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December 8, 2025

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L’Agression contre l’Iran : Perfidie et Chantage Stratégiques

Alors que Téhéran avait été rassurée sur la tenue du sixième cycle des négociations irano-américaines prévu pour le 15 juin 2025 à Oman, l’entité sioniste a lancé, dans la nuit du 12 au 13 juin, une attaque surprise contre plusieurs personnalités et sites stratégiques iraniens. Cette guerre à distance, survenue en pleine phase diplomatique, a été perçue comme une tromperie d’autant plus que les Etats-Unis ont été informés de l’opération israélienne programmée. Ainsi, le processus de négociation, ayant entretenu l’illusion d’une désescalade, avait servi à désarmer psychologiquement et politiquement les autorités iraniennes.

Dr. SACI

Alors que Téhéran avait été rassurée sur la tenue du sixième cycle des négociations irano-américaines prévu pour le 15 juin 2025 à Oman, l’entité sioniste a lancé, dans la nuit du 12 au 13 juin, une attaque surprise contre plusieurs personnalités et sites stratégiques iraniens. Cette guerre à distance, survenue en pleine phase diplomatique, a été perçue comme une tromperie d’autant plus que les Etats-Unis ont été informés de l’opération israélienne programmée. Ainsi, le processus de négociation, ayant entretenu l’illusion d’une désescalade, avait servi à désarmer psychologiquement et politiquement les autorités iraniennes.

Cette manœuvre s’apparente à une stratégie de chantage : un dialogue de façade, destiné à faire pression sur Téhéran pour qu’il accepte des conditions dictées sous peine de représailles.

Ce type d’approche relève de ce que les articles 37, 65, 109, 110 et 111 du protocole additionnel I aux conventions de Genève 1949, qualifient de Perfidie, c’est-à-dire l’usage trompeur de la bonne foi supposée dans un contexte de guerre ou de négociation. Il s’agit d’un crime de guerre violant les règles élémentaires de confiance qui permettent, en période de paix ou de guerre, de maintenir un minimum de garanties pour les belligérants y compris les civils. 

En recourant aux négociations comme un écran diplomatique à une opération militaire, les Etats-Unis et l’entité sioniste ont compromis la crédibilité de la confiance des processus de négociations. Ainsi, cette séquence a non seulement aggravé les tensions régionales, mais elle a aussi sapé durablement les bases d’une résolution politique du différend nucléaire qui oppose l’Iran au monde occidental.

La négociation est devenue ainsi, un outil de couverture opérationnelle visant à préparer, légitimer ou dissimuler une action coercitive décidée en amont. L’instrumentalisation du dialogue, s’accompagnant souvent d’une mise en scène politique, est destinée à orienter l’opinion publique et à prétexter et justifier une action militaire. Il s’agit là d’un cas typique de violation de la foi négociatrice, voire une violation du jus cogens implicite, qui mine les principes de bonne foi et de confiance mutuelle censés régir les relations interétatiques. 

Ainsi, lorsqu’un chef d’État – le cas de Trump aux autorités iraniennes – émet un ultimatum assorti d’un délai de 15 jours, engage parallèlement des pourparlers, puis met en œuvre sa menace avant l’expiration du terme fixé, cette séquence relève d’une duplicité diplomatique caractérisée ou d’une théâtralisation des négociations à des fins de dissimulation stratégique, une attitude dans ce que la théorie des relations internationales qualifie de stratégie du fait accompli.  

Cette dynamique peut être interprétée comme une manifestation d’une post-vérité élargie la tromperie calculée l’emporte sur la réalité stratégique. Ce type de conduite, en fait une théâtralisation diplomatique, contribue à l’érosion du multilatéralisme et fragilise durablement le cadre normatif des relations internationales.

Ces feintes diplomatiques, telles qu’observées dans les bombardements des sites nucléaires iraniens, relèvent d’une stratégie de contrainte dissimulée visant à imposer au régime de Téhéran une ligne de conduite unilatéralement définie, à savoir l’arrêt de son programme nucléaire.

