Par Abdellali Merdaci
Le recteur Baddari était certainement le meilleur choix pour le poste de ministre des Universités et de la Recherche, non pas spécialement pour sa gestion du grand campus universitaire de M’sila. Il est rare, extrêmement rare, de rencontrer un recteur d’université algérienne attaché à l’écriture et à la confrontation d’idées. M. Kamel Baddari l’était suffisamment pour mériter, au-delà de la communauté universitaire, le respect de l’intelligentsia algérienne. Voici un haut responsable d’une institution de l’État pour lequel le débat d’idées, il s’y prêtait volontiers, n’est pas une tare. Comparativement à cet intellectuel éclairé, des recteurs d’université n’ont pas écrit et publié depuis vingt ans, voire même trente ans, une seule ligne, à l’intérieur ou en dehors de leur établissement. La posture épistémique du professeur Baddari légitimait cette aspiration à la réflexion, gage de renouvellement dans le champ universitaire, dans ses jeux et enjeux et dans ses compétitions. Tiendra-t-elle ses promesses ? À l’épreuve de la direction de l’Université algérienne, M. le ministre Baddari accumule les bourdes et les contre-performances. Citons quelques silences inquiétants, notamment sur l’assiduité des étudiants, et des décisions malvenues, qui compromettent l’effort de rigueur indispensable et l’avenir de la formation supérieure nationale.
1°) L’assiduité des étudiants.
Comme ses prédécesseurs, le ministre Baddari a souscrit à l’injonction politique sur le traitement de l’assiduité des étudiants à l’université. Dans certaines spécialités, c’est valable pour l’ensemble des universités nationales, le ministère le sait et peut le vérifier, deux tiers des étudiants inscrits sont absents, se réservant souvent pour les seuls examens semestriels ou annuels sans encourir la moindre sanction. La législation scolaire est désormais répudiée. De ce strict point de vue, l’université algérienne, aux effectifs incontrôlables, n’offre plus l’image d’un lieu de formation crédible.
Le doyen A. Chouarfia, professeur de mathématiques, a montré l’inanité de la gestion numérisée sur la plateforme Progress des effectifs d’étudiants par le ministère et les universités. Il note ainsi : « L’analyse rétrospective montre que les effectifs non régulièrement inscrits varient de 10 à 13% des effectifs. » Le professeur procède à une quantification plus fine, relevant opiniâtrement : « Sur le nombre de 1 700 000 d’étudiants de l’ONOU du dernier bilan de 2022 du MESRS, les étudiants non régulièrement inscrits ou en dépassement de durée légale de formation représentent alors 493 000 étudiants de l’effectif global. Ce nombre est l’équivalent de 20 établissements universitaires de 25 000 étudiants. Soit une économie de 20 budgets d’établissement incluant le budget de fonctionnement, le budget d’équipement et les budgets ONOU » (1).
Comment rationaliser la gestion pédagogique des effectifs avec des écarts de populations qui plombent la constitution de sections et de groupes d’étudiants et grèvent les objectifs mesurables du fonctionnement de l’université ? Pour le doyen Chouarfia, les 493 000 étudiants non-inscrits au titre de l’année universitaire représentent vingt-cinq (25) établissements universitaires de taille moyenne. Cette situation n’est-elle pas préoccupante pour le ministre, ses conseillers et ses directeurs centraux ? Elle obère grandement le budget de l’État et devrait solliciter l’appréciation des magistrats financiers de la Cour des Comptes.
Situation dommageable : les étudiants absentéistes, plus souvent en échec, coûtent cher à la trésorerie des universités. Est-ce donc vrai, comme l’accrédite une rumeur tenace, qu’une licence leur a été donnée au plus haut niveau de l’État pour n’être plus formellement des étudiants présents dans leurs amphis, leurs salles de TD et leurs laboratoires de TP – ou dans un emploi moins épuisant derrière leurs écrans ? Phénomène sociologique, aujourd’hui avéré, le baccalauréat de l’enseignement secondaire n’est plus un passeport pour les études universitaires mais une ouverture au monde du travail. Il n’est pas interdit aux étudiants de faire le choix d’une activité rémunérée, mais qu’ils le fassent en toute honnêteté et responsabilité. Partout dans le monde, prendre une inscription dans une université est un engagement de formation strict.
