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Pour s’approprier les gisements de gaz de Gaza: Israël déterminé à exterminer les Gazaouis

Par Khider Mesloub

En 2007, juste avant l’opération militaire « Plomb Fondu » dirigée contre la bande de Gaza, le ministre de la Défense, Moshe Ya’alon, avouait son inquiétude de voir les gisements gaziers découverts en 2000 au large des côtes de Gaza être exploités, au double sens du terme, par le Hamas pour l’aider, sinon à construire un État palestinien indépendant, au moins à financer « ses attaques contre Israël ». Or, le régime sioniste veut s’attribuer l’exclusivité de l’exploitation de ces gisements gaziers, ou à tout le moins, jusqu’à une date récente, en coopération avec le pouvoir fantoche de Mahmoud Abbas, l’Autorité palestinienne. 

Depuis des années l’État sioniste s’active pour trouver un accord sur le gaz de Gaza avec l’Autorité palestinienne. Des négociations sont menées sans le Hamas. Cela dit, le Hamas a toujours averti qu’il rejetterait toute légitimité d’un éventuel accord. Et le régime sioniste est conscient que le Hamas s’opposerait, y compris par les armes, à toute exploitation du gaz de Gaza.

Le ministre de la Défense, Moshe Ya’alon, avertissait déjà à l’époque : « Sans une opération militaire permettant de chasser le Hamas des postes de commande de Gaza, aucun forage ne peut débuter sans l’accord du mouvement islamistes radical ».

Au vrai, depuis la découverte des gisements gaziers, l’entité sioniste craint que, même dans la perspective d’une éradication du Hamas de la bande de Gaza, le contrôle par l’Autorité palestinienne des ressources de gaz n’aboutisse à l’accroissement de la puissance et l’influence de l’État Palestinien. Aussi, pour Israël la solution finale, afin de contourner l’obstruction du Hamas à toute exploitation du gaz par les compagnies israéliennes et contrecarrer l’émergence d’un État palestinien « gazier » puissant rival, est d’annexer Gaza.

Pour rappel, les eaux territoriales palestiniennes recèlent certes un immense gisement de gaz naturel, estimé à 30 milliards de mètres cubes, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Mais d’autres gisements de gaz et de pétrole, selon une carte établie par la U.S. Geological Survey (agence gouvernementale étasunienne), se trouveraient en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie. De quoi nourrir les convoitises de la puissance sioniste impérialiste.

Aussi, tout porte à croire que, si les précédentes opérations militaires sionistes, notamment l’opération Plomb Fondu, avaient pour but l’éradication du Hamas, en revanche l’actuelle ultime opération déclenchée le 9 octobre semble avoir pour objectif l’élimination et l’expulsion des Gazaouis. Il n’est plus question d’éradiquer le Hamas mais d’anéantir physiquement et géographiquement les populations palestiniennes de Gaza. Autrement dit, Israël procède, par sa guerre exterminatrice contre les Palestiniens de Gaza, à un nettoyage ethnique (déplacement des populations gazaouies) et à un génocide.

Nul n’ignore que la question énergétique est devenue, en particulier depuis la guerre russo-ukrainienne, partout dans le monde, l’enjeu capital des États.  Aussi, on mesure mieux les véritables mobiles géopolitiques de cette opération de nettoyage ethnique menée par la bourgeoisie sioniste israélienne, parrainée par les États-Unis, sous prétexte d’éradiquer le Hamas.

On ne s’explique pas autrement cette détermination exterminatrice du pouvoir israélien de mener cette génocidaire guerre contre les Palestiniens gazaouis, sinon par sa vorace volonté mercantile d’annexer définitivement Gaza pour s’approprier les gisements de gaz et du pétrole.

