Dans une interview accordée à Algérie54, le président de la fondation “Enrico Mattei”, le petit-fils du Grand Ami de la glorieuse révolution du premier novembre , Aroldo Curzi Mattei revient sur les résultats de la récente visite officielle effectuée par le Président de la république Abdelmadjid Tebboune en Italie, et les perspectives de ce partenariat stratégique sur les relations bilatérales, la région méditerranéenne, ainsi que la concrétisation de l’ambition “plan Mattei” destiné au développement du continent africain, conformément à l’esprit de la lutte menée par le Grand Enrico Mattei, mort en octobre 1962, dans des circonstances suspectes.
Algérie54: Que représente pour vous, personnellement et en tant que Président de la Fondation Enrico Mattei, ce sommet algéro-italien du 23 juillet 2025?
Aroldo Curzi Mattei: Pour moi, ce sommet représente une valeur à la fois stratégique et profondément personnelle. En tant que Président de la Fondation Social Economic Development Enrico Mattei, mais aussi en tant que petit-fils d’Enrico Mattei, je ressens une responsabilité particulière à poursuivre une vision de coopération fondée sur le respect, le développement partagé et la souveraineté des peuples. L’Algérie a toujours occupé une place centrale dans cette vision. Aujourd’hui, à Rome, nous posons un acte concret pour prolonger cet héritage, avec des accords structurants qui s’inscrivent dans un partenariat de long terme.
Algérie54 : Quels sont les axes principaux des accords signés avec les partenaires algériens ?
Aroldo Curzi Mattei: Nous avons structuré deux accords clés. Le premier concerne la filière agro-industrielle, avec l’objectif de renforcer la transformation locale des produits agricoles, d’augmenter la valeur ajoutée sur le territoire algérien, et d’introduire des techniques durables, adaptées aux défis climatiques de la région.
Le second porte sur la formation technique en automatisation industrielle, en partenariat avec COMAU S.p.A., entreprise italienne de référence mondiale dans le domaine de la robotique et de l’automatisation. Il s’agit ici de transférer du savoir-faire, de former des jeunes talents algériens, et de poser les bases d’une nouvelle génération d’ingénieurs et de techniciens hautement qualifiés.
Algérie54: Pourquoi avez-vous choisi l’Algérie pour initier ces projets stratégiques ?
Aroldo Curzi Mattei: L’Algérie représente, pour nous, bien plus qu’un partenaire. C’est un pays avec lequel mon grand-père, Enrico Mattei, avait tissé des liens profonds, fondés sur une vision commune de dignité, d’indépendance économique et de développement humain. Aujourd’hui, nous reprenons ce fil historique, en l’adaptant aux défis du XXIe siècle : industrialisation durable, sécurité alimentaire, transition numérique. L’Algérie a un potentiel immense et une jeunesse brillante. Il est de notre devoir – moral autant qu’économique – de travailler main dans la main pour bâtir un futur partagé.
Algérie54: Quel est le rôle de COMAU dans ce partenariat et quel sera l’impact concret pour les jeunes Algériens ?
Aroldo Curzi Mattei: COMAU joue un rôle essentiel en tant que partenaire technologique. Ensemble, nous allons créer des centres de formation avancée, orientés vers les compétences du futur : robotique, intelligence artificielle appliquée à la production, maintenance intelligente. L’impact est double : d’une part, accroître l’employabilité des jeunes Algériens dans des secteurs à forte croissance ; d’autre part, soutenir la modernisation du tissu industriel algérien, en le connectant aux standards internationaux tout en gardant une forte dimension locale.
Algérie54: Ces initiatives peuvent-elles être le début d’une coopération plus large ?
Aroldo Curzi Mattei: Oui, tout à fait. Nous considérons ces premiers accords comme les fondations d’un partenariat élargi. Notre ambition est de collaborer aussi dans les domaines de l’énergie renouvelable, de la gestion de l’eau, de la santé communautaire et de la formation entrepreneuriale. Nous voulons construire, avec les institutions algériennes, une véritable plateforme méditerranéenne de co-développement. C’est une manière de rendre hommage à la vision de mon grand-père, mais aussi de proposer une réponse concrète aux défis géopolitiques et sociaux de notre époque.
Entretien réalisé par M.Mehdi