Les participants à la conférence sur “l’impact de l’accord commercial UE-Maroc sur l’avenir du processus de paix mené par l’ONU au Sahara Occidental”, tenue mercredi au siège du Parlement européen à Bruxelles, ont mis en garde contre les conséquences “néfastes” de ce nouvel accord sur le processus de règlement du conflit, affirmant que celui-ci sapera les efforts onusiens.
Le conseiller spécial du secrétaire général du Front Polisario pour les ressources naturelles et les affaires juridiques, Oubi Bouchraya, a dénoncé à l’occasion l’argument “fallacieux” avancé par l’UE pour justifier l’extension au Sahara occidental de ses accords avec le Maroc.
Pour l’UE, ces accords contribuent au développement du territoire, bénéficient aux Sahraouis et n’influent aucunement sur le processus politique pour le règlement du conflit.
“En réalité, cet argument est fallacieux. Ces accords ne servent que les intérêts du Maroc, lui permettant de se procurer les moyens financiers nécessaires pour consolider son occupation militaire illégale du Sahara occidental et imposer le fait accompli”, a affirmé M.Oubi Bouchraya.
Il a soutenu, en effet, que l’accord actuel UE-Maroc “porte gravement atteinte au peuple sahraoui, notamment à son droit à l’autodétermination”. Ce droit, a-t-il poursuivi, “inclut à la fois le droit à une souveraineté permanente sur les ressources naturelles et l’intégrité territoriale” du Sahara Occidental.
Il a réaffirmé, dans ce contexte, que le nouvel accord UE-Maroc qui inclut le Sahara Occidental, viole les décisions de la Cour de justice de l’Union (CJUE) qui a conclu, à maintes reprises, que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires “séparés et distincts”.
Selon ce responsable sahraoui, cette situation est “contraire au principe d’autodétermination”, à savoir le droit du peuple sahraoui de déterminer le statut final du territoire.
M. Bouchraya s’est montré, en outre, optimiste sur les chances de faire tomber l’accord UE-Maroc lorsqu’il sera soumis au vote du Parlement européen, encouragé par “la dynamique positive” observée lors du vote, fin novembre dernier, sur la résolution visant à bloquer l’étiquetage controversé des produits sahraouis comme marocains.
De son côté, le président de la Task Force “Eucoco”, Pierre Galand, a mis en avant “l’exemplarité de la lutte du peuple sahraoui” qui s’est remis aux institutions internationales pour obtenir ses droits.
“Le peuple sahraoui a fait confiance aux institutions internationales. Il est allé à l’ONU, à la Cour européenne de justice pour demander que le droit soit respecté”, a-t-il rappelé, soulignant que “tout le système juridique international est aux côté du peuple sahraoui”.
Selon Pierre Galand, “le pouvoir judiciaire a aujourd’hui une responsabilité, celle de rappeler à la Commission européenne ses obligations” envers le peuple sahraoui. Il a appelé, à l’occasion, cette dernière à ne “pas fuir ses responsabilités en termes d’aide apportée aux réfugiés sahraouis”. Le président de l’Eucoco a plaidé, par ailleurs, pour la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis, détenus illégalement dans les geôles marocaines. “C’est contraire aux règles des conventions de Genève”, a-t-il rappelé.
Le député européen, Andreas Schieder, président du groupe d’amitié “Amis du peuple sahraoui” a estimé, pour sa part, qu’il était temps de permettre à ce peuple d’exercer son droit à l’autodétermination, soulignant la nécessité pour l’UE de jouer un “rôle prépondérant” dans le règlement du conflit, notamment pour l’Espagne qui demeure la force administrante du territoire.
Il a regretté, à cet égard, la démarche de la Commission européenne qui a conclu un nouvel accord avec le Maroc étendu au Sahara occidental, en violation des décisions de la plus haute juridiction européenne.
Pour lui, “cet accord compromet les efforts onusiens pour le règlement du conflit.” L’eurodéputé Ana Miranda Paz a insisté, quant à elle, sur l’importance de “maintenir la pression” sur la Commission européenne pour qu’elle cesse d’ignorer les arrêts de la Cour de justice de l’UE concernant le Sahara occidental, dénonçant le “chantage permanent” exercé par le Maroc sur l’UE et ses institutions.
En plus du chantage, “le Maroc a déjà eu recours à l’espionnage”, a déploré cette parlementaire qui a fait part du “harcèlement” que subissent les eurodéputés favorables à la cause sahraouie.
Elle a, ainsi, mis en garde contre le lobbying marocain au Parlement européen, notamment auprès des députés français pour influencer la politique de l’UE.