La désaffection des étudiants envers leurs amphis peut être datée. Elle s’est accentuée depuis le hirak, en 2019, et le Covid, en 2020-2021. Les réponses apportées par les responsables du ministère des Universités à la pandémie furent-elles les plus judicieuses ? On ne consigne pas chez eux des centaines de milliers d’étudiants et des dizaines de milliers d’enseignants sans aucune préparation préalable. Si le ministère des Universités, a pu acheter – en 2012, déjà ! – le logiciel américain Progress à plus de trente-neuf (39) millions de dollars US (selon le professeur Chouarfia), il est connu que ses établissements n’ont pas de tradition établie d’enseignement et de gestion pédagogique en ligne, phénomène récent y compris dans les grandes universités d’Occident. À titre d’exemple, ce qui faisait – et fait encore – la singularité des universités européennes les plus réputées, c’est la relation pédagogique directe et inclusive. Le maître face à l’élève, sans doute le plus vieux schéma de transmission des savoirs théoriques et pratiques, à la dimension universelle. La relation pédagogique différée du cours en ligne, avec ses nombreuses vicissitudes, peu d’étudiants s’y inscrivent et s’y investissent dans l’expérience universitaire algérienne, reste dans sa formulation officielle une concession à une mode abstruse. Non, sans effets mortifères.
Car, à l’évidence, Progress n’est maîtrisé ni par les professeurs, les étudiants et l’administration universitaire. Depuis 2019, quelle que soit la formule d’enseignement retenue par les universités, en « présentiel » ou en ligne, une majorité d’étudiants algériens est absentéiste. Il serait justifié que M. Baddari réponde à cette question en recourant à la vérité salutaire des chiffres. M. le doyen Chouarfia les a significativement compilés.
2°) La double licence de M. Baddari.
La presse nationale a fait écho de la volonté du ministre des Universités d’instituer au profit des étudiants une « double licence ». En peu de mots, la possibilité pour un bachelier d’opter pour deux formations concomitantes, lorsque, le plus souvent, il satisfait difficilement aux impératifs d’une seule spécialité. Si l’on considère que le semestre d’études dans différentes spécialités est de quinze (15) séances pour une dizaine de modules répartis en cours, TD et TP, comment un étudiant, en dépit de ses potentialités physiques et psychiques, peut-il suivre jusqu’à une vingtaine de modules pour plusieurs dizaines d’heures par semaine ? Même s’il est dispensé d’assiduité avec le recours abusif aux cours en ligne, un étudiant algérien, nonobstant les conditions de travail dans les cités universitaires et à demeure parentale ou individuelle, ne peut être à la mesure d’un tel pari. S’il est vrai qu’il a toujours existé dans les universités des candidats se projetant exceptionnellement dans deux spécialités, il n’est jamais assuré qu’elles fussent qualitativement reçues et parachevées.
Peut-être que M. Baddari et ses conseillers disposent-ils d’indications sûres pour lancer ce projet ? Mais, n’est-il pas essentiel qu’ils s’attèlent préférentiellement à faire revenir dans les universités d’Algérie les étudiants qui sont inscrits et qui leur font dramatiquement défaut en pesant sur l’argent du contribuable ? Ceci dit, il peut exister dans les Facultés des étudiants naturellement disposés en raison de divers encadrements familiaux (la fortune, certes, mais aussi, c’est connu depuis les enquêtes de Bourdieu et Passeron sur le système universitaire français, voilà plus d’un demi-siècle, les potentialités culturelles héritées des parents) aux compétitions universitaires les plus rudes. Je garde toujours le souvenir désolé de ces étudiants, inscrits dans mon cours sur la modernité littéraire, originaires des contreforts ruraux de l’Est algérien, qui ne connaissaient pas la littérature parce que ni le lycée ni l’université ne la leur ont enseignée – et, plus encore le milieu familial qui n’en avait ni la culture ni l’usage. Il fallait toujours demander plus d’effort, plus de lectures à ces candidats. Tous les étudiants algériens, démunis culturellement, n’en ont pas la volonté. Cet enseignement, comme tant d’autres, à multiples connaissances pré-requises, ils peuvent s’en affranchir totalement dans l’organisation actuelle de l’université algérienne et de son LMD bizarroïde. Si l’étudiant reçoit la dispense de l’effort, qui est la règle de la formation universitaire, oui, le projet de M. Baddari est faisable.
