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Les enjeux du nouvel ordre mondial en terre africaine

La Chine a réagi ce jeudi par la voix du porte-parole de son ministère des affaires étrangères; aux accusations américano-européennes au sujet du « piège des dettes chinoises » en Afrique, en révélant une liste des données de des gains mutuels de la coopération entre la Chine et l’Afrique.

Le ministère chinois des affaires étrangères réagissait aux déclarations du Secrétaire d’Etat Américain Anthony Blinken qui vient d’effectuer un périple africain qui l’a conduit respectivement en Afrique du Sud, la République Démocratique du Congo RDC et le Rwanda.

Ainsi, il est clair, que le prétexte avancé par les américains et occidentaux est à l’origine des derniers changements survenus au Pakistan et Sri-Lanka. Les occidentaux voient d’un mauvais œil  la destitution le développement des infrastructures en Afrique sous l’impulsion de la Russie et de la Chine , dans le cadre d’intégration afro-asiatique.

Sur ce registre, il est primordial de souligner, qu’une grande partie des pays membres de l’Union Africaine n’avait pas adhéré aux sanctions de la communauté transatlantique imposées à la Russie .

Dans la même optique, le ministre russe des Affaires Etrangères, Sergei Lavrov, avait  entamé le mois dernier,une tournée diplomatique de quatre jours dans les pays africains, en commençant par l’Égypte le 24 juillet, suivie de visites en République démocratique du Congo, en Ouganda et en Éthiopie.

Ce périple africain du chef de la diplomatie russe s’inscrivait dans le cadre de la préparation du second sommet russo-africain, prévu en fin d’année à Addis-Abeba.

En plus de rassurer les partenaires africains sur les livraisons garanties de blé russe et ukrainien et d’autres marchandises dont le continent a désespérément besoin, la tournée de Lavrov a permis de définir une vaste stratégie de développement de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Ouest qui verra la création de vastes zones de libre-échange pour faciliter l’extension de la nouvelle route de la soie et des couloirs de transport nord-sud. Dans le même sillage, il convient de rappeler, que 40 Etats africains ont signé des protocoles d’accord avec l’initiative chinoise « Belt and Road  » (BRI), rejoignant par voie de conséquence 20 Etats arabes.

Moscou et le monde arabe

Avant de fouler le sol de certaines capitales africaines, le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov a été l’hôte de la ligue arabe au Caire. Lavrov a été chaleureusement accueilli par les représentants permanents de 23 nations au siège de la Ligue arabe au Caire, où un large éventail de questions portant sur l’alimentation, l’économie, la diplomatie et la sécurité ont été abordées. Lors de son discours devant la Ligue arabe,, M. Lavrov a déclaré : « Nous sommes au début d’une nouvelle ère, qui serait un mouvement vers un véritable multilatéralisme, et non vers le multilatéralisme que l’Occident tente d’imposer sur la base du rôle exceptionnel de la civilisation occidentale dans le monde moderne. Le monde est bien plus riche que la seule civilisation occidentale. Qui, sinon un grand nombre d’entre vous représentant les civilisations anciennes, devrait le savoir ? Et je pense que le mouvement est inarrêtable. Essayer de le mettre en pause, c’est aller à l’encontre du processus objectif de l’histoire. Cela ne ferait que retarder pour un certain temps la formation éventuelle du véritable monde démocratique multipolaire. » indiquait Lavrov.

Le Caire, la passerelle de la coopération russo-africaine

Pour Moscou, Le Caire est la passerelle par excellence de la Russie vers l’Afrique ,reliant les mondes ouest-asiatique, africain et européen. Ces dernières années, Moscou a travaillé sans relâche pour assurer une relation stratégique avec Le Caire sur une multitude de niveaux, qui joueront un rôle de plus en plus important dans la bataille à venir.

L’Égypte a notamment signé un certain nombre d’accords avec la Russie en vue de la création de zones économiques spéciales (ZES), dont la plus importante se trouve à Port Saïd, où des pièces automobiles seront produites dans une zone de 7,23 kilomètres carrés située à l’extrémité du canal de Suez. Ces ZES (que la Russie a également créées au Mozambique et en Namibie) présentent plusieurs avantages stratégiques et économiques.

