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December 27, 2025

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Le Caftan du cadi constantinois, reflet d’une culture profondément enracinée dans l’histoire de l’Algérie

Après avoir été porté par des hommes, avant de devenir un habit de fête symbolisant l'élégance féminine, le "caftan du cadi (juge)" constantinois, né d’un savoir-faire artisanal, avec sa passementerie raffinée tressée avec art sur une étoffe noble, reflète une culture profondément enracinée dans l'histoire de l’Algérie pour devenir, aujourd'hui, un patrimoine reconnu à l’échelle internationale.

Après avoir été porté par des hommes, avant de devenir un habit de fête symbolisant l’élégance féminine, le “caftan du cadi (juge)” constantinois, né d’un savoir-faire artisanal, avec sa passementerie raffinée tressée avec art sur une étoffe noble, reflète une culture profondément enracinée dans l’histoire de l’Algérie pour devenir, aujourd’hui, un patrimoine reconnu à l’échelle internationale.

Constantine antique, perchée entre ponts suspendus et rochers abrupts, a réussi, au fil des siècles, à préserver ce riche et rare habit traditionnel d’apparat, que l’on appelle “caftan du cadi” et qui a dépassé le simple statut de vêtement élégant pour s’imposer en tant que partie intégrante de l’histoire sociale et culturelle de l’est algérien, avant d’affirmer sa présence dans les différentes régions du pays.

La directrice du musée public national des arts et expressions culturelles traditionnelles (Palais Ahmed-Bey) à Constantine, Meriem Kebaïlia, a expliqué que le caftan du cadi était à l’origine un vêtement masculin étroitement lié au pouvoir et à la magistrature, porté par le cadi en tant que personnage central de la société, et symbolisant la haute stature du juge, tout en reflétant, de par son tissu luxueux et ses fils d’or, l’élégance et le rang de celui qui le portait.

La présidente de l’association “les pionnières du Vieux Rocher” Aouiche Safinaz, artisane spécialisée dans les vêtements traditionnels constantinois, a indiqué, quant à elle, que le caftan était brodé, à l’origine pour les hommes, avec la technique du “Medjboud”, tandis que pour les femmes, c’était la technique de la “Fetla” (très légèrement différente) qui prévalait.

Selon la directrice du musée public national des arts et expressions culturelles et traditionnelles, l’histoire du caftan est soutenue par des documents d’archives officiels datant du XVIIe siècle, comprenant des contrats de mariage dans des registres des tribunaux religieux où l’exigence du “caftan” figure explicitement dans la liste de la dot de la mariée.

Elle a ajouté que des sources historiques indiquent également l’existence de pièces de caftan conservées dans des musées internationaux, comme le musée de Stockholm (Suède) qui expose un caftan offert par Ali Pacha au roi de Suède, en 1731 à l’occasion de la conclusion du traité de paix entre l’Algérie et ce pays de Scandinavie.

Selon la même source, 12 autres caftans algériens, 3 gandouras et 5 burnous étaient exposés au palais impérial de la Hofburg et au château de Schonbrunn, à Vienne, en Autriche, entre 1868 et 1872, dont certains avaient été acquis en Algérie par l’impératrice autrichienne Elisabeth de Wittelsbach (surnommée Sissi) tandis que d’autres lui avaient été offerts, avec des fils d’or pur, lors de ses visites en Algérie, en 1872.

Certains musées de Damas, en Syrie, conservent également et donnent à admirer des caftans ayant appartenu à Zineb, fille de l’Emir Abdelkader, ce qui reflète la portée historique de cet habit algérien et son retentissement au-delà des frontières.

La directrice du musée a également indiqué que la fabrication du caftan du cadi, à Constantine, reposait autrefois sur une méthode traditionnelle unique, où une peau de mouton était utilisée à la place du “qarqaf”, un cadre circulaire en bois composé d’anneaux entre lesquels le tissu était solidement fixé pour faciliter la broderie.

Les fils d’or étaient fixés au moyen d’un procédé traditionnel utilisant du sang provenant de la rate qui sera ensuite soigneusement séché.

Elle a souligné que ce style précis, transmis de génération en génération, a conféré au caftan une beauté tout en éclats et d’une élégance rare reflétant son statut élevé et le savoir-faire de l’artisanat traditionnel constantinois.

Ce travail concis, minutieux, requérant concentration et doigté, était soutenu par les services de “Dar El-Debbagh” à Constantine, considérée comme le berceau des cuirs raffinés, où chaque morceau de cuir se transformait en œuvre d’art.

Le caftan est, encore aujourd’hui, porté lors des grandes occasions et des cérémonies traditionnelles, comme les mariages, en tant que patrimoine vivant portant la mémoire, l’identité et l’élégance, transmis de génération en génération à Constantine et dans les grandes régions de l’est algérien, tout comme le caftan de Tlemcen et d’autres villes de l’ouest algérien, ce qui a conduit à son inscription en tant que patrimoine culturel mondial par l’UNESCO.

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