Mais d’un point de vue éthique, ce serait une odieuse tromperie de dire aux étudiants, qui réussissent difficilement dans une seule formation, de se prêter dans le même temps aux exigences de deux. Il est vrai que l’on peut être un juriste exemplairement versé dans les arcanes de l’économie et un sociologue du droit, mais cette disponibilité intellectuelle, qu’on observe chez de vieux universitaires algériens enclins à la pluridisciplinarité ne se construit-elle pas dans la durée, dans le moment postdoctoral ?
3°) Angliciser (ou américaniser) l’université algérienne, ses enseignants-chercheurs et ses étudiants ?
N’est-ce pas une lubie de M. Baddari ? Où entend-il de la sorte prendre part au débat purement politique sur les langues en Algérie ? S’il est convenu et approprié que le président de la République fasse entendre sa position sur la diffusion de l’anglais dans l’école algérienne, particulièrement dans le cycle primaire, cette position reste éminemment politique et idéologique. Un discours scientifique, parfaitement élaboré, devrait en configurer le passage dans le réel.
Tous les sociolinguistes infèrent la dimension impérialiste des langues, précisément des langues mondiales. La prévalence de la langue anglaise dans le monde s’exerce politiquement et culturellement au bénéfice des États-Unis d’Amérique, au premier plan, et du Royaume Uni, secondairement. Depuis l’hypothèse (Edward) Sapir-(Benjamin Lee) Whorf, vers la fin du XIXe siècle et dans leurs travaux sur la « relativité linguistique », il est acquis que la langue détermine une catégorie de pensée spécifique et une vision du monde qui lui est intrinsèque et irréductible. Nos élites universitaires, nos professeurs et nos étudiants, intègreront-ils pleinement les référents anglo-américains à défaut d’avoir forgé leur perception du monde en arabe et en français ?
Le fait est qu’en Algérie, malgré les infinies admonestations du professeur Othmane Saadi, un pionnier de la « guerre linguistique », décédé récemment (2), la langue arabe n’est pas devenue une langue essentielle dans la recherche universitaire, principalement dans le domaine concurrentiel des sciences et des technologies. Il est plus que nécessaire, cela a été observé dans plusieurs universités européennes, d’enseigner ces spécialités, la France a été la première à y consentir, en langue anglaise. Mais est-ce vraiment une urgence pour le droit, l’économie, les sciences humaines et sociales servies exclusivement en langue arabe ?
Le « grand remplacement » (je m’excuserais volontiers de la formulation) de l’arabe, et accessoirement du français, tourne au ridicule. Plusieurs universités d’Algérie ont testé et appelé leurs enseignants-chercheurs, parfois très proches du départ à la retraite, à des formations accélérées d’anglais pour en faire dans les prochaines années des professeurs dans cette langue. Exeunt l’arabe et le français, langues d’usages lointainement convenues de l’université algérienne. Promouvoir le corps des enseignants-chercheurs de l’université algérienne dans la langue anglo-américaine ne l’ouvrira pas aux compétitions scientifiques et aux classements mondiaux.
Douce démagogie ? L’arrivée de l’anglo-américain dans l’institution universitaire algérienne n’est pas forcément une bonne nouvelle. Le formatage des esprits par la langue qu’envisage le ministère des Universités impactera de nouvelles générations d’universitaires, docteurs à peine trentenaires lorsque leurs aînés mettaient vingt ans pour soutenir un magister, le plus souvent plagiaires à la fournée, dépourvus d’esprit critique. Ils parleront le langage du néolibéralisme, du woke, du care, s’adonneront à la gentrification et défendront les valeurs colorées de la Grande Amérique qui sont aussi celles de l’Occident.