Tout d’abord, elles permettent de contourner les sanctions européennes, qui empêchent les entreprises automobiles européennes de fournir la Russie, en envoyant les véhicules dans les ZES africaines où ils sont assemblés et envoyés sous forme de produits finis en Russie.

Deuxièmement, ils incitent à réduire les coûts de la main-d’œuvre. Et enfin, ils facilitent une stimulation plus large de l’essor industriel africain, longtemps handicapé par les financiers occidentaux qui préfèrent garder l’Afrique pauvre, en guerre, et donc plus facilement exploitable.

La dédollarisation en marche

La mise en œuvre réussie de l’accord de libre-échange African Continental Free Trade Area (AfCFTA),  entré en vigueur en janvier 2021, s’inscrit dans cette stratégie russe de faire un pied en Afrique, en vue de concurrencer les puissances occidentales traditionnelles qui ne comptent nullement lâcher du lest au niveau de leurs zones d’influence. Jusqu’à récemment, l’absence de normes économiques, combinée au manque d’infrastructures viables, a maintenu l’Afrique en guerre contre elle-même.

Tout cela a changé avec l’AfCFTA, qui a éliminé 95 % des droits de douane sur le commerce interafricain. En outre, un passeport unifié pour les voyages entre les nations africaines a également été établi dans le cadre de l’Agenda 2063 pour le développement de l’Afrique.

Dans le prolongement des systèmes de paiement alt-SWIFT mis en place par la Russie et la Chine, il convient de noter qu’à compter du 13 janvier 2022, un système panafricain de paiement a été lancé pour permettre aux nations africaines de régler leurs balances commerciales en monnaie locale plutôt qu’en dollars US.

Pour ce qui est de l’Egypte, la ZES parrainée par Moscou et Pékin à Port Saïd deviendra le point le plus concentré d’approvisionnement unifié pour les marchandises produites dans toute l’Afrique et destinées à l’exportation vers la Russie  ainsi que pour les marchandises russes (notamment le blé) vers l’Afrique.

L’Égypte en est aux dernières étapes de la négociation d’un accord de libre-échange entre l’Union Economique Egyptienne et l’Eurasie

Elle a également fait part de son intention de rejoindre les BRICS  le 14 juin dernier. En 2021, l’Égypte est devenue un membre à part entière de la Banque de développement des BRICS.

Du point de vue du développement économique physique, Moscou a fait savoir à toutes les nations africaines que l’accès à l’énergie nucléaire avancée produite par Rosatom (le géant nucléaire d’État russe) sera une priorité absolue. Cela est d’autant plus important que les puissances occidentales ont essentiellement interdit la technologie nucléaire à l’Afrique « noire » pendant des générations dans le cadre d’une politique d’apartheid technologique.

Le transport ferroviaire, en ligne de mire

Le Caire a entamé la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse de 1000 KM, reliant les deux mers, la Méditerranée à la mer Rouge. Cette ligne part d’Ain Sokhna, sur le golfe de Suez, à l’est, traverse la nouvelle capitale administrative (construite avec l’aide de la Chine, à 45 km à l’est du Caire) et aboutit au port d’El Alamin, sur la Méditerranée.

D’autres étapes de ce développement verront le principal port de la mer Rouge connecté à Alexandrie et au port de Matrouh Gargoub, suivi par une connexion entre les villes de Hurghada et Safaga avec Qena et Luxor. La dernière phase verra la connexion de la ville de Six Octobre avec Louxor et Assouan.

Bien qu’il s’agisse de l’un des rares projets ferroviaires au monde à ne pas être directement financé par la Chine, la Russie fournit les wagons tandis que les compagnies ferroviaires allemandes et égyptiennes construisent les lignes. Une fois achevé, ce système réduira de moitié le temps de trajet et diminuera d’au moins 15 % le trafic de marchandises congestionné du canal de Suez.

L’Ethiopie aux avant-postes

Après avoir vaillamment survécu à une révolution de couleur menée par les USA et ses alliés,et après avoir conclu un accord avec l’Érythrée voisine, l’Éthiopie a fait preuve de la plus grande capacité d’autodétermination de tous les États africains ces dernières années.

