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L’UE s’exprime sur les tensions entre Madrid et Alger: Bruxelles appréhende une révision de l’accord d’association

L’Union Européenne, craint-elle la révision de l’accord d’association de l’Algérie avec l’UE ? Il n’est pas exclu que les autorités algériennes opte pour cette option, comme prochaine étape après la suspension ce mercredi 8 juin 2022,du Traité d’Amitié, de Bon Voisinage et de Coopération signé il y a deux décennies.

Réagissant à la décision d’Alger, la  Commission européenne s’est alignée sur la position de Madrid, et exhorte Alger à revenir sur sa décision, selon l’agence ibérique EFE.

La décision d’Alger est «extrêmement préoccupante», a souligné Nabila Massrali, porte-parole officielle de l’exécutif communautaire pour les affaires étrangères. «Nous demandons aux autorités algériennes de reconsidérer leur décision», a-t-elle ajouté.

«L’Algérie est un partenaire important de l’Union européenne en Méditerranée et un acteur clé de la stabilité régionale. Et pour l’instant, ce que nous faisons, c’est évaluer l’impact de la décision d’Alger et des solutions doivent être trouvées par le dialogue et les voies diplomatiques. Nous espérons donc qu’au nom de leur collaboration forte et de longue date, l’Algérie reviendra sur sa décision et travaillera également avec l’Espagne pour surmonter les désaccords actuels», a-t-elle poursuivi.

Le président Tebboune, favorable à la révision de l’accord d’association avec l’UE

En homme d’Etat, ayant acquis une importante expérience au sujet des dossiers économiques, le président Tebboune serait favorable à des partenariats bilatéraux fiables, comme l’Italie, la Turquie, la Chine et la Russie et n’a cessé de plaider depuis sa campagne électorale pour la présidentielle de décembre 2019, pour la révision de l’accord d’association signé avec l’Union Européenne, ayant largement lésé les intérêts économiques du pays.

Lors du Conseil des Ministres tenu le 31 octobre 2021, le président Tebboune avait plaidé pour une approche « gagnant-gagnant ». La révision de l’accord d’association signé en 2002, entré en vigueur en 2005, représente une nécessité, voire une urgence, pour remettre rétablir l’Algérie dans ses droits et mettre fin à une défaveur ayant coûté depuis 2005, plus de 200 milliards d’euros.

Lors du Conseil des ministres tenu le 31 octobre 2021, coincidant avec la date de la rupture de l’approvisionnement du gaz algérien via le GME et avant même la brouille avec Madrid, le président Tebboune avait instruit à l’effet de revoir les dispositions de cet accord, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, « clause par clause » et en fonction d’une « vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant ».

Une évaluation de l’impact de l`Accord sur le commerce extérieur du pays sur 10 ans (2005-2015) conforte ce constat.

Le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) vers l’UE, premier partenaire du pays, n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars (mds USD) durant cette décennie, alors que le cumul des importations algériennes auprès de l’UE s’est chiffré à 220 mds USD, avec une moyenne annuelle de 22 mds USD.

En plus, l’accord a engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de DA aux recettes douanières algériennes durant la même période.

Sur 15 ans (2003-2018), les exportations algériennes HH vers l’UE sont passées de 344 millions USD en 2003 (deux ans avant l’application de l’accord) à 889 millions USD à peine en 2018.

Pourtant, l’Algérie visait, à travers l’accord, de promouvoir ses exportations hors hydrocarbures vers l’Europe et de voir les investissements européens en Algérie croitre.

Dans son article1, l’accord prévoit de « ….développer les échanges, assurer l’essor de relations économiques et sociales équilibrées entre les parties, et fixer les conditions de la libéralisation progressive des échanges de biens, de services et de capitaux ».

« La balance commerciale est très défavorable à l’Algérie. L’accord d’association Algérie-UE n’a généré ni l’investissement direct étranger, qui est pratiquement nul, ni de postes d’emploi et de croissance  économique », constatent de nombreux experts.

En plus d’un déséquilibre grandissant en matière d’échanges commerciaux entre Alger et Bruxelles, l’Algérie n’a nullement capté d’investissement étrangers directs IDE, dignes d’êtres cités et qui s’ajoutent aux insignifiantes exportations. En matière de chiffres, cet accord avait occasionné une perte fiscale de 2 milliards de dollars chaque année.

En décembre 2020, lors de la 12ème session du Conseil d’association avec l’UE, l’Algérie a alors assuré que la révision de l’accord se « fait sur la base de l’équilibre », soulignant « la volonté de dialogue de part et d’autre ».

L’économie espagnole payera la facture de la trahison de confiance de Pedro Sanchez

Nabila Massrali ignore la sensibilité des algériens au sujet des dossiers de souveraineté, et ses déclarations ne feront qu’engendrer de nouvelles sanctions à l’égard du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, appelé à payer une facture salée, dont les effets sur le vie socioéconomique ne tardera pas à se faire sentir. Après la décision du gel des domiciliations bancaires et financières ordonnées mercredi soir par l’ABEF, les entreprises ibériques en activité dans les secteurs du tourisme, services, bâtiment, travaux publics et surtout énergétiques seront exclues du marché algérien, au profit des opérateurs économiques étrangers dont le pays demeure fiable et à la hauteur de la confiance d’Alger.

 

 

 

 

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