En le nommant ministre du secteur, M. Abdelmadjid Tebboune a-t-il confié la mission expresse à M. le recteur Baddari d’angliciser à marche forcée les enseignants-chercheurs de l’université algérienne ? Ils sont des milliers à subir l’injonction de retourner en classe de langue. Est-ce vraiment sérieux pour un maître de l’université blanchi sous le harnais des sciences sociales et humaines et même de la médecine et de la pharmacie ? Je ne sais pas si le gouvernement cherche par cette initiative à contrebalancer l’influence de la langue française en net recul à l’université ? L’avenir dira qu’elle est sans profit ni pour la langue arabe ni pour la langue française. Est-il avantageux pour la société algérienne, au-delà de l’école et de l’université, d’ajouter un troisième et redoutable compétiteur linguistique. Il faudra toujours avertir que l’anglo-américain ne se contentera que d’une position tyrannique.
L’Algérie est en attente d’une audacieuse politique linguistique qui donnera sa juste place à toutes les langues locales, et parmi elles la langue française, qui n’est pas un legs de la colonisation française, un « butin de guerre », un « bien vacant », mais une création soutenue de l’État algérien indépendant. Les Algériens qui parlaient et écrivaient le français à la veille de l’indépendance étaient des milliers. Aujourd’hui, l’Algérie est, après la France, le premier pays dans le monde disposant de plusieurs millions de locuteurs francophones. Cette évolution notable, convient-il de le rappeler, a été ordonnée et maintenue depuis la rentrée scolaire d’octobre 1962 par tous pouvoirs algériens dans leur diversité politique et idéologique.
4°) Un sacre patrimonial pour des universités.
Toujours dans la presse, une requête intempestive de M. Baddari. Vertueux communicant dans ses récréations épistolaires, le ministre des Universités et de la Recherche demande instamment à Mme la ministre de la Culture le classement de trois universités (Alger, Oran, Constantine) au patrimoine national : une demande velléitaire, sans objet assigné. Je ne me prononcerai pas, ici, sur les motivations de M. Baddari, puisqu’elles n’ont pas été exposées. Je n’affirmerais rien sur l’Université d’Oran ni sur celle d’Alger que je ne connais pas. Mais classer l’université de Constantine au firmament d’une culture nationale révérée reste une vue de l’esprit. Il y a une réalité que M. Baddari ne devrait pas méconnaître : l’université de Constantine n’a plus d’existence juridique depuis l’année 2013 et la création de cinq pôles d’enseignement supérieur : les Universités Constantine 1-Mentouri, Constantine 2-Mehri, Constantine 3-Boubnider, l’Université des sciences islamiques Émir Abdelkader, l’École normale supérieure Assia Djebar.
Il y a bien en contrebas du plateau d’Ain El Bey, à une encablure des Arcades romaines, l’université historique abritée dans des bâtiments dessinés par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer (1907-2012), vers la fin des années 1960. Le colonel Boumediene en a solennellement posé la première pierre. Et, en l’espèce, il s’agit bien de pierres dans cette fumeuse discussion. L’image architecturale de cet amas de béton s’est dépréciée en un demi-siècle, qui ne cache plus ses repoussantes laideurs. L’université Constantine 1-Mentouri a hérité de cet attelage hideux, frappé d’obsolescence. Qui pourrait inviter M. le professeur Baddari à y enseigner, ne serait-ce qu’une demi-journée, dans ce capharnaüm de courants d’air et de sédiments de crasse engluée qu’est devenu le campus de la route d’Aïn El Bey ? L’hiver et l’été y sont insupportables, souvent glauques. Et pour ne rien arranger à l’affaire, voilà quelques semaines, les enseignants du fameux Bloc des Lettres, le cœur géographique de l’institution, se sont mis en grève pour dénoncer in situ des squats de revendeurs de drogue et une prostitution à bon marché. Cette plaie sociale figure-t-elle l’université, temple du savoir ? Je voudrais paraphraser un roué chroniqueur provincial qui a croqué, ces jours-ci, dans une encre sanieuse de contempteur belliqueux « Constantine-la-morte » : voilà, affaissée honteusement sur le flanc de la ville « l’université-de-Constantine-la-morte », son intimité balayée par les vents contraires, qui ne mérite pas l’oraison des disparus.
