sécurité hydrique, ainsi que des Partenariats Public Privé.
Ce que prévoit le Gouvernement pour moderniser le système bancaire et financier
Le Gouvernement envisage, à travers son Plan d’action, qui sera bientôt soumis au Parlement pour débat, de mettre en œuvre une batterie de réformes pour moderniser le système bancaire et financier et accroitre son attractivité et son efficacité afin d’améliorer sa participation dans la relance économique.
Selon le Plan d’action, dont l’APS détient une copie, l’objectif de ces réformes est de « disposer d’un secteur bancaire et financier performant, moderne et accessible, de sorte à améliorer son attractivité et accroitre sa contribution au développement de l’économie nationale ».
Il s’agit, d’abord, d’en professionnaliser les différents acteurs et d’améliorer sa gouvernance, à travers la densification du réseau bancaire et des assurances pour un accès aux mêmes prestations sur tout le territoire national, le déploiement des banques algériennes à l’étranger, la digitalisation et l’internationalisation du système bancaire algérien, lesquels permettront de réduire les délais de paiement et d’assurer le relai à l’étranger pour la promotion de l’image de l’Algérie à l’étranger.
Il s’agit aussi d’améliorer l’inclusion financière à travers une plus grande implication du réseau postal dans la fourniture de services financiers, créer une banque postale, accélérer le processus de modernisation des systèmes de paiement (cadre réglementaire et infrastructures des systèmes de paiement, notamment le e-paiement) et poursuivre la révision de la politique de change, pour mieux répondre aux besoins des exportateurs et être au diapason du processus inévitable d’ouverture de l’économie nationale.
La réforme envisagée doit, selon le Plan d’action, être un « stimulus » pour un meilleur accompagnement des investisseurs dans leurs quêtes de parts de marchés à l’export , en passant par la restructuration des bilans des banques et la restauration de leur solvabilité , la réactivation du rôle du taux d’intérêt, comme instrument indirect de la politique monétaire et la captation de la masse monétaire circulant dans le secteur informel, par la restauration de la confiance du citoyen en ses institutions financières et bancaires.
Elle englobe, en outre, le développement du cadre réglementaire et institutionnel pour la mise en œuvre de la finance islamique, comme celles de sukuk et takafoul, laquelle peut constituer, selon le document du Gouvernement, une « alternative très attrayante » pour capter une partie considérable des épargnes hors des secteurs bancaire et financier conventionnels.
L’amélioration de l’offre des titres sur le marché financier, laquelle doit nécessairement passer par la réforme du marché financier, la redynamisation de la bourse, notamment par le développement de produits adaptés à la situation économique actuelle et l’implication du secteur économique public dans son processus d’amorçage, la modernisation des infrastructures et du mode de fonctionnement du marché secondaire, par l’implémentation de nouveaux systèmes d’information des institutions du marché financier ainsi que la lutte contre le marché informel de la devise sont d’autres actions inscrites au même chapitre.
La réforme financière escomptée doit également passer par la mise à niveau du cadre de supervision de la Banque d’Algérie, aux normes et standards internationaux, le renforcement du cadre de résolution bancaire et de gestion des crises, y compris le fonds de garanties des dépôts bancaires, la mise en place d’un cadre réglementaire applicable aux sûretés mobilières, le renforcement qualitatif du système d’information de la centrale des risques, pour une meilleure identification de la clientèle, et la mise en place d’un cadre réglementaire et de supervision de la micro-finance et du capital-risque.
Le Gouvernement prévoit, dans la même perspective, l’introduction en bourse de deux banques publiques, dans le cadre des réformes structurelles du marché financier, afin d’accroitre la contribution de la bourse dans la mobilisation de l’épargne et le financement de l’économie.
Aussi, la bourse fera l’objet d’une réorganisation dans le sens du renforcement de la gouvernance des sociétés de marché et de la modernisation des systèmes de négociation et de supervision du marché boursier.
La révision de l’ordonnance n 95-07 du 25 janvier 1995, relative aux assurances est également prévue par le Gouvernement qui envisage, d’autre part, la création d’une banque d’habitat par la transformation de la Caisse Nationale du Logement (CNL) en institution financière dédiée à l’habitat.
Diplomatie économique et rapprochement avec l’Afrique parmi les priorités
La contribution à la sécurité et la stabilité régionales, le renforcement des liens avec l’Afrique et le Monde Arabe, le redéploiement de la diplomatie économique au service du développement de l’Algérie figurent parmi les priorités du Plan d’action du Gouvernement pour la mise œuvre du Programme du président de la République, dont l’APS détient une copie.
« L’action diplomatique de notre pays, au cours des prochaines années, sera orientée vers la défense des intérêts de la Nation, la contribution à la sécurité et la stabilité régionales, le renforcement des liens avec l’Afrique et le Monde Arabe, le développement du partenariat et de la paix dans le monde et le redéploiement de la diplomatie économique au service de notre développement », indique le texte du Plan d’action.
