La politique, c’est l’amour de la patrie et rien de plus 🇩🇿

December 8, 2025

A la une, Mondactu, monde

ACTUALITES

Redouane Oussama, président du PNR: l’occupation marocaine du Rif est illégale

Dans une interview accordée au journal espagnol El Independiente Redouane Oussama, président du Parti national du Rif ,Redouane Oussama, croit fermement à l'édification d'une république sur la terre de leur défunt leader résistant Abdelkrim El Khettabi.

Dans une interview accordée au journal espagnol El Independiente Redouane Oussama, président du Parti national du Rif ,Redouane Oussama, croit fermement à l’édification d’une république sur la terre de leur défunt leader résistant Abdelkrim El Khettabi.

A partir d’Alger,où son parti le PNR avait organisé une conférence pour sensibiliser l’opinion publique marocaine et internationale à sa cause dénonce l’omerta des institutions européennes qui ont peur selon lui du régime du Makhzen qui exerce duu chantage sur les quesions de l’immigration,de la sécurité et du terrorisme ».

” Nous avons des problèmes qui touchent l’Europe et nous voulons être la solution. L’Espagne et la France doivent se regarder dans le miroir. Honorer leur histoire et reconnaître qu’en 1956, une erreur a été commise en transférant un peuple et un territoire à un autre régime sans nous demander notre avis », suggère-t-il.

Catégorique, Redouane Oussama, évoque les motivations de la création du PNR et la situation dans le Rif .”Notre alternative est politique, sociale et culturelle, et elle trouve aussi ses origines dans la République du Rif. Car nous croyons que cette République n’est jamais morte. Nous vivons une parenthèse. Nous sommes passés d’une occupation espagnole à une occupation marocaine, qui est illégale, aussi illégale que celle de l’Espagne. Nos grands-parents nous disent que l’occupation espagnole était meilleure que l’occupation marocaine , pour vous donner une idée. Ma grand-mère, qui n’est jamais allée à l’école, parlait très bien espagnol. Elle allait à Melilla. Nous sommes apparentés. 50 % de la population de Melilla est rifaine, tout comme celle de Ceuta. Pour nous, Ceuta et Melilla ne sont pas une question politique. Le fait historique qu’elles soient des enclaves espagnoles est indéniable.


Revenant sur le Hirak du Rif, l’invité d’El Independiente estime que “le régime marocain considère les rifains comme un danger. Il craint leurs réactions. Nous nous sommes aussi posé la question. Un ancien ministre marocain a déclaré que le Hirak du Rif était une question de sécurité de l’État, même si leurs revendications étaient sociales. Ils ne réclamaient pas l’indépendance, comme nous. Pourtant, leur militantisme leur a coûté vingt ans. Le régime tente, par divers moyens, de les convaincre de demander la grâce royale. Et les militants rifains refusent de demander l’amnistie car ils se considèrent innocents”.

Et de poursuivre ” Depuis 2016, le Rif subit un blocus économique. Des milliers de Rifains travaillaient dans les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta. Ils subvenaient aux besoins de dizaines de milliers de familles. Économiquement, le Rif n’a jamais eu besoin du Maroc. Au contraire, c’est le Rif qui finance d’autres régions du Maroc. Cette indépendance économique a gêné la monarchie. Car le Rif, grâce à Ceuta et Melilla, mais aussi grâce aux transferts de fonds de la diaspora – nous sommes quatre millions de Rifains dans le monde – n’avait pas besoin du Maroc. Les fonctionnaires sont marocains, pas rifains. Nous sommes un peuple d’agriculteurs, de commerçants et de pêcheurs. C’est pourquoi le régime a fermé les deux frontières pour encercler et étrangler économiquement notre territoire et forcer les jeunes à partir. Selon les statistiques espagnoles, 20 000 Rifains sont arrivés en Espagne au cours des neuf premiers mois de 2023. C’est un nombre énorme. En Espagne, on compte aujourd’hui plus de 600 000 Rifains. En Belgique, ils représentent entre 6 et 7 % de la population. Aux Pays-Bas, le chiffre est similaire. En France, ils sont plus de 500 000. Tout cela est dû à la politique du régime marocain visant à modifier la structure démocratique du Rif. D’un côté, des Rifains sont contraints de partir pour en faire venir d’autres. Il y a quinze ou vingt ans, je me souviens qu’il y avait toujours des Marocains qui venaient travailler à Nador.Nous sommes un peuple qui a exercé son droit à l’autodétermination en 1921, en créant son propre État. Nous remplissons toutes les conditions d’une nation”.

