Le pétrole conservera son rôle vital durant plusieurs décennies, ce qui nécessite des investissements continus dans le secteur pétrolier, a affirmé le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Haitham Al-Ghais, contredisant les prévisions du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Dans un article publié sur le site-web de l’organisation, intitulé « Le pic de la demande pétrolière n’est pas à l’horizon », M. Al-Ghais a souligné que « les décideurs doivent être conscients du besoin d’investissement continu dans l’industrie pétrolière aujourd’hui, demain et au-delà de nombreuses décennies, vu le rôle vital des produits dérivés du brut dans notre vie quotidienne ».
Il a fait remarquer, dans ce sens, que depuis les années 1990 jusqu’à la première décennie du siècle actuel, le monde a été témoin d’un débat autour de la théorie du « pic d’approvisionnement en pétrole », notant que cette théorie ne s’est pas concrétisée, tandis que dans le même temps « le développement continu de la technologie avait contribué à réduire les coûts de production et à ouvrir de nouveaux horizons pour l’expansion des ressources pétrolières ».
Au cours de la dernière décennie, le dialogue s’est tourné vers la question du « pic de demande de pétrole », à travers des scénarios théoriques qui ne dépendent de l’analyse d’aucune donnée, et ce, dans le but d’exclure le pétrole de l’avenir de l’énergie mondiale, ajoute M. Al-Ghais, faisant référence au récent rapport de l’AIE intitulé « Pétrole 2024 », dans lequel l’agence a répété son hypothèse selon laquelle la demande de pétrole atteindra son pic avant 2030.
Le même responsable a qualifié le contenu de ce rapport comme « un danger, en particulier pour les consommateurs, ne faisant qu’entraîner davantage de volatilité sur les marchés de l’énergie à une échelle sans précédent ».
Dans ce sillage, M. Al-Ghais a évoqué les prévisions antérieures de l’agence, telles que celle selon laquelle la demande de carburant atteindrait son pic en 2019, alors que cette consommation a atteint des niveaux records en 2023 pendant que la demande continue d’augmenter, tout comme pour la consommation de charbon dont l’AIE a prévu le pic en 2014, alors que celle-ci la continue d’enregistrer des niveaux records.
Le SG de l’Opep a fait observer qu’il existe de nombreux scénarios prévisionnels concernant la neutralité carbone qui reposent quasi-exclusivement sur le remplacement des combustibles fossiles, considérant que ces prévisions tendent à remplacer les sources d’énergie actuelles plutôt qu’à en ajouter de nouvelles, alors que les énergies fossiles constituent encore plus de 80 % du mix énergétique mondial.
De plus, M. Al-Ghais a estimé que ces attentes « ne sont pas basées sur des bases ou des faits, mais plutôt sur des souhaits et des idéologies, et cela s’inscrit dans la continuité de la politique anti-pétrolière de l’AIE », soulignant que l’analyse doit prendre en considération l’ensemble du secteur et non une partie, lorsqu’il s’agit de l’avenir de l’énergie dans le monde.
Dans ce contexte, le SG de l’Opep a mis en avant l’importance de prendre en compte « trois vérités », à savoir, la croissance future de la demande d’énergie et de pétrole dans les pays en développement à plus de 25 millions de barils par jour, la croissance continue de la demande sur le pétrole à raison de 4 millions de barils par jour au cours des années 2024 et 2025, ainsi que la prise de conscience des consommateurs selon laquelle les programmes de neutralité zéro sont « irréalistes ».
« Naturellement, nous voulons tous réduire les émissions, mais en même temps, nous avons tous besoin d’approvisionnements énergétiques abondants, fiables et abordables, et ces deux aspects ne peuvent être séparées », a-t-il conclu.