Les médias de la Mainstream observent un black out médiatique sur la situation de l’île de Mayotte, ravagée ces derniers mois par deux catastrophes naturelles livrée à son sort et abandonnée par les autorités françaises de la Métropole, sachant que le peuple Mahornais a souvent revendiqué le droit à l’accès à l’autodétermination. Algérie 54 est allée interroger les responsables de l’association Urgence Mayotte URMA.
Une association créée le 18 avril 2025, dans le cadre des échanges sur le projet de loi programme pour Mayotte, actuellement en cours de discussion à l’assemblée nationale française. Les membres d’URMA sont partis du constat que ce Projet de loi, en plus de ne pas répondre ni aux urgences post-cyclone ni aux besoins en infrastructures de développement, contient des dispositions DANGEREUSES, notamment l’article 19 qui tend à faciliter l’expropriation des Mahorais mais également le gel des minimas sociaux sur les 5 ans à venir sans possibilité pour les syndicats de réclamer leur revalorisation, car alors tout serait FIGÉ par la Loi.
A cela s’ajoute selon l’URMA, le fait que le gouvernement n’a pas tenu sa promesse faite en février 2024 lors du mouvement de grève, sur l’abrogation du Titre de Séjour territorialisé qui bloque les détenteurs d’un titre de séjour français uniquement sur Mayotte.
L’URMA a constaté à la fois le silence des élus Mahorais et la volonté du Gouvernement français de ne faire entendre en Métropole que son propre point de vue. L’URMA a été créée selon ses fondateurs, pour faire entendre la voix de la population.
Ben AHAMADA, trésorier de l’association URMA, Conseiller Municipal de la Commune de Bandraboua, Mayottea été chargé de répondre à nos questions.
Algérie 54: L’Assemblée nationale française a adopté la proposition de loi visant à renforcer les conditions d’accès à la nationalité française à Mayotte, qu’en pensent les mahorais?
URMA: Les Mahorais ne sont pas réellement attachés à l’accès ou non des étrangers à la nationalité française, ce qui les intéresse c’est l’impact que ce renforcement va avoir sur le flux migratoire. M. Gosselin et de façon générale la droite et la majorité Présidentielle ont tendance à croire ou à faire croire que c’est l’accès à la nationalité française qui constitue la première motivation de l’immigration, or ils savent très bien que non, la première cause c’est tout simplement l’espoir d’une vie meilleure et une meilleure chance d’éducation et de santé de leurs enfants. Par conséquent, si on raisonne comme M. Gosselin Alors la solution sera toujours là contrainte envers les immigrés, soit sur le droit du sol soit sur les reconduites à la frontière.
L’analyse de l’association URMA est différente, elle s’oriente vers la cause principale de l’immigration, à savoir la précarité et le niveau de vie des Îles Comores, causés par un Président aux allures de Dictateur qui délaisse sa population. Or le Président Macron fut l’un des premiers à avoir félicité Azali suite à sa soi-disant victoire aux élections Présidentielles de janvier 2024, alors même que des soupçons de fraude électorale sont crédibles au vu des multiples vidéos diffusées.
Nous URMA disons donc que la France est indirectement responsable de la venue des immigrés Comoriens à Mayotte. Il faut donc commencer par balayer du côté des relations entre les deux Etats.
Par ailleurs c’est la deuxième fois qu’on opère une restriction de l’accès au droit du sol et on ne voit pas les effets.
Algérie 54: Le peuple de Mayotte a souvent revendiqué le droit à l’autodétermination. Cette revendication est-elle toujours d’actualité?
URMA : Les MAHORAIS ont revendiqué l’autodétermination dans le cadre du processus d’indépendance mis en œuvre dans les années 70, un processus qui tendait à les considérer comme faisant partie d’un peuple Comorien unique. Or l’histoire nous apprend que malgré les liens de parenté qui unissent les populations des 4 îles et qui unissaient également les anciens SULTANS, chaque île était bel et bien indépendante vis à vis des autres. Partant de ce constat il n’était et ne sera pas acceptable pour les Mahorais que les Comores puissent prétendre avoir un droit quelconque sur la Terre Mayotte, quand bien même la résolution 3385 du 12 novembre 1975 de l’ONU semble le prétendre.
Vis à vis de la France, les MAHORAIS ont jusqu’à présent revendiqué leur appartenance au titre du traité du 25 avril 1841. Pour l’instant, la majorité des Mahorais revendiquent cette appartenance et demandent un traitement égalitaire par rapport aux autres départements, cela fait partie du combat de l’association URMA, soit l’application du droit commun et non des exceptions qui nous désavantagent.
Algérie54: Le peuple de Mayotte n’a pas caché sa colère, après le passage du cyclone Chido, et l’incapacité de Paris à prendre en charge les préoccupations des habitants de l’île, très affectés par l’impact de la catastrophe. Plusieurs mois après,quelle évaluation faites vous de la situation?
URMA : La population se relève petit à petit du traumatisme des deux phénomènes météorologiques, les stigmates sont encore visibles sur la nature et notamment sur l’ensemble des cocotiers qui ne reprendront probablement plus vie. Quant à la population, certains ont encore la toiture de leur maison inexistante et leur maison béante. Cette perte de toiture et parfois de maison entière constituait pour les Mahorais la véritable urgence, or il semble que le gouvernement voit d’autres urgences. Par conséquent le ressenti des Mahorais est négatif au regard des prétendus efforts du gouvernement, puisque ceux qui ont besoin d’être accompagnés ne le sont pas, et on nous pond des projets de loi qui ne correspondent pas réellement à nos besoins.
Ce deuxième projet de loi nous fait les mêmes PROMESSES que l’ensemble des TEXTES écrits pour Mayotte depuis plus de 10ans, avec une seule réelle nouveauté : Un projet d’expropriation des Mahorais, inscrit à l’article 19 de ce projet de loi, et qui constitue le cheval de bataille de l’association URMA, qui demande sa SUPPRESSION.
Algérie54: Des informations circulent aujourd’hui sur le désir du président US Donald Trump d’acheter l’île, dans le cadre de son intérêt de rajouter ce territoire à ceux du Groenland, Panama et Canada. Qu’en pensez vous?
URMA : URMA n’a pas connaissance de ce projet du Président TRUMP. Toutefois la mentalité des Mahorais est claire concernant ce genre de chose, les Mahorais considèrent que MAYOTTE n’est pas à vendre et n’a pas de prix. Seuls les Mahorais sont habilités à décider, en toute connaissance de cause, avec qui ils souhaitent être. Ce Projet de TRUMP risque fort d’être répondu par une fin de non recevoir, et n’est pas envisageable actuellement.
Entretien réalisé par M.Mehdi