Après ce qui s’est passé, des enseignements majeurs se dégagent, tant sur le plan stratégique que sur celui des normes diplomatiques : 

  1. Il apparaît que de telles pratiques, loin de stabiliser la situation, alimentent au contraire les dynamiques d’hostilité, car elles transforment la diplomatie en instrument de duperie. Cette instrumentalisation compromet toute perspective de règlement négocié, en renforçant toujours chez l’adversaire la conviction qu’il ne s’agit que d’un prétexte à l’agression. 
  2. L’usage instrumental de la diplomatie fragilise durablement l’ordre international. Lorsqu’un Etat use des canaux diplomatiques pour masquer des intentions militaires, il affaiblit les fondements mêmes du droit international et des institutions multilatérales censées encadrer les relations internationales. Cela génère un précédent délicat, où les règles deviennent relatives et les médiateurs perdent leur crédibilité. A terme, cette logique érode les mécanismes de régulation des conflits, au profit de rapports de force violents.
  3. Le coût politique d’une telle stratégie dépasse largement les bénéfices militaires à court terme. Si l’attaque a pu surprendre Téhéran, elle a aussi provoqué un effet de repli stratégique : rejet du dialogue, durcissement des positions, et possible intensification des capacités de riposte asymétrique de la part de l’Iran. Le calcul tactique à court terme produit donc des effets contre-productifs à long terme, affaiblissant la sécurité collective.
  4. Enfin, cet épisode fragilise les acteurs tiers et médiateurs régionaux. Des pays comme Oman, engagés dans la facilitation du dialogue, se retrouvent exposés au soupçon de complicité ou d’impuissance, ce qui les décrédibilise dans d’autres tentatives de médiation. La perte de confiance dans les plateformes des négociations régionale ou internationale constitue un revers majeur pour toute perspective de stabilisation durable au Moyen-Orient.
  5. Cette histoire de tromperie et de discrédit nous a amené à ce qui se passe actuellement en Ukraine. Cela apparait au niveau du : 

–  Non-respect des garanties informelles des Etats-Unis contenues dans les mémorandums des rencontres entre les présidents russes Gorbatchev et Eltsine et leurs homologues américains respectifs Bush et Clinton et responsables étasuniens sur le non-élargissement de l’Otan en direction des pays satellites de l’ex-Urss et précisément vers la Géorgie et l’Ukraine.

– La non-application des dispositions de l’accord de Minsk II de 2015, sous le parrainage de la France et de l’Allemagne : Il s’est avéré plus tard, selon les déclarations des ukrainiens, de François Hollande et d’Angela Merkel, que les deux co-garants, français et allemand, visaient à travers l’accord à gagner du temps pour permettre à l’Ukraine de se renforcer militairement pour une action contre deux régions russophones : le Donbass et la Crimée.  

  1. En ce qui concerne l’Algérie, on doit tirer de l’expérience iranienne – où la diplomatie a été instrumentalisée pour désarmer, isoler ou diviser l’Iran sous couvert de dialogue – une leçon essentielle : ne jamais confondre le cadre d’un dialogue avec la sincérité des intentions qui l’animent. Ainsi, l’Algérie doit entrer dans toute négociation ou discussion non pas avec l’attente d’un arbitre impartial mais avec une stratégie claire de défense de ses lignes rouges, une capacité d’anticipation des manipulations narratives, et un dispositif de contre-mesures diplomatiques et médiatiques. Comme il faut également éviter tout relâchement militaire, politique ou symbolique sous prétexte d’apaisement tant que les intentions réelles des partenaires ne sont pas éclaircies. Dans toutes les négociations, les discussions doivent être abordées avec la conscience que la table de négociation peut être une extension du champ de bataille, où les mots masquent parfois les coups. 

Enfin, il est crucial d’intégrer dans toute démarche diplomatique une lecture historique de la relation asymétrique avec certains pays, afin d’éviter de reproduire les schémas sous couvert de compromis. Autrement dit, pour que la négociation ne soit pas un piège, elle doit être pensée comme une bataille d’endurance, où le calcul stratégique prime sur les illusions de réconciliation immédiate. Et c’est le cas avec des pays alimentant une animosité contre l’Algérie, comme la France, le Maroc, les pays de l’AES et particulièrement le Mali, un Etat défaillant, où des membres de la junte soudoyés sont manipulés.

Pour conclure, l’Iran, un pays soumis à un embargo depuis des années, a fait preuve d’une résilience exceptionnelle, malgré cette guerre par procuration et à distance

L’Iran n’a pas été vaincu, et l’entité sioniste n’est pas sorti vainqueur. Cette réalité souligne les limites de la force violente israélienne face à l’Iran, un adversaire enraciné dans une logique de résistance de long terme.

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