A la une, Contribution, Interviews

ACTUALITES

Jacob Cohen: Trump est conscient que son pays ne plus peut être le gendarme du monde

La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine du 5 novembre et son impact à court et moyen termes sur les questions internationales, ainsi que les derniers développements sur la scène proche-orientale, sont deux thèmes abordées par Algérie54 avec l'auteur e journaliste Jacob Cohen, qui nous a déjà habitué à des analyses pertinentes.

La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine du 5 novembre et son impact à court et moyen termes sur les questions internationales, ainsi que les derniers développements sur la scène proche-orientale, sont deux thèmes abordées par Algérie54 avec l’auteur e journaliste Jacob Cohen, qui nous a déjà habitué à des analyses pertinentes.

Algérie54: Donald Trump s’est autoproclamé 47ème président des USA. Quelle lecture faites- vous au sujet de sa réélection. Sera– t-il un homme de paix ou de guerre?

Jacob Cohen: Il ne faut pas rêver. Il est probable qu’il abandonnera la politique désastreuse des aventures militaires, menées autant par les Républicains que par les Démocrates. Mais de là à en faire un homme de paix… D’abord il tient à restaurer la puissance de l’Amérique. Il est certainement conscient que son pays ne peut plus être le gendarme du monde, que le Sud global s’organise autour du trio Russie-Chine-Inde, que le dollar va progressivement perdre de sa suprématie, que la dette est abyssale. Il cherchera donc par réalisme à trouver des arrangements pour sauvegarder l’essentiel. Rappelons aussi que lors de son premier mandat, Trump avait dénoncé l’accord avec la Russie de limitation des missiles à courte et moyenne portée, dénoncé l’accord nucléaire contre sanctions entre les 5 et l’Iran qui aurait évité les tensions actuelles, poussé aux normalisations avec Israël, qui revenait pour les Etats arabes signataires à admettre le suprémacisme israélien et à renoncer à l’Etat palestinien, cherché querelle avec la Chine sur le plan commercial. Mais accordons-lui le bénéfice du réalisme. 

Algérie54: Le second mandat de Donald Trump serait différent de celui du premier mandat; selon des observateurs. Cette fois-ci, Trump partagera le pouvoir avec les tenants de la technologie futuristes comme Elon Musk. Qu’en pensez-vous?

Jacob Cohen: Le premier mandat de Trump a été pourri par l’establishment démocrate qu’il n’avait pas vu venir ou dont il n’avait pas réalisé la nocivité. Et les réseaux sociaux lui ont mené la vie dure. Twitter avait tout simplement suspendu le compte du président des Etats-Unis. Cette fois Trump s’est mieux préparé. Au niveau électoral en contrant à la racine toutes les tentatives de fraude. Ce qui a déjà donné à sa victoire un caractère incontesté. Son alliance avec Musk peut être considérée comme le prélude à une maitrise, et même à une punition, des autres réseaux sociaux. Le ralliement de Kennedy annonce aussi que Trump va se libérer des grands laboratoires pharmaceutiques qui ont poussé au délire covidiste et des vaccinations. Et enfin, il mettra  un frein à l’arrogance de Hollywood qui impose le wokisme, les théories du genre et autres LGBTismes.

Algérie54: Donald Trump est-t-il en mesure d’éteindre le feu en Ukraine, au Liban et à Gaza?

Jacob Cohen: Ce sera plus facile en Ukraine. L’implication occidentale est un désastre, non seulement sur le plan militaire – le conflit a permis à la Russie de devenir une puissance militaire quasi invincible – mais aussi géopolitique et économique. Le reste du monde se détourne de l’Occident. Et la solution est relativement évidente. Abandonner les 4 provinces à la Russie et accepter la neutralité de l’Ukraine. 

Concernant Gaza et le Liban c’est une autre paire de manches. Trump ne touchera pas à la surpuissance israélienne. La classe politique américaine est acquise à la cause sioniste. Trump pourra arriver plus facilement à un cessez-le-feu à Gaza, mais le mal est fait. Gaza est déjà détruite et son contrôle total restera aux mains des Israéliens. Même schéma à peu de choses près pour le Liban. Quant à la création d’un Etat palestinien, un vrai Etat, il ne faut pas rêver.

Algérie54: Benjamin Netanyahou a limogé son ministre de la défense Yoav Gallant, le jour de l’élection présidentielle US. Quelle lecture faites- vous de cette décision d’un génocidaire qui sacrifia un autre génocidaire?

Jacob Cohen: C’est un vieux conflit entre Netanyahou et son ministre de la Défense. Déjà avant le 7 octobre, le premier ministe avait annoncé le limogeage de Gallant, ce dernier critiquant la non-prépation militaire autour de Gaza, tout en n’envoyant pas la lettre adéquate. Aujourd’hui les tensions entre les deux hommes sont arrivées à un niveau critique. Gallant veut une commission d’enquête sur le 7 octobre, refus de Netanyahou pour des raisons évidentes. Il a mis la question des otages israéliens comme la première priorité, ce que refuse le premier ministre qui craint la fin du conflit et les poursuites judiciaires. Il est pour l’enrôlement des jeunes religieux, refus de Netanyahou qui craint la chute de son gouvernement. Et enfin il y a le fait que Biden avait joué Gallant contre Netanyahou. Aujourd’hui le premier ministre a un boulevard devant lui, il n’y a personne au gouvernement pour lui mettre des bâtons dans les roues. 

Algérie54: Un débat doctrinal oppose actuellement deux tendances en Israel; Pouvez-vous nous expliquer les tenants de ce débat lié à l’existence de l’entité sioniste?

Jacob Cohen: Disons que c’est un débat « artificiel ». Les sionistes ont développé l’art de la controverse sur de prétendues tendances opposées alors qu’ils sont d’accord sur le fond, c’est-à-dire un Etat d’Israël d’essence juive, pratiquant l’apartheid contre les non- juifs, un Etat sans limites frontalières reconnues et, last but not least, le refus de tout Etat palestinien. 95% des politiques juifs israéliens sont d’accord là-dessus. Le reste n’est que littérature, ce qui permet d’énoncer que sans Netanyahou ça irait mieux, alors que celui-ci n’est que le continuateur d’une politique sioniste établie par la « gauche » depuis 1948.

Entretien réalisé par M. Mehdi

Partager cet article sur :

publicité

Articles similaires