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December 8, 2025

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TRIBUNE

La guerre: source de profits et opportunité d’investissement pour les capitalistes

À chaque guerre son lot de drames sanglants subis par les populations. Mais surtout son flot de profits engrangés par les grands groupes industriels de l’armement. 

Par Khider Mesloub

À chaque guerre son lot de drames sanglants subis par les populations. Mais surtout son flot de profits engrangés par les grands groupes industriels de l’armement. 

Depuis le déclenchement de la guerre d’extermination menée contre les Palestiniens par Israël, les pays occidentaux se mobilisent, non seulement pour soutenir inconditionnellement le régime fasciste de Tel-Aviv, mais aussi, lucrativement, pour permettre à leurs entreprises d’armements d’accroître vertigineusement leurs profits par la vente d’armes à l’État génocidaire israélien. 

A l’heure du génocide des Palestiniens à Gaza, les entreprises du secteur industriel et commercial s’invitent au banquet des profits pour bénéficier des commandes de l’État génocidaire d’Israël. 

Chaque conflit armé une opportunité de bénéficier des commandes d’armements

Ces entreprises occidentales participent ainsi à l’effort de guerre génocidaire par la vente d’armes et les services technologiques à caractère militaire.

Depuis deux ans, les fournisseurs d’armes des pays occidentaux, en particulier le complexe militaro-industriel américain, se frottent les mains, ces mains souillées de sang des victimes palestiniennes.

Sous le capitalisme fondé sur la guerre permanente, chaque nouveau conflit armé constitue une opportunité bénie de bénéficier des commandes d’armements lancées par les États. Du renouvellement des équipements militaires. De l’expérimentation de nouvelles technologies meurtrières sur les lignes de front. 

Ce phénomène d’instrumentalisation des conflits armés pour favoriser l’accroissement de la fortune des capitalistes a connu ses premières heures de gloire à une échelle massive lors de la Première Guerre mondiale. 

En effet, le premier conflit mondial a permis un enrichissement extraordinaire des groupes industriels de l’armement. Mais également des autres secteurs économiques. Surtout, il a amorcé le processus de réorganisation taylorienne de la production, matérialisée par l’imposition du salaire à la tâche, indexant directement la paye des ouvriers sur la vitesse et la précision de leur production. Ces mutations professionnelles favorables au capital ont donné naissance à l’organisation scientifique du travail (OST).

De même, c’est au cours de ce premier conflit mondial que les plus grands trusts du 20ème ont vu le jour ou consolidé leur emprise sur l’économie internationale. Pour ne considérer que la période de la guerre (1914/1918), les chiffres d’affaires de ces entreprises ont augmenté considérablement. 

En France, pendant que des millions de prolétaires se mobilisent sur les fronts de guerre, se font massacrer, les capitalistes réorganisent lucrativement l’appareil productif pour maximiser leurs profits. 

Dès le début du conflit, la mobilisation industrielle pour soutenir l’effort de guerre est décrétée par le gouvernement. Renault, Peugeot, Michelin, Citroën, Dassault… (ces deux dernières créées respectivement en 1915 et 1916), pour ne citer que les entreprises les plus connues, sont enrégimentés en vue de fabriquer les équipements et matériels pour l’armée. 

Au cours de ce premier conflit armé mondial, les usines Renault œuvreront à l’effort de guerre par le doublement de leur production des camions, l’assemblage des chars, la fabrication massive des obus. L’usine Citroën est construite en 1915, non pour fabriquer des voitures, mais des obus. De même l’usine Peugeot, avant de fabriquer sa première voiture en 1921, se spécialise dans l’assemblage des obus et moteurs d’avions. C’est durant ce premier conflit mondial qu’est fondée l’entreprise Dassault, spécialisée dans la fabrication des hélices d’avion pour équiper les biplans de l’armée de l’air. 

« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »

Grâce à leurs fournitures d’armes, le chiffre d’affaires de ces entreprises progresse de façon exponentielle. Certaines sociétés, notamment Citroën et Schneider, réalisent une marge bénéficiaire de l’ordre de 40%. 

Ces faramineux profits provoquent colère et indignation parmi la population paupérisée. Et surtout controverses. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », écrit furieusement l’écrivain Anatole France dans une lettre publiée dans le journal L’Humanité. 

La polémique enfle dès la première année du conflit mondial. Les profiteurs de guerre sont fustigés. Condamnés. Des « bandits », des « chacals », des « gredins », des « thénardiers », écrit en octobre 1915 l’ancienne secrétaire de Jules Vallès, la journaliste Séverine, dans un périodique socialiste. En effet, dans son article, la journaliste fustige ceux qui « s’engraissent de la chair d’autrui », « pressurent le soldat » en « raflant à tout prix ce qu’ils sont certains de lui revendre le triple ». 

