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Pourquoi l’Occident soutient inconditionnellement l’entité

Par Mil Boumaza
Notre liberté est incomplète sans la liberté du peuple palestinien » Nelson Mandela
« Compliqué, complexe, inextricable, … », autant de qualificatifs qui reviennent immanquablement lorsqu’on évoque le cas palestinien, du moins du côté des occidentaux. Qu’en est-il réellement ? Quid de sa genèse ? De sa finalité ? 
La création d’Israël est en réalité la conséquence directe de la 1ère guerre mondiale. Dès la fin du 19ème siècle, à la faveur de l’avènement de la 2ème révolution industrielle, la mécanisation de l’industrie s’étant largement introduite dans les pays développés avait fait du pétrole une ressource hautement stratégique. Devenu un enjeu de suprématie tant industrielle que militaire, aussitôt une véritable course aux gisements s’est-elle enclenchée entre les puissances occidentales.
L’Allemagne prit une certaine avance en concluant un accord avec l’Empire Ottoman, qui s’étendait à un Moyen Orient où se concentraient les plus grands gisements découverts. Dès 1903 débutent les travaux de construction d’un chemin de fer devant relier Berlin à Bagdad (le Bagdadbahn), et en 1912, l’Allemagne obtient une concession en Mésopotamie.
Tout ceci, bien évidemment, n’est pas du goût des puissances rivales, l’Angleterre et la France, qui, en outre, considèrent cette région comme entrant dans leur sphère exclusive d’influence. S’ensuit une série de chantages et d’actes de sabotage jusqu’au déclenchement de la 1ère guerre mondiale.
Pour affaiblir l’Empire Ottoman (allié de l’Allemagne durant la 1ère guerre), qui contrôle encore le Moyen Orient, l’Angleterre entre en contact avec Hussein Ben Ali, roi du Hedjaz et protecteur de La Mecque. Avec la France, elle lui promet un grand territoire regroupant la majeure partie du Moyen Orient (promesse qui ne sera bien entendu jamais tenue car le projet est précisément de créer de petits États rivaux, aisément contrôlables). Ensemble ils décident de former des groupes de combattants arabes. Pour manipuler les troupes bedouines arabes, elle recrute par ailleurs un spécialiste du monde arabe, Thomas Edward Lawrence, surnommé Lawrence d’Arabie.
Le 16 juin 1916, le roi Hussein lance un appel à l’insurrection arabe. Moins d’un an après, en mars 1917, le sultan Mehmet V est vaincu. Quelques mois plus tard, le 2 novembre 1917, est signée la déclaration Balfour proclamant « l’établissement d’un foyer national juif ».
Entre temps, les accords Sikes-Picot de mai 1916 partageaient en secret l’Empire Ottoman : la France obtenait la Syrie, le Liban et l’Angleterre s’octroyait tous les autres territoires.
En échange de l’établissement d’un « foyer juif » en Palestine, les promoteurs sionistes s’engageaient à constituer l’avant-garde, les représentants et les défenseurs des intérêts occidentaux dans la région. C’est pourquoi ils eurent le soutien des principales puissances, chacune comptant un grand nombre de ressortissants « juifs » sionistes devant garantir leurs intérêts respectifs. Toutefois, le projet n’eut pas le succès escompté, l’immense majorité des juifs européens et américains refusant de quitter leur pays.
Il faudra attendre la fin de la 2ème guerre mondiale pour qu’enfin un grand nombre de juifs décident de fuir l’Europe et de se réfugier en Palestine. L’Occident chrétien faisait ainsi d’une pierre deux coups : il se rachetait ou feignait de se racheter de ses crimes envers les juifs européens (les séfarades, quant à eux, vivant de tout temps en bonne intelligence avec les populations arabes) et d’autre part s’assurait les bons offices de ses ressortissants pour garantir ses intérêts.
L’on comprendra dès lors les rapports ou liens ombilicaux entre les grandes puissances et l’entité, dont le projet d’essence coloniale est intrinsèquement lié à l’impérialisme, à son destin, et donc à sa survie.
Sans doute nous objectera-t-on qu’il y avait eu, à un moment de l’histoire de cette région, un ou deux royaumes hébreux, et qu’à une certaine époque tout ce beau monde aurait quitté, comme un seul homme, cette contrée, laissant ces terres vacantes.
