La politique, c’est l’amour de la patrie et rien de plus 🇩🇿

December 10, 2025

Contribution

DÉCRYPTAGE

Quand l’apprenti dictateur Macron s’inspire de Kim Jong-un pour regonfler la natalité 

À la fin de l’année dernière, début décembre 2023, le président éternel de l’éphémère Corée du Nord, le dictateur Kim Jong-un, implorait en larmes les femmes nord-coréennes de faire plus de bébés. 

Par Khider Mesloub

À la fin de l’année dernière, début décembre 2023, le président éternel de l’éphémère Corée du Nord, le dictateur Kim Jong-un, implorait en larmes les femmes nord-coréennes de faire plus de bébés. 

En effet, présidant aux destinées d’un pays en proie à la dénatalité, Kim Jong-un avait exhorté les femmes à remplir leur devoir patriotique en produisant des enfants pour la nation. Il leur avait demandé de mettre leur ventre au service de la « révolution socialiste », leur utérus en soutien de l’armée et des usines. 

« Stopper le déclin du taux de natalité et fournir aux enfants de bons soins et une bonne éducation est l’affaire de notre famille, que nous devrions régler avec nos mères », avait notamment déclaré le père du peuple coréen, Kim Jong-un, selon le Telegraph. Pour information, le président-roi nord-coréen serait papa de trois enfants.

Quelques semaines plus tard, le 16 janvier 2024, inspiré par Kim Jong-un, l’apprenti dictateur français, le président des riches Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse, avec une rhétorique à tonalité militariste, a invité la France au « réarmement démographique ». Cette expression « réarmement démographique » employée par Macron pour permettre « une France plus forte » « par la relance de la natalité » a été perçue comme réactionnaire. Voire fasciste. 

En tout cas, cette expression militaro-nataliste a soulevé l’indignation et suscité de vives réactions. En usant de cette rhétorique guerrière usitée dans la sphère de l’extrême droite, « réarmement démographique », Macron rajoute aux discours natalistes « classiques » une « connotation guerrière insupportable », a déclaré l’éditrice féministe Isabelle Cambourakis. « Le corps des femmes n’est pas une arme de guerre. Associer cette terminologie martiale à la politique nataliste me glace le sang. Cela donne l’impression que le gouvernement veut produire de la chair à canon. J’ai l’impression d’assister à une vaste opération d’embrigadement des corps et des personnes pour les besoins d’une hypothétique guerre à venir », a-t-elle ajouté. 

Pour Hervé Le Bras, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), « En se faisant l’écho de ce discours nataliste, Emmanuel Macron se réapproprie le discours de l’extrême droite sur lequel la droite s’est progressivement alignée. Malheureusement, cela finit toujours par profiter à l’extrême droite. Comme le disait Jean-Marie Le Pen, on préfère toujours l’original à la copie ». « Peut-être veut-il opposer un délire à un autre délire car, pour lutter contre la théorie du grand remplacement, il suffit de regarder les chiffres », a ajouté Hervé Le Bras.

Analyse confirmée par l’éditrice féministe Isabelle Cambourakis, qui a affirmé que « Le pouvoir (macroniste) défend d’abord une approche identitaire. Son projet, c’est que les femmes blanches fassent des enfants. C’est un discours raciste, impérialiste et autoritaire ». 

Ces dernières décennies, la rhétorique du « déclin démographique » de l’Occident est largement utilisée à des fins xénophobes et racistes. Les mouvements populistes et fascistes français ont fait de la politique nataliste une réponse au péril du « grand remplacement », notamment par la limitation drastique de l’immigration, le contrôle du ventre des femmes afin de relancer les naissances des « nationaux ». 

Cette politique nataliste nationaliste et xénophobe, illustrée par le vote de loi immigration qui remet en cause l’automaticité du droit du sol en France hexagonale pour les enfants nés de parents étrangers, impulsée par Macron, avait déjà été énoncée en son temps par De Gaulle : « C’est très bien qu’il y ait des français jaunes, des français noirs, des français bruns […] mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche ». Décidément, les démons racistes de la France renaissent fréquemment de leurs cendres !

Selon Hervé Le Bras, le discours d’Emmanuel Macron et l’annonce d’un « plan de lutte contre l’infertilité » révèle la déconnexion totale dont fait preuve le président d’avec le reste de la population. Il illustre surtout l’incapacité de ce gouvernement macroniste, composé majoritairement d’hommes et de femmes sans enfant, à comprendre la psychologie des comportements de la population française. En particulier des femmes, premières victimes de la précarité professionnelle et de l’exclusion sociale. 

Le comble du cynisme, c’est que ce discours nataliste incitatif émane d’un chef d’État et de membres de gouvernement décrédibilisés et délégitimés, qui plus est sans enfant. Autrement dit, de gouvernants « nullipares », autrement dit ils ont fait le « choix sexuel » de ne pas participer à l’effort de la reproduction démographique du pays. Du renouvellement de la population française. 

Une chose est sûre, pour être crédible, cette communication militariste injonctive en faveur de la natalité, ces gouvernants doivent l’appliquer à eux-mêmes. Macron et ses ministres doivent donner l’exemple. Or, ils semblent avoir choisi d’être des « childfree », c’est-à-dire ne pas avoir d’enfants de manière délibérée et volontaire.

Comme l’a Tweeté le collectif féministe NousToutes : « Un homme cisgenre (Macron) de 46 ans sans enfants qui vient nous donner des leçons sur la façon dont on doit utiliser nos utérus… ». Au moins, le viril président nord-coréen Kim Jong-un a le mérite d’avoir participé à l’effort démographique de son pays en engendrant trois enfants. 

Cela étant, ce plan d’urgence de réarmement démographique promu par Macron intervient dans un contexte marqué par une baisse historique de la natalité. En effet, la France a enregistré deux années consécutives de baisse des naissances, les plus faibles depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Or, avec le vieillissement de la population active, la France encourt le déclassement économique. Le déclin. 

Au vrai, en France, c’est la dégradation des conditions socioéconomiques qui explique le tarissement des naissances. Cette dégradation rend plus onéreux pour nombre de Français la conception et l’éducation des enfants en France. Une France paupérisée qui, avec l’instauration d’une économie de guerre et une gouvernance totalitaire, rejoint lentement mais sûrement la Corée du Nord. 

Sans oublier l’obscurcissement de l’avenir collectif, caractérisé par l’hyperinflation, la baisse du pouvoir d’achat, le démantèlement des services publics, et surtout la multiplication des guerres, des génocides, des famines, engendrés entre autres par les politiques libérales et bellicistes de l’État antisocial et impérialiste français.

Partager cet article sur :

ANEP : 2500021

Articles similaires