En quel honneur célébrer l’université constantinoise qui n’a pas l’âge de celles, autrement typiques, de Carthagène des Indes et de Salamanque, qui n’a encore inspiré aucun roman, qui n’a pas et n’aura pas son Gil Blas de Santillane (3) ? Quels lauriers a-t-elle inscrit à son maigre palmarès qui ne soient déjà fanés ? Des Prix Nobel, des médailles Field, de revigorants classements mondiaux ? Rien de tout cela. Peut-être des prétentions éthérées de chevillards de la pensée en toges de maîtres de chaire aigris. Tout cela ne donne pas du sang et du nerf à l’hommage. Mme la ministre de la Culture y regardera à deux fois dans une ville qui a, depuis bien longtemps maintenant, appris à briser ses propres pierres, à s’asseoir effrontément sur leur mémoire en d’autres temps bénie.
Et, du reste, ce sont les édifices, plus que leurs servants et leurs œuvres décaties, qui sollicitent la reconnaissance patrimoniale. Tous les bâtiments universitaires constantinois – à l’exception du campus Tedjini Heddam ? – sont des œuvres de concepteurs étrangers : un Brésilien, des Égyptiens et des Chinois. Seuls, les propriétaires des murs et leurs usagers sont algériens. Plaisanterie de mauvais goût que cette inscription patrimoniale à l’emporte-pièce ? Sûrement. En guise de commémoration constantinoise, exprimons, ici, un profond regret pour la mise à mort à l’occasion de « Constantine, capitale de la culture arabe », en 2015, de la Mosquée Sidi Makhlouf, à Arbaïn Cherif (Quarante-Saints »). Ce monument de siècles injuriés ne reviendra pas dans notre histoire urbaine. Il aurait mieux valu qu’une esquisse aérienne brésilienne, qu’un entrechat nilotique ou un contrepoint chinois qu’on abandonne volontiers à M. le ministre Baddari, quêtant d’absolues sanctifications.
En conclusion de ces rapides notes sur l’actualité universitaire, ne conviendrait-il pas de le répéter ? L’enseignement supérieur et la recherche scientifique, je l’ai écrit dans ces pages au gré des exercices ministériels (presque) déçus de MM. les professeurs Chemseddine Chitour et Abdelbaki Benziane, devraient-ils être la faille dans le bilan couillu de l’Algérie nouvelle de M. Tebboune ? Il n’est jamais tard pour sauver les meubles. Il faut seulement se convaincre de remettre l’université au travail dans ses amphis, ses salles de TD et ses labos de TP. Et, bien entendu, ses coûteux laboratoires de recherche, qui le plus souvent, n’en ont que le nom frelaté. Quel ministre (M. Baddari tarde à l’incarner) y parviendra-t-il loin du clinquant des célébrations empruntées, d’un Progress béquillard à quarante millions de dollars et de spéculations aventureuses ?
Notes.
- Cf. A. Chouarfia, « Enseignement supérieur : état des lieux critique et situation inquiétante », « Le Quotidien d’Oran », 27 octobre 2022. Efficace synthèse des maux d’une gestion universitaire dévoyée à mettre entre les mains de tous les enseignants-chercheurs de moins de soixante-dix ans de l’université algérienne.
- Lire l’hommage appuyé que lui rend l’excellent publiciste Djamel Labidi dans « Le Quotidien d’Oran » du 22 décembre 2022. Pour les lecteurs qui ne l’ont pas rencontré, admiré ses œuvres et ses tranchantes foucades, précisons que le professeur Othman Saadi, posant assez tôt, au lendemain de l’indépendance, le clivage entre l’arabe et le français, pouvait les distinguer dans une formule percutante : la français était « la langue du pain » et l’arabe « la langue des amulettes, des encens et du benjoin ». Soixante années après les pittoresques vaticinations du vaillant défenseur de la langue arabe, le français coupable est à son tour relégué et bientôt déclassé par l’anglo-américain, la future « langue du pain ».
- Roman picaresque, ayant pour cadre l’Espagne du « Siècle d’or », « Gil Blas de Santillane » est écrit entre 1715 et 1735 par le Français Alain-René Lesage. Lorsque Gil Blas y obtient son grade de licencié, l’université de Salamanque était déjà une vieille et honorable institution. En vérité, partout dans le monde, des universités, chargées d’ans et d’histoire, n’ont pas été élevées dans le patrimoine culturel des nations. L’université de Constantine, comme celle d’Oran et d’Alger (si on exclut la période coloniale française), qui ont tout à prouver, n’en sont qu’à leurs débuts. Ne démonétisons pas le patrimoine national, M. Baddari.