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TRIBUNE

L’or bleu, une ressource fragile, mal protégée en Algérie

Si vous pensez que la politique internationale semble trop compliquée, voici une règle simple à suivre…regardez sur les cartes où se trouve le pétrole, le gaz naturel, les routes stratégiques pour acheminer ces hydrocarbures sans oublier les ressources minérales, et aussi, les grands fleuves et les grandes nappes aquifères (nappe albienne algérienne s’étendant sur 650.000 km²), réserves d’eau les plus importantes du monde. Et vous saurez où les Etats-Unis et les pays de l’OTAN cherchent à installer des bases militaires et fabriquent des faux prétextes pour justifier leurs recours aux déstabilisations et agressions dans le monde.

Par Mohamed Belhoucine*

Abstract

Si vous pensez que la politique internationale semble trop compliquée, voici une règle simple à suivre…regardez sur les cartes où se trouve le pétrole, le gaz naturel, les routes stratégiques pour acheminer ces hydrocarbures sans oublier les ressources minérales, et aussi, les grands fleuves et les grandes nappes aquifères (nappe albienne algérienne s’étendant sur 650.000 km²), réserves d’eau les plus importantes du monde. Et vous saurez où les Etats-Unis et les pays de l’OTAN cherchent à installer des bases militaires et fabriquent des faux prétextes pour justifier leurs recours aux déstabilisations et agressions dans le monde.

Le vol de l’eau publique en Algérie se généralise, la biopiraterie un terrain de profit convoité par les multinationales et les oligarques compradores locaux. 

L’or bleu est un terrain de profit convoité par les multinationales et l’oligarchie compradore algérienne. Que ce soit pour l’accès aux ressources en eau pour la mise d’eau en bouteille, l’exploitation des réserves d’eaux souterraines ou pour la distribution aux consommateurs. L’Etat avait toujours assuré ce service sans aucun problème, tout d’un coup, des sociétés ou des oligarques locaux à la recherche de placements profitables ont réussi à imposer la logique capitaliste : seul le privé serait capable de s’en occuper. 

Beaucoup d’Etats compradores de par le monde, complaisants ou corrompus ont aidé les multinationales ou les oligarchies locales à s’emparer en un temps record de ce nouveau marché (voir le foisonnement et la progression fulgurante de la mainmise par l’oligarchie pour la mise en bouteille des eaux de sources). 

La multiplication de l’appropriation des eaux de sources en Algérie par les oligarchies nationales et locales et les multinationales (Nestlé à Mouzaî), relève manifestement de la biopiraterie. L’ascension ces dernières années des grands secteurs de l’eau au niveau international a été brutale et explosive, on notera l’Allemand RWE Thames Water, l’américain Bechtel, les français Suez, Veolia et Saur. Ces sociétés comptent déjà parmi les cent sociétés les plus riches du monde. Mais ce sont les sociétés françaises Suez et Veolia qui contrôlent plus de 70% du marché de l’eau dans le monde. 

Le truc est simple. Votre pays a besoin d’un prêt ou d’un allègement de sa dette ? On vous l’accorde, mais à condition que vous privatisez votre eau.

Ces invasions des multinationales dans le tiers monde ont été favorisées par le soutien du FMI et de la Banque Mondiale. Le truc est simple. Votre pays a besoin d’un prêt ou d’un allègement de sa dette ? On vous l’accorde, mais à condition que vous privatiser votre eau ! Durant la seule année 2000, le FMI et la BM ont imposé la privatisation à douze pays pauvres et endettés : Angola, Bénin, Guinée-Bissau, Honduras, Nicaragua, Nigeria, Panama, Rwanda, San Tome et Principe, Sénégal, Tanzanie, Yémen…parfois les crédits sont débudgétisés (fraudes financières) en Afrique francophone par des écritures comptables pour servir à Suez et Veolia de privatiser l’eau de certains pays.

L’eau patrimoine collectif de l’humanité indispensable à la vie peut-il être privatisé ? Qui doit le gérer ? les multinationales ou les intérêts collectifs ?

Il est urgent pour l’Etat algérien d’instaurer une gestion de l’eau qui soit globale, rationnelle, durable et juste. 

L’expérience démontre que la privatisation n’améliore pas la qualité de service : augmentation des tarifs, baisse de qualité, coupures imposées aux clients pauvres, contrats secrets, pots-de-vin, corruption… Veolia au Mexique n’a apporté aucune amélioration à la distribution d’eau potable aux consommateurs, les canalisations accompagnées d’importantes fuites d’eau ne sont pas entretenues ou changées, a augmenté les tarifs de 60%, provoquant de nombreux défauts de payements, et de nombreuses coupures. Le cas le plus illustratif est la Bolivie. La Banque Mondiale menace de bloquer ses ‘’aides’’ si l’eau n’est pas privatisée. A ce titre, la compagnie américaine Bechtel reçoit une concession pour 40 ans, immédiatement via sa filiale Aguas del Tunari, augmente ses tarifs de 400%, bien au-delà de ce que les gens ne peuvent payer ! Bechtel s’est fixé comme objectif de gagner 58 millions de dollars par an, et cela dans le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud !

Le vol de l’eau en Algérie. Un sujet tabou.

Des milliers de personnes en Algérie volent des dizaines de millions de M3 d’eau par le biais de puits et forages clandestins disséminés à travers le territoire national avec la complaisance voire la complicité des autorités locales.

Ce ne sont pas des faits divers isolés, ces captages illégaux sont emblématiques d’une situation préoccupante qui ne concerne pas uniquement l’Algérie.

Ces vols d’eau, un bien commun de tous les algériens, ont lieu aux détriments de nos communes et des zones agricoles dédiées à notre sécuritaire alimentaire. (Dernièrement ces captations anarchiques ajoutées à la mauvaise gestion de l’eau sont à l’origine du grave stress hydrique qu’a vécu notre population à Tiaret. Véritable signal d’alerte).

Le constat est indiscutable, les ressources hydriques, s’amenuisent à un rythme inquiétant à la vitesse du Boum démographique en Algérie conjugué au vol clandestin du précieux liquide. 

La région de Sidi Ahmed à Saida, objet d’importants investissements agricoles par l’oligarchie , a vu le niveau de la nappe phréatique descendre à un niveau inquiétant.

*Docteur en sciences physiques. DEA en économie

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