La Première Guerre mondiale a largement profité à de nombreux secteurs, notamment les charbonnages, la sidérurgie, l’armement et la viticulture. La cupidité des profiteurs de guerre n’a pas eu de limite. 

En France, en 1915 un rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale relève que des obus ont été facturés quarante pour cent plus chers que leur valeur. 

L’Allemagne bourgeoise participe également à la bataille des profits. À la curée de l’enrichissement. Selon une Commission parlementaire convoquée en 1917, les entreprises houillères et sidérurgiques ont vu leurs bénéfices augmenter par huit entre 1913 et 1917. C’est durant cette guerre que le futur constructeur automobile BMW est fondé, pour fabriquer initialement des moteurs pour des avions de combat. Pour les grandes entreprises allemandes (Krupp, Mayer, etc.), la guerre leur a permis d’amasser d’immenses profits. 

L’économie de guerre a profité également aux puissants du Royaume-Uni. C’est durant la Première Guerre mondiale que la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell accroît sa puissance industrielle. Au lendemain de la guerre, Shell deviendra la première compagnie pétrolière mondiale. 

Économie de génocide à Gaza 

Depuis le 7 octobre 2023, comme lors de la Première Guerre mondiale, les entreprises occidentales se livrent à la même course aux profits par la fourniture d’armes et de services technologiques à caractère militaire au régime fasciste génocidaire d’Israël.

Hier comme aujourd’hui, la guerre demeure un business très rentable pour les puissants. Actuellement, la guerre de nettoyage ethnique menée par Tsahal à Gaza constitue une excellente aubaine pour les capitalistes, notamment les  fabricants d’armes américains.

C’est ce que confirme le rapport présenté cet été à l’ONU par la juriste italienne Francesca Albanese. 

Selon la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, plus d’un millier de firmes internationales jouent actuellement un rôle moteur dans le processus génocidaire à Gaza : production de gaz (Chevron), d’armes (Lockheed Martin, Elbit Systems), construction (Caterpillar, Hyundai), surveillance numérique (Palantir, IBM), financement (Vanguard, Allianz), cloud et intelligence artificielle (Google, Microsoft, Amazon). Booking.com ou Airbnb sont également épinglées.

De leur côté, les multinationales minières comme Glencore et Drummond Company approvisionnent l’Etat génocidaire d’Israël en charbon et assurent la pérennité de sa production énergétique.

Les fonds de pension, y compris publics, continuent d’investir massivement dans les entreprises de l’armement et des machines israéliennes impliquées dans le génocide à Gaza et la colonisation de la Cisjordanie.

La rapporteuse fournit la preuve de l’implication des secteurs militaires et technologiques dans le génocide des populations civiles palestiniennes. Selon la juriste italienne, avec la guerre la Palestine est devenue un laboratoire technologique : « Palantir, Amazon, Microsoft y testent en conditions réelles des technologies de reconnaissance faciale, de ciblage algorithmique ou de collecte biométrique ». Les Palestiniens ont fourni « des terrains d’entraînement illimités pour tester les technologies, tester les armes, tester les techniques de surveillance qui sont aujourd’hui utilisées contre les populations partout dans le monde, du Sud au Nord », note le rapport.

Dans une interview, Francesca Albanese a souligné que « Les industries de l’armement et de la surveillance ont augmenté leurs contrats avec Israël. Cela a eu des effets dans la croissance économique du pays, dans des secteurs spécifiques de l’économie israélienne ».

lucrativité de la guerre à Gaza

Pour preuve : « Il y a eu une « augmentation de 65 % des dépenses militaires israéliennes entre 2023 et 2024, pour atteindre 46,5 milliards de dollars, l’un des niveaux les plus élevés par habitant au monde ». Cela « a entraîné une forte augmentation de leurs bénéfices annuels », tandis que « les entreprises d’armement étrangères, en particulier les fabricants de munitions et d’armes, en ont également profité ».

D’après Francesca Albanese, Israël aura ainsi transformé la colonisation des territoires palestiniens en un modèle économique rentable.

Le rapport démontre la rentabilité de la guerre : en moins de deux ans, l’indice de la Bourse de Tel-Aviv a bondi de 179 %. Les secteurs de l’armement, du numérique et de l’énergie sont notamment responsables de cette embellie boursière. 

« La violence militarisée a permis la création de l’État d’Israël et continue d’alimenter son projet colonial de peuplement. Les fabricants d’armes israéliens et internationaux ont développé des systèmes de plus en plus efficaces pour expulser les Palestiniens de leurs terres. Par la collaboration comme par la concurrence, ils ont affiné des technologies qui permettent à Israël d’intensifier la répression, l’oppression et la destruction », note Albanese.

La guerre, hier comme aujourd’hui, c’est du business. En va-t-il ainsi de la guerre génocidaire à Gaza. Depuis octobre 2023, les  capitalistes du monde entier s’engraissent grâce au génocide des Palestiniens. 

Khider MESLOUB 

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