Vraiment ? Tout un peuple, la population de tout un territoire, emportant tous leurs biens dans leurs baluchons ? Et à combien d’âmes se chiffrait donc ce second exode ? Des centaines de milliers, des millions ? Cela Dieu seul le sait. S’ils se chiffraient à moins d’une centaine de milliers, alors leur territoire ne devait pas s’étendre au-delà d’une ville moyenne.
Soit. Admettons qu’un tel mouvement de population ait pu avoir lieu sans qu’aucun document historique ne le rapporte et qu’il n’ait provoqué des guerres de résistance d’autochtones contre ce qu’ils considéreraient, à juste titre, comme une invasion. Notez au passage, en guise de comparaison, l’émoi que suscitent quelques poignées de migrants qui abordent sur les côtes européennes.
Quoi qu’il en soit, qu’est-ce qui, dès lors, empêcherait nos morisques (qui se sont établis pour partie à Oran, Tlemcen et à Bejaïa) de revendiquer l’Andalousie, ou les Français (descendants des Francs germaniques) de réclamer une partie de l’Allemagne d’où ils sont originaires, ou encore les Européens de s’accaparer l’Inde entière puisqu’ils se réclament d’ascendance indo-européenne, etc, etc ?
Ainsi, ce fameux (pour ne pas dire fumeux) « droit de retour » ne resiste ou ne saurait se justifier ni par les faits historiques (les ashkénazes, qui représentent plus de 90% de la population de l’entité, sont d’origine khazar, un peuple d’Asie du sud-est), ni par le droit positif et encore moins par la raison. Quant au droit naturel (liberté, propriété, résistance à l’oppression), il est manifestement et, dirions-nous, naturellement, du côté des Palestiniens.
Nonobstant, ce fantasmagorique « droit de retour » est défendu, soutenu contre toute évidence et avec la dernière énergie par les États impérialistes, notamment ceux qui ne se sont toujours pas résignés à faire le deuil de leur empire déchu. Car sans doute, inconsciemment ou consciemment, dans un coin de leur sombre âme (où ce chant aux sirènes trouve écho), caressent-ils le doux rêve de reprendre leurs paradis perdus.
Du reste, ces États, sponsors inconditionnels du sionisme, ne se résoudront en aucune façon à perdre pied dans cette région éminemment stratégique, qui renferme près de 45% des réserves mondiales d’hydrocarbures. Et ils employeront les plus bas et vils stratagèmes pour diviser la région, dont c’est l’une des missions de l’entité, et affaiblir, voire détruire les États susceptibles d’émerger comme une puissance et toutes les velléités d’union ou de leadership pouvant unifier les rangs. Il y a va de leur survie.
C’est pourquoi, régulièrement, des aéroports, des infrastructures etc syriennes sont la cibles de frappes israéliennes. Et il y a quelques décennies, la destruction des installations nucléaires irakiennes, ou plus récemment les assassinats de scientifiques iraniens ainsi que d’autres opérations participent de cette volonté d’entraver le développement des pays arabes et de créer le chaos dans la région.
Quant à une solution de paix, cette idée n’entre pas même dans l’esprit d’un colonialiste car ce dernier, dont le projet est de prendre votre terre, doit (se) convaincre qu’elle lui appartient ou, à tout le moins, qu’il s’agit d’une terra nullius (on récuse et on dénie à ce jour le droit de l’Algérie d’avoir une Histoire, comme le colon marocain nie celle des Saharaouis et par là même leur existence). Votre existence étant ainsi niée jusqu’à ce qu’il réalise son objectif, plus lors question de droits et donc de paix puisque celle-ci doit se conclure avec quelqu’un, CQFD…, combien même il s’agit d’un Mahmoud Abbas, représentant de l’autorité palestinienne et pourtant réputé plus modéré que les plus modérés.
Rien de bien surprenant donc que, selon ce paradigme, les suppôts de l’OTAN, dont le logiciel est l’archétype de leur créature, s’assoient allègrement sur les principes démocratiques et autres miroirs aux alouettes pour nier tout droit aux peuples qui ne sont jamais consultés, ceux-ci n’existant pas de toute manière, et se considèrent propriétaires de la Terre entière. C’est donc bien une guerre de l’OTAN contre le peuple palestinien à laquelle nous assistons.