L’Éthiopie a non seulement réussi à atteindre les étapes finales d’un Grand barrage de la Renaissance (GERD) de 6 200 MW autofinancé, mais a également signé des accords de coopération militaire et économique avec la Chine, qui est le principal investisseur dans le chemin de fer à écartement standard Addis-Abeba-Djibouti de 480 km achevé en 2017

Le corridor ferroviaire africain

En janvier 2022, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a annoncé le soutien de son pays à une extension massive de la voie ferrée kenyane Mombasa-Nairobi, longue de 578 km, vers l’Ouganda, le Sud-Soudan et la RD Congo. Dans le cadre de ce projet, dont le coût est estimé à 5,2 milliards de dollars, le rail sera relié à la ligne d’Addis-Abeba et, de là, à Djibouti et à l’Érythrée.

De nombreux groupes similaires de corridors ferroviaires et énergétiques sont en cours de construction en Afrique et de nombreux critiques traitent encore à tort ces groupes d’intégration régionale comme s’il s’agissait simplement de projets fragmentaires déconnectés de toute vision cohérente plus large.

Bien que la Russie, la Chine et les États partenaires des mondes arabe et africain doivent garder leurs cartes sous le coude, sachant qu’en exposant ouvertement leurs objectifs, ils risquent davantage d’être sabotés par l’Occident, une vision stratégique claire de l’intégration profonde de l’Afrique dans la Nouvelle route de la soie, en pleine évolution, devient visible lorsqu’elle est abordée du haut vers le bas. L’un des programmes les plus inspirants réunissant ces milliers de projets est le chemin de fer transafricain, souvent négligé.

Vers la totale intégration continentale

La Commission intergouvernementale Russie-Soudan a convenu de la participation de la Russie à la construction du chemin de fer transafricain s’étendant sur 8600 km entre Dakar, Port-Soudan et Djibouti. Une fois achevée, cette ligne traversera directement dix nations africaines, dont la plupart sont enclavées (Sénégal, Mali, Niger Tchad, Burkina Faso, Nigeria, Cameroun, Soudan, Éthiopie et Djibouti). La Chine a déjà entamé la première phase du programme, d’un montant de 2,2 milliards de dollars, avec la modernisation de 1228 km de voies ferrées reliant Dakar au Sénégal à Bamako au Mali.

Le chemin de fer transafricain constituera l’épine dorsale du réseau ferroviaire intégré à grande vitesse africain( African Integrated High Speed Railway Network (AIHSRN-RIFV), beaucoup plus vaste, décrit pour la première fois dans le programme de développement de l’Union Africaine pour 2063 .

Dans le cadre de ce programme de connectivité continentale totale, neuf liaisons ferroviaires (certaines à grande vitesse et d’autres à écartement normal) uniraient chaque nation dans un mode de transport cohérent et efficace, tout en stimulant la croissance de nouvelles industries, de fournisseurs de pièces, de secteurs manufacturiers et d’académies de formation.

Des centaines de ponts, de tunnels, de ports et de nouvelles routes seraient également construits, notamment le système de routes transafricaines de 56 600 km, qui a déjà vu des dizaines de milliers de kilomètres de routes pavées et d’autoroutes là où il n’y avait que des chemins de terre ou des étendues sauvages il n’y a pas si longtemps.

La Chine a déjà signé un accord pour réhabiliter toutes les anciennes voies ferrées coloniales entre Dakar et Djibouti, dont la plupart sont tombées en ruine.

Dans le cadre de cette vision élargie, il n’est pas exagéré d’envisager l’extension d’un chemin de fer transafricain à travers les 29 km du détroit de Bab el-Mandeb sur la mer Rouge, qui voit actuellement transiter 30 % de l’ensemble du fret maritime mondial.

Une autoroute ferroviaire reliant Djibouti au Yémen serait un incroyable moteur de renaissance économique et de coexistence pacifique pour les mondes africain et arabe.

Port d’El Hamdania et la transsaharienne

Les mégaprojets du port d’El Hamdania, la Transsaharienne, la Dorsale transsaharienne, constituent l’autre axe de l’intégration région, permettant de booster la coopération économique entre l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie, (via la route Tindouf-Zouirette). La mise en œuvre  Dorsale transsaharienne, pour une meilleures interconnexion d’Internet entre ces pays, et la mise en service des dessertes maritimes Alger-Nouakchott et Alger-Dakar, permettront une meilleure coopération de l’Algérie avec les principaux pays de l’Afrique de l’Ouest.

 

 

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