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TRIBUNE

L’eau douce est rare.

Les mesures piézométriques réalisées dans des forages, puits ou piézomètres sont destinées à mesurer en temps réel avec des moyens modernes, l’état de la ressource en eau en termes de quantité et de profondeur de la surface des nappes, à l’aide d’enregistreurs automatiques inviolables, transmettant par voie hertziennes les données enregistrées en temps réel que notre ministère de l’hydraulique peine à mettre en œuvre faute de volonté et courage politique.

Par Mohamed Belhoucine*

Les mesures piézométriques réalisées dans des forages, puits ou piézomètres sont destinées à mesurer en temps réel avec des moyens modernes, l’état de la ressource en eau en termes de quantité et de profondeur de la surface des nappes, à l’aide d’enregistreurs automatiques inviolables, transmettant par voie hertziennes les données enregistrées en temps réel que notre ministère de l’hydraulique peine à mettre en œuvre faute de volonté et courage politique.

La piézométrie est la mesure de la profondeur de la surface de la nappe d’eau souterraine. Elle est exprimée soit par rapport au sol en m, soit par rapport à l’altitude zéro du niveau de la mer en NGA (Nivellement Général Algérien).

La surface de la nappe correspond au niveau piézométrique. En cas de pompage de l’eau d’un forage, le niveau de la nappe s’abaisse en formant un cône de rabattement.

Le suivi des données piézométriques télétransmises en temps réel part pour chaque puit ou forage témoins sont carrément absentes en Algérie et doivent répondre aux questions suivantes : 

1- Où faut-il creuser le puit ou forage ? 

2- Le nombre de puits ou forages à creuser selon une répartition spatiale optimale bien définie piezométriquement ? 

3- Combien faut-il prélever d’eau par puit ou forage correspondant au renouvellement du niveau la nappe par les eaux de ruissellement ?

L’une des plus grandes nappes Albiennes au monde se trouve en grande partie dans le Sahara algérien s’étendant sur plus de 650.000 km², elle est composée en grande majorité d’eau saumâtre, donc impropre à la consommation humaine sans déminéralisation. Elle contient plus de 50 000 milliards de mètres cubes d’eau, l’équivalent de 50 000 fois le barrage de Beni Haroun qui se trouve à l’est du pays et qui alimente six wilayas limitrophes. Cette eau est le résultat de l’accumulation qui s’est effectuée au cours des périodes humides qui se sont succédé depuis 1 million d’années, donc elle est peu renouvelable à partir des eaux de ruissellement du Nord de l’Algérie.

L’anarchie règne au sein des gros investisseurs pour l’exploitation rationnelle des grandes nappes d’eau en Algérie

L’anarchie règne au sein des gros investisseurs dans le puisage de la nappe albienne du sud algérien répartie majoritairement à 90% en Algérie et 10 % en Libye. Ces gros investisseurs accaparent de grandes quantités d’eau par le biais de gigantesques bassins d’eau alimentés par des pompages dans cette méga nappe albienne phréatique sans études piézométriques préalables, pose non seulement la question épineuse de la destruction de cette nappe phréatique albienne mais la question de l’équité en matière d’accès au précieux liquide par les agriculteurs locaux.

De même les besoins croissants de l’industrie et des populations urbaines et rurales, ne peuvent qu’engendrer l’hostilité de nos populations composées de jeunes à haut potentiel d’instruction qu’indignent le gaspillage à grande échelle de quantités d’eau (les fuites dans les adductions d’eau, l’absence de contrôle piézométrique etc..).

Les pouvoirs publics en Algérie, habillement se défaussent sur le marché (industries aquavores et faux investissements agricoles de façon anarchiques nuisibles aux nappes phréatiques).

Sans la rente pétrolière, le marché en Algérie est incapable à lui seul d’assurer les investissements nécessaires au captage, au traitement (déminéralisation) et à l’acheminement de l’eau vers les lieux de sa consommation.

La marchandisation de l’eau et la vente des ressources d’eau aux prédateurs économiques privés exacerbent les tensions sur cette ressource.

L’eau est un bien commun, ce n’est pas une idée en vogue, c’est la stricte réalité.

L’eau en Algérie, relève de notre « Amne El Kaoumi », exige une véritable politique de planification des besoins et des infrastructures sans laquelle la justice sociale et l’égal accès à la ressource ne sont que des slogans creux et vide de sens. De lourds châtiments doivent être prévus dans note code pénal pour endiguer cette biopiraterie allant jusqu’à la prison à perpétuité

L’eau douce est rare.

La surface de notre planète comporte 97% d’eau salée des mers, Elle n’est donc pas potable sans un processus de désalinisation. L’eau douce ne recouvre que les 3% restants, dont 2% est gelée dans les glaciers, la glace et la neige. 0.75% se présente sous forme d’eau douce souterraine et d’humidité du sol, moins de 0,01 % sous forme d’eau de surface dans les lacs, marécages et rivières. En termes d’eau de surface, le lac Baïkal russe renferme à lui seul 22% de cette eau de surface et les grands lacs africains 29%. L’atmosphère contient 0.04% de cette eau douce. L’eau douce non polluée est la ressource la plus rare représente 0,003% de l’eau totale disponible dans le monde. (Source : Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau en 2022 : eaux souterraines, rendre visible l’invisible).

L’Algérie se situe en queue de peloton à la 143e place dans le monde en termes de ressources en eau non renouvelables par habitant à partir des précipitations, soit seulement 12 km3 (un kilomètre cube équivaut à un milliard de litre). 

En résumé, la majeure partie de l’eau douce du monde est présente sous forme de glace dans les calottes glaciaires 

De nombreuses régions souffrent d’un manque de distribution d’eau douce, comme les déserts.

Pour beaucoup d’entre nous, l’eau courante est quelque chose de banal, que nous remarquons même plus. Pour d’autres humains, c’est une bataille quotidienne. Une famille européenne y consacre 1 à 3 % de son budget. Une famille zambienne 60%. 2 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable. En Amérique latine et en Afrique une personne sur deux. 4 personnes sur 5 n’y ont pas accès à des installations sanitaires correctes, pas même des latrines publiques.

Eau et Tension géopolitique

Une tension géopolitique oppose l’Algérie au Maroc, ce dernier a construit deux barrages d’eau en amont de l’autre côté de la frontière ouest qui ont engendré une diminution du débit de l’eau voir de l’assèchement du barrage Djorf Torba d’Abadla, près de Bechar, l’empêchant de stocker de l’eau pour l’irrigation agricole tout en menaçant la diversité biologique très présente dans la région.

Ce barrage est destiné principalement à contrôler les crues, à stocker de l’eau pour l’irrigation, l’industrie, l’hydroélectricité, la pisciculture et la retenue d’eau potable. L’eau peut-être un facteur belligène (casus belli) entre l’Algérie et le Maroc, compte tenu des besoins de plus en plus grands. C’est la source de toute forme de vie et elle ne peut pas être remplacée. L’eau s’immisce de plus en plus dans la politique internationale et est l’objet de sérieuses tensions géopolitiques. Les Etats sont dominés par de sordides intérêts politiques et oublient que la nature n’a pas de frontière.

*Docteur en sciences physiques. DEA en économie

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