Est-ce à dire que tous les Israëliens sont fondamentalement mauvais, racistes, ennemis du genre humain, etc. Nous nous opposons à toute généralisation et essentialisation des peuples. Il y a des juifs non seulement pro-palestiniens mais également anti-sionistes qui appellent rien de moins qu’à la disparition de l’entité. Certes ceux-ci sont peu connus car n’ayant aucun accès aux médias. Mais faut-il s’en étonner lorsqu’on considère la conception de la liberté d’expression que s’en font les occidentaux ?
Pour les promoteurs sionistes quels qu’ils soient ainsi que les impérialistes, les peuples ne sont que des outils que l’on utilise et manipule pour des desseins qui leur sont si hors de leur portée que combien même ces desseins sont portés à leur connaissance, ils ne se résolvent à y croire.
Ainsi aussi bien Daech que les Juifs immigrés en Palestine servent le même agenda (créer le chaos et détruire les pays récalcitrants) et constituent la chair à canon ou les boucs émissaires dans les projets coloniaux et impérialistes. Du reste, pour ces deux groupes en particulier, le prétexte où motif principal invoqué est la religion pour leur « enrôlement ».
Or rien n’est plus opposé à l’Islam que d’assassiner des innocents, le Coran déclarant sourate 5, verset 32 : « (…) quiconque aura tué un innocent, c’est comme s’il avait tué l’humanité entière « . Le prophète Mohamed (asws), dans sa prise de la Mecque avait par exemple interdit que l’on s’en prenne aux hommes désarmés, etc et de ne pas même abattre un animal ou un arbre. Saladin (Salah Eddine Ayoubi) avait diligenté son médecin personnel au chevet de Richard Cœur de Lion, terrassé par une fièvre qui allait l’emporter. Quant à l’Émir Abdelkader, dont l’exemplarité en tant que chef guerrier et ainsi que l’humanisme ont suscité le respect et l’admiration de ses ennemis mêmes, il est aujourd’hui une figure internationale reconnue mondialement, ayant inspiré la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre.
En ce qui concerne la décision de créer un État national juif, sa mise en œuvre constitue, du point de vue de la croyance juive, une véritable rébellion contre Dieu. Car cet État ne peut avoir lieu que lorsque Dieu l’aura permis en envoyant le Messie comme signe de Son accord. C’est pourquoi les Juifs se considérant Israëliens encourent Sa colère et Sa malédiction ainsi que celle des hommes et ne sauront trouver la paix tant qu’ils persévéreront dans leur rébellion.
Du reste, il n’aura échappé à aucun croyant que Dieu a toujours protégé, favorisé les peuples faibles et opprimés, notamment par les puissants de ce monde : Pharaon contre les esclaves Hébreux, les Quraych contre les convertis à l’Islam dont un grand nombre d’esclaves, parmi lesquels Bilal (raa), le plus célèbre d’entre eux.
Or aujourd’hui, Israël serait bien plus le pendant de l’Égypte pharaonique. En effet, à quel statut peuvent être relégués les Palestiniens, à qui aucun droit n’est accordé et dont les vies peuvent être prises sans forme de procès par les colons sionistes, si ce n’est celui d’esclaves ? Ne sont-ils pas, dès lors, la réincarnation des Hébreux d’autrefois et le David contre Goliath ; Israël représentant par ailleurs la Babylone et la Sodome et Gomorrhe bibliques (avec ses défilés gay pride) ?
Des pseudo-intellectuels, a(r)gentés par leurs commanditaires, ont commis des théories de clash de civilisations, véritables caricatures simplistes, voulant ainsi essentialiser, à vrai dire stigmatiser, des peuples entiers et dans lesquelles, en seconde lecture, y transparaît en réalité l’idée implicite et inavouée de hiérarchisation issue de l’esprit racialiste occidental. Or toutes civilisations, nous en sommes convaincus, se valent, certaines cultures étant plus ou moins spiritualistes ou proches de la nature que d’autres ou encore plus matérialistes.
Si donc guerre de civilisation il devait y avoir, force est de constater qu’il s’agit d’une guerre menée par des impérialistes pour la survie de LEUR civilisation (leurs privilèges exclusifs à vrai dire) fondée sur la rapine, la spoliation, le double standard, le racisme, le génocide. Or, ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est autre que la tentative pour perpétuer ce système et la lutte de peuples qui aspirent à une part de prospérité de ce monde et au droit à l’existence contre des États coloniaux qui le leur dénient. Il est temps que cela cesse.

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