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December 8, 2025

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La guerre en Ukraine : Une métaphore de la poupée russe ( 2ème partie)

Par Djamal YALAOUI

Avocat au barreau de PARIS et correspondant Associé au barreau de ORAN

« Nous, autres, civilisations savons que nous sommes mortelles »

2/ La bourse ou la vie

 (Suite de la 1ère partie : L’obsession occidentale contre la Russie)

Souvenez-vous en 2008 à la suite de la crise des « subprimes » et du slogan « nos vies valent plus que leur profit », bien évidemment la situation actuelle fait penser à cela et on aurait bien aimé y croire, il y a déjà 15 ans…

Mais nous savons que cela est faux comme la fausse monnaie occidentale !

De même que la propagande atlantiste voudrait nous faire croire, aujourd’hui, que le conflit ukrainien se terminera par la victoire du bien sur le mal : nous savons aussi que des facteurs basiques de comptabilité macabre emporteront la décision.

Et c’est cette comptabilité macabre que nous allons tenir, dans ces colonnes, non par goût mais parce qu’il faut le bien l’exposer, l’expliquer, si nous voulons prendre conscience des enjeux réels, des risques, et éventuellement nous y préparer à défaut de réussir collectivement à les éviter.

Alors combien vaut une vie ?

C’est une question qu’on est obligé de se poser, puisque le système occidental repose, énormément, sur ce « concept ».

Bien évidemment une vie n’a pas de prix (« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie »), sauf pour les assureurs et d’autres nombreux professionnels de la vie et de la mort qui ont calculé depuis une soixante d’années (c’est donc très récent) non pas la valeur d’une vie, ils n’oseraient pas dire cela crûment, mais par l’évocation du concept de VALEUR DE VIE STATISTIQUE (VVS dans le jargon français et VSL dans le jargon anglais).

Dès à présent on va éviter de se crever les yeux pour éviter de voir « le soleil de la vérité », tel un Œdipe ayant commis l’insoutenable : c’est bien de la VALEUR MONÉTAIRE D’UNE VIE, dont il ici question !

Ces chiffres sont utilisés, quotidiennement, à des niveaux individuels et collectifs ; par exemple pour l’indemnisation d’un préjudice devant les tribunaux civil ou pénal.

C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, la FIMA, l’agence fédérale qui gère les catastrophes naturelles, établie la valeur monétaire d’une vie à 7,5 millions de dollars.

En Russie, en revanche, elle ne dépasse pas les 2 millions de dollars. En France elle s’établit à 3 millions de dollars et la moyenne mondiale est d’environ 1 million de dollars.

A cet instant on constate, déjà, que sur l’échelle du grand marchandage humain que notre temps dévolu sur cette terre nous rapproche, davantage, du Moujik que du Yankee !

La dette française qui s’élève à 3.000 milliards de dollars aurait pour équivalent 300 millions de vie humaines !

Bien évidemment on parle rarement de ces statistiques morbides sur la valeur monétaire d’une vie, d’une année de vie ou simplement d’une heure de vie.

Il y a une bonne raison de ne pas en parler : c’est profondément immoral, notamment au regard de la sentence de Saint Thomas d’Aquin « La terre appartient aux hommes mais lui le temps appartient à Dieu. Et comment pourrions-nous monnayer ce qui ne nous appartient pas ? ».

Le grand capital est amoral, par essence, et donc cela ne l’empêche nullement d’utiliser ces statistiques de valeur monétaire d’une vie, de façon massive et industrielle.

Le système financier mondial, aujourd’hui plus que hier, repose sur la monnaie en tant qu’idole : après le veau d’or, le « dieu dollar » qui au lieu de libérer les échanges pour apporter la paix et ensuite l’abondance ; ne produit plus que la guerre, la disette et asservie nos vies. bien pire, cette idole sacrifie les vie dans une forme de mécanisme primitif et de retournement complet de situation par une inversion des valeurs.

Illustrons ce schéma du système capitaliste par un exemple concret : la FIMA indique qu’une heure de temps perdue dans les transports urbains aux Etats-Unis équivaut, précisément, à 34,72 centimes de dollar.

Quelle signification et conséquence donné à ce calcul mathématique ?

Que si un pont permet d’économiser un million d’heures de transport, son coût de construction pourrait être inférieur à 34,72 millions de dollars ; ce qui est économiquement intéressant. Ce résultat économique n’est pas une vérité absolue, mais une vérité selon les règles établies par la FIMA.

Mais quid de la décision prise collectivement (commune, ville, département…) pour les aspects de son financement et toutes les questions attenantes à la réalisation de ce pont (impact écologique, impact sur les finances publiques…) ?

Ici en l’occurrence, L’ARGENT REMPLACE NOS VIES ET NOS AVIS et semble les rendre obsolètes et donc sans valeur !

Il existe un nombre incalculable de domaines pour estimer une vie monétaire, le vivant est complexe par son irrationalité à la différence des froides probabilités mathématiques :

  • Combien sommes-nous prêts à payer pour prolonger nos vies à l’aide d’un traitement médical ?
  • Combien la Sécurité Sociale peut-elle accepter de rembourser un traitement qui fera gagner en moyenne 3 ans d’espérance de vie, en bonne santé, à son patient ?
  • Combien sommes-nous prêts à payer pour prendre un tunnel pour faire l’économie de 20 minutes de trajet ou pour mettre notre famille à l’abri avec une assurance-décès ?
  • Combien faudrait-il indemniser une victime d’un chauffard de la route qui détruit une vie ?