Depuis toujours, la maîtrise de l’approvisionnement énergétique constitue un enjeu majeur pour l’entité sioniste.  Elle lui permet d’assurer sa sécurité en matière énergétique et, surtout, de maintenir les territoires palestiniens dans une situation de dépendance afin de pérenniser son hégémonie, sa suprématie coloniale. Qui contrôle le gaz, contrôle Gaza. Le pouvoir sioniste est déterminé à s’approprier les sources de gaz et de pétrole de Gaza. Et pour pouvoir concrétiser ce projet de spoliation, il doit s’approprier Gaza, quitte à passer sur le corps des Gazaouis, au prix d’amoncellement de millions de cadavres palestiniens.

Cet objectif d’assurer la sécurité en matière énergétique a toujours animé les fondateurs de l’État hébreu. Pour preuve, le tracé des frontières d’Israël a fondamentalement été guidé par des considérations politiques et stratégiques, bien plus que messianiques, bibliques.  Au reste, la Constitution de l’État sioniste est la seule au monde à ne pas fixer les limites de son territoire. Ce qui est conforme au projet sioniste d’expansion inexhaustible. Et conforme également à la déclaration de son fondateur, David Ben-Gourion, « Il ne s’agit pas de maintenir un statu quo. Nous devons créer un État dynamique, orienté vers l’expansion ».

Cette obsession d’assurer l’approvisionnement énergétique d’Israël est tellement ancrée dans les instances dirigeantes sionistes que Golda Meir aimait répéter à ces hôtes occidentaux qui l’a félicité d’avoir conquis la terre promise : « Terre promise ? Quelle terre promise ? Pourquoi a-t-il fallu que Moïse nous guide vers le seul endroit du Moyen-Orient qui soit justement dépourvu de pétrole ! »

Au mois de mai 2023, le Hamas avait publié un communiqué dans lequel il soulignait « qu’il ne permettrait pas à l’occupant israélien d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties ». Ce communiqué s’inscrivait dans le prolongement des multiples manifestations organisées par le Hamas au cours des mois écoulés pour insister sur les droits des Palestiniens concernant les ressources gazières au large de l’enclave de Gaza sous blocus israélien. « Nous mettons en garde l’occupation (Israël) contre toute modification de notre droit à nos ressources maritimes, en particulier le gaz naturel au large de nos côtes », avait déclaré Suhail al-Hindi, responsable au sein du Hamas, chargé du dossier des ressources naturelles. Juridiquement, d’un point de vue légal, le Hamas ne peut exercer aucune mainmise sur le gaz de Gaza, mais parce qu’il contrôle Gaza il peut faire obstruction à toute exploitation gazière par Israël.

Le mois suivant, 18 juin 2023, en riposte, Netanyahou déclarait qu’un comité ministériel, chapeauté par le Conseil de sécurité nationale, devait être formé pour préserver la sécurité et les intérêts politiques d’Israël dans le cadre du projet stratégique relatif au gisement de gaz naturel au large de la Bande de Gaza.

En tout état de cause, Israël a toujours œuvré pour que le Hamas ne bénéficie pas du gaz de Gaza. Y compris par l’éradication du Hamas. Et désormais, depuis le 9 octobre 2023, y compris par l’extermination des habitants de Gaza.

Pour comprendre la raison de la foudroyante riposte (préparée de longue date) israélienne, il ne faut pas porter son regard vers le Hamas, mouvement islamiste créé et soutenu par Israël (que Tsahal peut anéantir en quelques heures), mais vers les ressources gazières et pétrolières maritimes et terrestres de Gaza, un territoire toujours habité par 2,3 millions de palestiniens. De là s’explique l’envergure de l’offensive, jugée naïvement par certains disproportionnée et asymétrique. L’objectif de l’opération militaire n’est pas d’éradiquer le Hamas, mais d’anéantir (par expulsion massive ou explosion mortelle) tous les Palestiniens de Gaza. Aussi, l’opération militaire sioniste n’est ni disproportionnée ni asymétrique, elle est conforme au plan de nettoyage ethnique et de génocide des Palestiniens de Gaza. On n’écrase pas les mouches (Hamas) avec un marteau, et encore moins avec des bulldozers. Si le pouvoir nazi mobilise ses colossales troupes militaires, ce n’est certainement pas pour éradiquer les 200 00 combattants du Hamas (dont il connaît leur identité, leur numéro de téléphone, leur résidence), mais pour exterminer et expulser les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.