Au sujet de la solution préconisée pour sortir de cette situation, le président du PNR juge que “la solution, c’est celle que nous proposons : le strict respect du droit international. Aujourd’hui, du point de vue du droit international, l’occupation marocaine du Rif est illégale. Nous sommes un peuple qui a exercé son droit à l’autodétermination en 1921 en créant son État. Nous remplissons toutes les conditions d’une nation : un peuple, une langue, une terre et une mémoire collective. Abd el-Krim a transmis la déclaration d’indépendance à la Société des Nations , ancêtre de l’actuelle Organisation des Nations Unies. Aujourd’hui, nous demandons le retour de l’indépendance du Rif, afin que nous puissions fonder notre République. Notre projet politique global prévoit le retour volontaire des Rifains chez eux pour reconstruire leur pays. Nous n’étions pas très riches, mais, malgré tout, nous étions autosuffisants. Nous sommes une alternative à l’option marocaine”.

Interrogé sur le chantage qu’exerce le régime makhzenien sur l’Europe, Redouane Oussama note qu’ il s’agit d’un régime qui utilise l’immigration comme monnaie d’échange.” Rappelons-nous ce qui s’est passé à Ceuta il y a quelques années. 15 000 Marocains ont été incités à venir là-bas pour faire pression sur l’Espagne. La question de l’immigration s’apparente à la traite des êtres humains. C’est une instrumentalisation politique de la souffrance des populations” souligne-t-il.

” Par conséquent, notre solution, parmi d’autres, consiste précisément à travailler avec l’Europe sur la base d’un Rif indépendant. Il faut un interlocuteur en Europe qui écoute la volonté de ces populations, qui respecte le droit international et qui ne fasse aucune distinction. Car lorsqu’on dit que l’occupation russe de la Crimée et des territoires ukrainiens est contraire au droit international, il faut dire que l’occupation marocaine du Rif est contraire au droit international” insiste le président du PNR.

Ce dernier estime en substance que l’indépendance du Rif porte des avantages certains pour la péninsule ibérique .” C’est clairement dans l’intérêt de l’Espagne. Combien l’Union européenne verse-t-elle aujourd’hui au Maroc pour contenir cette immigration ? Des millions et des millions d’euros. Avec quels résultats ? Le moindre désaccord entraîne l’immigration. Pensez-vous vraiment que les bateaux quittant les côtes marocaines pour l’Espagne puissent partir sans autorisation des autorités ? C’est impossible. La décision ne se prend pas au niveau local, elle se prend à Rabat. Car l’enjeu financier est important. Et le Maroc bénéficie de cette manne financière. L’équivalent de 6 milliards d’euros transite chaque année par le Rif. C’est une source de revenus très importante pour le Maroc par rapport à son PIB et à la richesse qu’il génère”.

Et de conclure” l’indépendance du Rif signifie donc, d’abord et avant tout, résoudre un problème interne à l’Espagne : l’alternance démocratique, la sécurité, le terrorisme, et ensuite, libérer un peuple, car il s’agit de corriger une erreur historique. En contrepartie, l’Espagne aurait un peuple ami de l’autre côté. Les relations entre les peuples rifain et espagnol ne sont pas récentes. Le Rif et l’Espagne, du moins dans le sud de l’Espagne, sont un mélange. Nous sommes très proches culturellement. Et aussi économiquement. Pour nous, Ceuta et Melilla ne sont pas un enjeu politique. Ce sont des ponts entre deux peuples. Le fait historique qu’elles soient des enclaves espagnoles est indéniable. La population est à 50 % rifaine et à 50 % espagnole, mais c’est un fait historique, et nous le voyons du bon côté. Nous voulons construire quelque chose avec l’Espagne, et non contre elle. L’Espagne est intéressée par un Rif indépendant ; c’est le moyen de se libérer du chantage du Maroc à l’immigration et de ses revendications sur Ceuta et Melilla”.

Partager cet article sur :

ANEP : 2500021

Articles similaires