Par Mohamed El-Abassi.
Après d’insistantes tentatives de vassalisation du Continent et d’incursion exogène, notamment, de l’entité sioniste, dans le cœur névralgique et institutionnel panafricain, et malgré les conséquences de la pandémie et de la guerre d’Ukraine, qui s’abattent sur une innocente Afrique qui en subit les dommages collatéraux, celle-ci se tient résiliente et debout grâce à un leadership panafricaniste qui se dessine.
Ces tentatives de loger le loup sioniste dans la bergerie africaine, avec la complicité manifeste et un engagement marocains audacieux qui ne se démentent, ont été vouées à l’échec au profit du triomphe de la seule parole palestinienne.
Pourquoi ?
Si le Makhzen peut se prétendre de vassaliser triomphalement son peuple et normaliser, contre sa profonde conviction, avec l’entité sioniste, il n’en est pas de même de tous les peuples et de la majorité des Etats africains. La sous-traitance makhzénienne a atteint lamentablement ses limites tout comme, par un certain verdict de l’histoire, celle de la France néocolonialiste et ses résidus indésirables au Mali et au Burkina Faso.
Pendant que le roi marocain se tenait en « stand-by » dans une île de villégiature au large de Franceville au Gabon, attendant l’annonce d’une entrée en grande pompe des représentants de l’entité sioniste à l’Union africaine, pour faire, à son tour, une entrée triomphale, la déléguée sioniste qui s’y est illégalement incrustée, a été « manu-militari » escortée vers la sortie.
Attendant la levée des rideaux d’une mise en scène maroco-sioniste, le roi, tout en s’abstenant, comme à son accoutumée, de trop se mouiller, avait choisi d’épier Addis-Abeba depuis le Gabon laissant la basse besogne à Bourita. La nouvelle qu’il attendait ne viendra jamais à ses oreilles de son ministre des affaires étrangères normalisant, esseulé dans les coulisses du « Nelson Mandela hall » ne sachant comment justifier son fiasco.
C’est ainsi qu’une main devant et une autre derrière, le roi s’éclipsa bredouille et anéanti du Gabon laissant à son acolyte d’enfance les consignes de lui fournir les dessous de l’affaire contre un sac de fertilisant volé au peuple du Sahara Occidental.
Des thèmes mobilisateurs algériens et du discours marocain creux.
Pendant que M. Aymen Benabderrahmane, premier ministre représentant du Président de la République Abdelmadjid Tebboune, plaidait devant le secrétaire général des Nations unies qui lui prêtait une oreille attentive et les chefs d’Etat africains qui reconnaissent à l’Algérie sa sagesse et sa vision panafricaniste, la revendication d’un siège permanent au profit de l’Afrique au conseil de sécurité, le chef de la diplomatie makhzénienne n’a pas eu de trouvailles originale que d’ennuyer le sommet avec un discours de remplissage pour évoquer l’énergie nucléaire à l’attention d’une Afrique qui se chauffe et se nourrit au feu de bois.
Devant le déphasage marocain et ses méthodes d’instrumentalisation, que la nouvelle Afrique a fini par en saisir, au grand jour, les contradictions diplomatiques, les délégués africains sont restés sourds au discours redondant de Bourita, lassant, ennuyeux et sans aucun impact. Les quelques applaudissements qui l’ont suivi étaient de joyeuses claques polies du « bon débarras ».
Une piètre image de la diplomatie makhzénienne face au discours concret et constructif avec de nouvelles idées et une vision panafricaniste du Président Abdelmadjid Tebboune, lu en son nom dans une parfaite fidélité à sa conviction et d’une limpide intonation, surtout quand il annonçait la décision, vivement applaudie, du Président Tebboune d’allouer un milliard de dollars d’aide inconditionnelle au développement à travers l’Agence Algérienne de Coopération pour la Solidarité et le Développement.
Il est vrai que les priorités africaines sont aux antipodes de celles du Makhzen qui nage dans l’irréel pendant que son peuple qui se prépare à une grève générale, a soif, a froid, a faim de tout ce que son roi dépense ailleurs en le privant de la moindre solidarité d’assistance pendant qu’il se trouve en danger de la famine et au seuil d’une explosion générale. Et, pour le soulager, il s’en prend aux pauvres agriculteurs interdits de vendre leurs produits en Afrique de l’ouest mais pas ses immenses terres agricoles en exploitation avec l’entité sioniste et dont il sélectionne les meilleures qualités en direction de l’Europe.
Explication.
Comme nous l’avons démontré dans un article précédent, le Makhzen est aux antipodes de son peuple. Comment pourrait-il être solidaire et pleinement engagé avec l’Afrique pour prétendre s’investir réellement à relever ses défis et réaliser ses idéaux ?
L’Adhésion du Maroc en 2017 à l’Union Africaine n’avait d’autre objectif que de semer la discorde, en voulant en expulser un membre fondateur qui est la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), et parvenir ainsi à paralyser, voire faire imploser, l’organisation continentale. Ces sommets africains que qualifiaient, avec dédain, le roi défunt Hassan II, de « conférences tam-tam » dans une insulte historique, sont devenus des sommets de chefs d’Etat responsables et soucieux de l’unité africaine et de l’émancipation de ses peuples. Ils comprennent parfaitement le jeu du makhzen et ses manœuvres machiavéliques.
Dans leur for intérieur, ils vivent un immense malaise d’être des témoins, silencieusement complaisants pour certains, révoltés pour d’autres, de voir que la dernière colonie en Afrique est le fait colonial d’un autre pays se disant africain : Le Maroc !
Dans l’histoire africaine, nous avons vu des conflits territoriaux, des litiges autour de frontières mal définies, mais jamais au grand jamais, un pays ne s’est aventuré à prendre possession par la force un territoire qui ne lui appartenait pas pendant que son peuple le revendique, par le droit internationale, par la résistance et la guerre. Le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation est respecté par tous sauf par Rabat qui prétend, au nom d’un expansionnisme aveugle, à des frontières authentiques et, donc extensibles.
Le malaise a atteint son paroxysme et le Makhzen s’entête. Une sorte d’insulte à l’endroit, même de ceux qui sont complaisants, corrompus à ne plus en vouloir des largesses makhzéniennes, ou encore du même acabit, opportunistes ou ligotés par des menaces de scandales compromettants.
Si le malaise à l’étiologie makhzénienne a gagné du terrain en Afrique comme un syndrome contagieux, ses clients habituellement assidus, ont été glacés d’apprendre les révélations fracassantes de corruption au sein du parlement européen, l’anathème qui leur est jeté aux yeux du monde et le scandale dans lequel ils ont trempé leurs réputations politique, morale et personnelle, de manière indélébile.
Il serait souhaitable, à cet égard, qu’un œil vigilant du président de la commission africaine s’intéresse de près aux agitations marocaines dans sa propre maison.
Si elle est parvenue à corriger les faux pas incandescents du président de la commission et s’est montrée, résiliente, avec Macky Sall, il est à espérer que l’Union Africaine gagnera davantage en unité et en intégration économique avec la présidence comorienne en ce sens que la responsabilité est historique pour le président Ghazali Osmanide, de vouloir construire et fortifier ou bien déconstruire et diviser l’Afrique.
Mohamed El-Abassi.