Quoi qu’il en soit, il ne faut jamais perdre de vue que la majorité des guerres modernes sentent fortement une odeur de pétrole ou de gaz. L’actuelle guerre sioniste menée contre Gaza, ce camp de la mort, sent le gaz à plein nez, jusqu’à asphyxier mortellement les Gazaouis, victimes de la rapacité coloniale génocidaire des Israéliens. Ces sociopathes pour qui les Palestiniens, déshumanisés, sont des animaux.

Comme je l’ai indiqué dans un précédent article publié cet été, depuis la formation du gouvernement fasciste israélien l’objectif de l’État sioniste est de régler définitivement la « question palestinienne » pour réaliser le grand rêve de la création d’un État purement juif du Jourdain à la mer. De la mer de Gaza, en particulier, qui recèle, comme indiqué plus haut, d’immenses gisements gaziers dont Israël veut s’en emparer.

De quelle manière compte-t-il réaliser le grand rêve du Grand Israël ? Politiquement, par l’abandon explicite de toute solution « à deux États ». Militairement, par la déportation massive, y compris par la perpétration d’un massacre de masse, de la population palestinienne. Qui peut réaliser ce projet d’expansion territoriale et d’expulsion massive des Palestiniens, sinon des partis néo-fascistes et ultrareligieux pétris d’un racisme décomplexé et animés de violence meurtrière désinhibée, actuellement installés au pouvoir. C’est-à-dire des psychopathes.

Personne n’est sans savoir que la classe dirigeante israélienne est la plus machiavélique du monde. Son pouvoir de nuisance n’est plus à démontrer. Mais sa puissance de manipulation est encore plus méphistophélique. En matière de collecte d’informations et de machinations, la réputation des services de sécurité israéliens n’est plus à faire.

Comment peut-on croire que les services de sécurité israéliens qui surveillent, en permanence, quasiment tous les dirigeants, hommes politiques et chefs d’entreprises, journalistes et intellectuels de tous les pays, via leurs multiples logiciels espions et agents secrets introduits dans toutes hautes sphères étatiques et économiques, n’ont pas détecté les préparatifs de l’attaque du Hamas, une organisation placée sous haute surveillance par tous les agents de renseignements du monde occidental ?  Depuis dimanche 29 octobre nous en avons la preuve de la complicité (duplicité) du gouvernement israélien. L’ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid a avoué avoir reçu des informations de la part des services de renseignement avant l’attaque du Hamas. D’après lui, son successeur Benjamin Netanyahou les avait également réceptionnés. Mettant à nu la théorie de la défaillance des services secrets israéliens.

Selon certains observateurs, tout porte à que, pour les besoins de la cause expansionniste territoriale et appropriation des gisements gaziers et pétroliers gazouis, Israël aurait mené sur son territoire une opération sous faux drapeaux, opération déléguée au Hamas. Ou, plus exactement, comme le note un analyste canadien, il aurait pris le contrôle d’une opération initiée par le Hamas pour la retourner contre le mouvement islamiste et Gaza. Cette hypothèse avancée également par moi dès le 7 octobre semble plausible. À plus forte raison au fur et à mesure des révélations de certains dirigeants israéliens. Notamment de la dernière en date, celle de l’ancien ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, qui a révélé avoir transmis en main propre à Netanyahou un document secret l’informant des intentions du Hamas de passer à l’offensive. Ce document a été publié lundi 30 octobre 2023 dans le plus grand quotidien payant du pays, Yediot Ahraronot. Ce document décrit précisément le scénario de l’attaque du 7 octobre avec l’offensive sur des villages israéliens, le risque de prise d’otages et les limites de la barrière de sécurité.