On peut, également, estimer les besoins d’une personne pour qu’elle puisse vivre dignement : se loger, se nourrir, s’habiller, se soigner, s’occuper de sa famille…

D’un côté du spectre on peut, évidemment, calculer des richesses monétaires et de l’autre côté il est plus difficile de calculer les richesses non-monétaires pour chaque vie.

On pourrait faire appel à un calcul fort simple : on prend le PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant d’un pays et de le multiplier par l’espérance de vie de ce même pays.

Le résultat de ce calcul donnerait une sorte de VALEUR INTÉRIEURE BRUTE de la vie.

Ainsi la valeur intérieure brute d’un Étasunien est peu ou prou de 5 millions de dollars.

Celle d’un français est de 3,5 millions de dollars.

Ce calcul macabre devient, vaguement, angoissant quand on pose la question pour un Ukrainien !

La valeur intérieure brute d’un ukrainien ne dépasse pas les 350.000 dollars et encore ce chiffre serait à diviser par 2 si l’on examine les méthodes d’indemnisation de l’Etat ukrainien (si l’Ukraine doit indemniser une famille victime d’un décès dans un accident de voiture, elle obtiendra entre 150.000$ à 200.000$ pour la valeur d’une vie) !!

Mais il n’y a pas que le PIB dans la vie, il faut aussi calculer le manque à gagner économique d’une paire de bras perdus. Cela est fort intéressant si l’on se penche sur les statistiques concernant la valeur productive d’une paire de bras ou plutôt LA VALEUR ECONOMIQUE ET PRODUCTIVE D’UNE VIE. Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elle vaut à peu près 1 million de dollars !

C’est cette dernière valeur qu’on va retenir comme valeur pour la vie monétaire d’un Ukrainien. La valeur monétaire d’un Russe équivaut à 2 millions de dollars.

En adoptant ces deux valeurs, on peut estimer que la guerre de l’OTAN contre la Russie avec 400.000 morts au bas mot (300.000 Ukrainiens et 100.000 Russes) : le coût en vies humaines est de 500 millions de dollars !

Cette différence de valeur qui est d’un cynisme sans équivalent, fait apparaître qu’on accorde 2 fois plus de valeur à une vie Russes qu’à une vie Ukrainienne.

C’est pourquoi, le président Vladimir Poutine dans l’un de ses discours courant 2022 a insisté sur la notion de « développement humain de la population Russe » : c’est l’Indice de Développement Humain (IDH) qui est une méthode plus globale car elle intègre la richesse économique mais aussi la formation, la santé, les infrastructures…

Or, en l’espace de 30 ans les tendances et dynamiques se sont, totalement, inversées entre la Russie et les Etats-Unis. Aujourd’hui, c’est en Russie que la mortalité infantile baisse, que l’espérance de vie augmente ainsi que le niveau de formation. Parallèlement les Etats-Unis ont pris le chemin inverse et l’Europe suit derrière, évidemment, avec un peu de retard, comme d’habitude !

On constate qu’à travers ce conflit la Russie a dépassé le temps des politiques soviétiques de l’ex URSS qui sacrifiaient, allègrement, leur population et leur économie au profit de leur expansion et de leur géopolitique.

Aujourd’hui, c’est l’Ukraine qui est sacrifiée : l’occident global n’a que faire de l’Ukraine, son seul objectif c’est détruire la Russie.

On oublie que l’Ukraine est devenu le pays le plus pauvre d’Europe et qu’il s’est considérablement appauvri depuis 2014 : depuis que les bons génies du FMI, de l’OTAN et des Etats-Unis y ont posé leurs grosses pattes.

Nous sommes en présence d’une monnaie qui s’est effondrée, d’une dette qui a explosé et d’une corruption exponentielle (c’est l’un des pays les plus corrompu du monde).

L’Ukraine est plus pauvre que le Kosovo, alors que c’est le pays le plus riche d’Europe par sons sous-sol et ses terres noires : c’est un pays qui a des richesses naturelles, extraordinaires.

C’est un phénomène connu, que le journal britannique « The Spectator » évoquait déjà en 1711, et que l’on nomme « le paradoxe de l’abondance ou la malédiction des ressources », qui a tendance à frapper un grand nombre de pays qui sont très riches en ressources naturelles et dont les populations sont inversement très pauvres.

A l’aune de ce constat, on peut raisonnablement considérer que l’objectif, officieux, de l’OTAN en Ukraine, c’est peu importe le nombre de morts, l’essentiel est l’accès aux ressources ukrainiennes : nous retrouvons, ici et maintenant, parfaitement, la dialectique de la bourse ou de la vie !

Pourquoi le capitalisme en arrive à ce choix qui n’est pas une alternative ?

Il existe un principe en économie : c’est l’inflation qui siffle la fin de la récréation monétaire (planche à billets) et on le constate, actuellement, avec le retour forcé à l’équilibre. L’inflation est elle-même entrainée par le prix des matières premières et l’Europe en fait l’amer expérience, en direct, depuis plus d’un an avec le prix de l’énergie.

Lire aussi: La guerre en Ukraine : Une métaphore de la poupée russe

(Suite dans la 3ème partie)

 

 

 

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