Par Nora Abdelkrim
Pendant que le président français joue les bons samaritains, les bombes vendues par la France à Israël tue la population civile de Gaza.
Par quel tour de magie le président français va-t-il envoyer dans les eaux palestiniennes un navire-hôpital militaire, le Tonnerre, pour sauver de la mort les blessés victimes des bombardements génocidaires de l’aviation israélienne ? Emmanuel Macron ne semble avoir aucune idée de ce que signifie « blocus total de la bande de Gaza », et, notamment, du blocus total maritime des «eaux palestiniennes» décrétée par Tel-Aviv, en 2006, interdite à tout navire et embarcation d’aucune sorte, bien avant le soulèvement du 7 octobre. A-t-il reçu l’accord de ses amis israéliens pour franchir cette zone et accoster on ne sait où tandis que les bombes continuent de frapper la population palestinienne (plus de 7000 morts), les otages du Hamas (près de 50 morts) et les employés de l’ONU (au moins 57 selon Philippe Lazzarini, directeur de l’UNRWA- Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) ?
Le chef de l’État français a annoncé depuis Le Caire, mercredi 25 octobre, que le navire-hôpital militaire devait «acheminer du matériel militaire, humanitaire et des médicaments». Vous avez bien lu «militaire»?
Le Tonnerre doit rejoindre «en Méditerranée orientale», les frégates Alsace et Surcouff «avant de stationner près de la bande de Gaza, au Proche-Orient».
Cela ressemble à du « grand n’importe quoi », ou à une manœuvre navale déguisée dans les eaux méditerranéennes….Beau tour de passe-passe qui ne convaincra pas, tandis qu’en même temps, Emmanuel Macron soutien «la lutte des démocraties contre (notre) ennemi commun» et appelle à une «coalition régionale et internationale pour lutter contre les groupes terroristes qui (nous) menacent tous», c’est-à-dire en premier lieu le Hamas, faisant un amalgame facile avec Daesh.
Malgré le discours compassionnel d’Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, la France qui n’est pas à une contradiction près, a opposé son veto, comme les États-Unis et le Royaume-uni, à la résolution présentée au Conseil de sécurité de l’ONU par la Russie «appelant à un cessez-le-feu», car ne reconnaissant pas le «droit à se défendre» d’Israël, ni le caractère «terroriste» du Hamas.
Si le président français navigue, sans succès, entre deux eaux vaseuses dans sa tentative d’apparaître comme le «sauveur de la situation», comme il a l’habitude de le faire, le rapport 2023 du ministère français des Armées est, lui très limpide. La France a vendu pour 189,8 millions d’euros d’armes à Israël depuis 2013, dont 15,3 millions en 2022.
«Bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs et matériels et accessoires connexes comme suit et leurs composants spécialement », précise le rapport. La France est le premier fournisseur européen d’armement à l’entité sioniste, malgré la ratification du Traité sur le Commerce des Armes (TCA) de l’ONU dont l’article 6 (alinéa 3) dit: «Un État Partie ne doit autoriser aucun transfert d’armes classiques visées par l’art. 2 (1) ou des biens visés par les art. 3 ou 4 s’il a connaissance, lors de l’autorisation, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des Conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d’autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie ».
Tenant compte de la guerre incessante qu’Israël mène depuis des décennies contre la Palestine, mais, aussi, les bombardements sporadiques contre le Liban et la Syrie, sans distinction d’objectif civil ou militaire, la France ne peut pas ignorer la destination des armes qu’elle vend à la Défense israélienne. Elle st complice, en cela, des crimes de guerre et de l’humanité perpétrés depuis 21 jours à Gaza.