En tout cas, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire où la bourgeoisie aura été autant machiavélique que méphistophélique. En 1941, pour rallier la population américaine à la décision de l’entrée en guerre des États-Unis la bourgeoisie a orchestré Pearl Harbor. Le 7 décembre 1941, l’armée japonaise attaquait par surprise (?) la base américaine de Pearl Harbor à Hawaï, faisant 2 400 morts et provoquant l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Tous les historiens sérieux reconnaissent que le président américain Franklin Roosevelt, averti de l’imminence de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, avait choisi délibérément le silence, comptant sur ce choc pour convaincre ses compatriotes d’entrer en guerre.

En 2001, la bourgeoisie américaine machiavélique réitèrera l’opération avec l’attaque surprise (surprenante) du World Trade Center, pour justifier la deuxième guerre contre l’Irak. Nous savons aujourd’hui que la CIA en 2001 était avisée des projets d’attentats ourdis par le groupe terroriste Al-Qaida. Cependant elle a laissé les deux avions percuter les tours sans remords.

De même que la CIA ne pouvait pas ignorer les préparatifs de l’attaque échafaudée par Al-Qaida, de même les services de sécurité israéliens ne pouvaient ignorer l’opération du Hamas. À l’époque, au lendemain de l’attaque surprise de New York, la Maison Blanche déclenchait aussitôt la « riposte vengeance », en brandissant le fallacieux prétexte d’armes de destruction. Aujourd’hui, la bourgeoisie israélienne déclenche pareillement sa riposte vindicative génocidaire, en brandissant le fallacieux prétexte des « bébés décapités » et des « femmes violées », de la menace terroriste destructive représentée par le Hamas. Une organisation islamiste que l’État terroriste d’Israël a toujours soutenue et financée via le Qatar et d’autres pays.

En tout cas, curieusement, le 7 octobre, 2000 combattants du Hamas franchissent sans encombre la frontière israélienne la plus sécurisée et protégée du monde. Durant 6 heures, ils livrent leur « attaque surprise (surprenante ?) sans rencontrer la moindre résistance de la part de l’armée la plus efficace et équipée du monde (aucun hélicoptère ni avion de combat n’a décollé pour neutraliser les assaillants palestiniens). La suite tout le monde la connaît. La riposte est à la hauteur du scénario ourdi. Les troupes militaires israéliennes sont déjà quasiment installées à Gaza. Gaza est en ruines. La population gazaouie décimée ou déportée. Les éphémères combattants du Hamas volatilisés, livrant la population civile gazaouie aux bombes génocidaires sionistes. En tout cas, les principaux dirigeants du mouvement islamiste sont à l’abri, bien au chaud au Qatar ou dans d’autres pays arabes.

Peut-être que Netanyahou, le nouveau messie des sionistes sanguinaires, adeptes de la solution finale, pourrait, avec l’aide des puissances impérialistes occidentales, réaliser la prophétie de Golda Meir : avoir une terre approvisionnée en gaz et en pétrole, le territoire de Gaza, en voie d’annexion définitive par Israël.

Bientôt des plates-formes, made in Israël, pourraient s’ériger au large de la bande de Gaza. Ces plates-formes seront, symboliquement, remplies toujours du sang des Palestiniens, des Palestiniens gazaouis sacrifiés sur l’autel des gisements gaziers, des futures colonies israéliennes installées à Gaza.

Prochaine opération de nettoyage ethnique en préparation : la Cisjordanie qui recèle aussi bien du gaz que du pétrole. Henry Kissinger aimait rappeler : « Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations ». Israël semble vouloir contrôler le gaz et le pétrole de Gaza et de la Cisjordanie, non pour contrôler ces deux villes, mais pour détruire définitivement la nation palestinienne, en lui appliquant la solution finale.

 

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