« L’Algérie, de par son histoire, son poids et son emplacement géographique central entre l’Afrique, le Monde Arabe et la Méditerranée sera engagée plus que jamais dans la promotion d’initiatives, de dynamiques de réconciliation et d’efforts en vue de contribuer à la solution aux crises et conflits dans la région à l’instar du conflit du Sahara occidental, de la crise libyenne ou à l’instabilité dans la région sahélo-saharienne ainsi qu’à travers le continent africain, le Moyen-Orient et le bassin de la Méditerranée occidentale », annonce le plan d’action gouvernemental.
« Le conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario doit trouver sa solution dans le cadre du processus de décolonisation et de l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations unies », précise le texte. « En leur qualité d’Etats membres de l’Union Africaine, le Royaume du Maroc et La République Arabe Sahraouie Démocratique ont l’obligation de contribuer à la stabilité régionale en respectant scrupuleusement les valeurs, buts et principes de l’Acte constitutif de l’Union Africaine », rappelle-t-il
« En Libye, l’Algérie s’emploiera à conforter la dynamique de réconciliation du peuple libyen et l’organisation des élections, loin de toute interférence et ingérence étrangères. Au sahel, l’Algérie redoublera d’efforts pour aider à la stabilité et la sécurité de cette région, à laquelle elle appartient et dont les pays sont liés à elle par des liens historiques, politiques et humains, forts et multiples ainsi que par une communauté de destin face à des défis existentiels », explique le plan d’action.
« Les dimensions arabe et africaine seront pleinement assumées dans le cadre de la redynamisation de l’action diplomatique algérienne en vue de consolider les liens de fraternité et d’amitié avec les pays de ces régions qui font partie de la profondeur stratégique et de l’enracinement civilisationnel de notre pays », précise-t-on. « Au sein du Monde Arabe, l’Algérie œuvrera, au cours des prochains mois, à la refondation de l’action arabe commune grâce à la réunion des conditions optimales pour la tenue et le succès du prochain Sommet Arabe », ajoute-t-il.
Le Sommet Arabe, « outre la consolidation des valeurs communes, devrait consacrer le caractère central de la cause palestinienne et la mise à jour de l’Initiative arabe de paix de 2002 qui demeure une chance pour l’ensemble des pays de la région de vivre ensemble dans une paix globale assurant l’établissement de l’État national palestinien avec El-Qods pour capitale ».
« En Afrique, il s’agira de renouer avec les traditionnelles relations de solidarité qui ont souffert des préoccupations internes des États et de la pandémie du COVID-19 au cours des dernières années. Il s’agira de travailler avec nos partenaires africains à consolider la stabilité, la sécurité et la paix, à multiplier les médiations et bons offices pour résoudre les problèmes sans interférences extra-africaines et unir nos efforts pour assurer notre développement économique, social et humain », informe le plan d’action.
Le soutien aux organisations continentales fait également partie des actions prévues par le Gouvernement algérien. Il évoque, à ce propos, la volonté de l’Algérie d’aider à la mise en œuvre de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine) et de développer les projets d’infrastructure intra-africains à l’image de la Transsaharienne, le gazoduc Algérie-Nigéria et la fibre optique.
Par ailleurs, les relations avec l’Afrique et le Monde Arabe se développeront sans préjudice de la reprise et du raffermissement de nos relations avec les pays d’Asie, d’Amérique Latine et les Caraïbes ou l’Algérie multipliera les contacts à tous les niveaux et élargira la coopération avec les pays amis dans ces régions, souligne le document.
« Sur la scène internationale, l’Algérie mènera une action proactive et multiforme, afin de permettre à notre pays de se consolider en acteur créatif apportant sa contribution, comme par le passé, aux règlements des crises et tensions internationales et exerçant une influence sur le cours d’évènements marquants dans l’histoire de la communauté internationale et dans la vie de l’humanité », ajoute la même source.
« Les missions diplomatiques et consulaires amplifieront les initiatives à l’effet de travailler à la réduction de la dépendance aux exportations d’hydrocarbures en attirant les IDE et en aidant à l’augmentation d’exportations de produits et services algériens, notamment en direction de l’Europe dans le cadre du potentiel de l’Accord d’Association avec l’Union Européenne ainsi qu’en Afrique et dans le Monde Arabe », prévoit le plan d’action.
D’autre part, le Gouvernement a décidé de restructurer le réseau des chargés des affaires économiques et commerciales dans les missions algériennes à l’étranger. Des cycles de formations seront assurés à ces cadres afin de les initier aux nouvelles réalités économiques.
Par ailleurs, « une conférence nationale sur la diplomatie économique, qui regroupera tous les intervenants, sera organisée au cours du dernier trimestre 2021, pour apporter des solutions aux questions en suspens en matière d’IDE et de promotion des exportations sur les marchés extérieurs notamment en Afrique et les pays du voisinage », informe le gouvernement.
Enfin, la généralisation des nouvelles technologies de l’information et la gestion des ressources humaines fait partie des chantiers que le gouvernement compte lancer pour, entre autres objectifs, renforcer la place des jeunes, des femmes et des compétences nationales dans l’encadrement de l’appareil diplomatique.