Tout en incarnant le courage indispensable pour tout journaliste libre et engagé, Jaques-Marie Bourget symbolise à lui seul cette rare catégorie de journalistes au pur sang libre et engagé qui n’ont jamais cédé soudoiement, à l’intimidation ou aux menaces pour défendre les causes justes dans les quatre coins de la planète. Ce mardi 21 octobre 2025, Jacques-Marie Bourget se souviendra de ce cauchemar du 21 octobre 2000, le jour ou l’entité sioniste avait projeté de le liquider par le biais de l’un de ses tueurs snipers, lorsqu’il se trouvait devant le siège de l’autorité palestinienne à Ramallah pour couvrir le siège imposé par le génocidaire Ariel Sharon au président martyr Yasser Arafat. Ce jour-là la bienveillance de Dieu était du côté de l’un des grands reporters de ce monde. Pour en savoir plus sur cette ignoble tentative d’assassinat, et qui coincide vingt cinq ans après avec le génocide du peuple palestinien de la bandede Gaza, Jaques – Marie Bourget s’exprime sur les colonnes d’Algérie54.
Algérie54: Il y a vingt-cinq ans, précisément le 21 octobre 2000, vous avez échappé à une mort certaine à Ramallah, lors de l’accomplissement de votre mission de journaliste, après avoir été la cible d’un sniper sioniste. Que diriez-vous aujourd’hui sur ce crime prémédité et planifié par l’entité sioniste pour enterrer une voix qui ne cessait de réclamer le droit du peuple palestinien à disposer de leur destin ?
Jacques-Marie Bourget: En fait j’ai manqué de prudence, ou plutôt je n’ai pas pris la mesure de la barbarie dont des sionistes sont capables : tuer un journaliste de sang-froid. Neuf années avant cette tentative d’assassinat, j’avais prélevé un document dans les archives de Shin bet, l’unité de « sécurité intérieure » d’Israël. Cet épisode avait rendu fou ce service secret. Par ailleurs j’étais ami avec Arafat et Abou Jihad, et toujours soutenu les Palestiniens face à l’injustice historique qui leur est faite. Après l’épisode Shin bet, pendant neuf ans je ne suis pas allé dans cet état colonisateur, puis me suis donc rendu en Palestine pour couvrir la seconde Intifada. Certes avec prudence, redoutant la haine de l’état juif. Je croyais être refoulé à l’aéroport. Pas du tout j’ai pu me rendre à Gaza pour rencontrer Arafat et voir la terrible répression dont l’Intifada faisait l’objet.
A la fin de mon reportage, j’ai quitté Gaza pour un passage à Ramallah et rentrer en France. Je n’avais pas imaginé que les tueurs me suivaient et qu’une fois installé tranquillement sur une place de la capitale provisoire de Palestine, un « sniper » allait tenter de me tuer. Quand la balle m’a touché au poumon gauche, à 4 centimètres du cœur, j’ai été horrifié, non par la blessure, mais par la folie, l’extravagance de cette tentative d’assassinat. Il y avait là toute la haine de la vengeance et la preuve que la vie d’autrui, pour qui n’est pas de confession juive, n’a aucune valeur. Ce cynisme me fait mieux comprendre ce qui se passe à Gaza : les Palestiniens ne sont pas des humains mais des cibles à faire disparaitre, l’épuration ethnique, le génocide sont des armes admissibles pour l’accomplissement des rêves sionistes.
Algérie54: Ce crime prémédité survient cette année avec l’assassinat de près de trois cent journalistes palestiniens qui couvraient le génocide des Palestiniens de la bande de Gaza, par le même coupable, les génocidaires sionistes. Quelle lecture faites-vous de cette impunité dont bénéficie cette entité ?
Jacques-Marie Bourget: Il y a un demi-siècle que je connais les difficultés et la haine que rencontrent ceux qui tentent d’aider la cause historiquement et juridiquement juste des Palestiniens. Il y a la réalité connue du communautarisme puissant de hommes et femmes de confession juive. Leurs familles ont vécu l’Holocauste et l’Occident coupable, pour se faire pardonner en retard, ferme les yeux sur ce que fait Israël qui, en fait est un état fantôme des USA. Un détail, il y a quelques jours la France a fait entrer Robert Badinter au Panthéon, mais il faut savoir que le même personnage est intervenu auprès de la CPI afin que cette Cour, qui juge les crimes de guerre et autres, ne puisse s’en prendre à Israël. Il y a d’abord les mythes fondateurs de l’état d’Israël, très bien décrit par l’historien israélien Shlomo Sand, comme la baliverne de la « Terre promise », le retour chez soi pour les juifs etc… Vrais mensonges historiques montés par les sionistes il y a plus d’un siècle, et qui ont convaincu l’opinion et une bonne partie de la presse. Dans la presse, même les journalistes qui sont informés de la vraie histoire baissent les bras, contre eux le poids idéologique, le mensonge historique est trop puissant, trop bien organisé et maintenant par des réseaux de propagande très puissants dans la presse et sur les réseaux sociaux. Ainsi, alors que la Russie a été sanctionnée par de multiples décisions, Israël continue de commercer librement et de participer aux réunions internationales.
Algérie54:En France, le génocide des Palestiniens a mis à nu le vrai visage des médias mensonges. Qu’en dites-vous ?
Jacques-Marie Bourget: Rien de plus que ce que je viens de tenter d’expliquer très sommairement. Si ce n’est que, pour la France, il faut ajouter le poids du racisme anti arabe et singulièrement algérien. De trop nombreux français, oubliant que les Palestiniens ne sont pas arabes mais majoritairement musulmans, voient dans ces Philistins des clones des combattants du FLN. Israël installé pour être la tête de pont de l’Occident au Proche Orient, il garde ce statut de défenseur avancé de cette cause.
Algérie54: RSF s’est illustré par sa passivité criarde en matière de défense des journalistes palestiniens durant les deux années de l’extermination des Palestiniens dont des journalistes. Quel message adressez-vous à cette ONG qui vous a laissé tomber il y a 25 ans ?
Jacques-Marie Bourget: RSF est une officine largement financée par le NED américaine, un faux nez de la CIA, l’organisation a reçu des fonds de l’extrême droite anti castriste, et un « Prix » de 350 000 dollars distribué par Israël. RSF qui règne sur l’organisation d’un festival de presse à Bayeux n’a pas déposé 300 stèles commémoratives pour les journalistes assassinés à Gaza, comme elle le fait pour les victimes occidentales. Il y a 25 ans j’ai tout de suite compris qu’étant une victime d’Israël, RSF ne ferait rien pour me défendre. C’est alors que j’ai compris leur vraie nature et leur objet : attaquer les « ennemis » de l’Occident.
Interview réalisée par M.Mehdi