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December 10, 2025

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Bombes au phosphore sur Gaza

Par Nora Abdelkrim

L’organisation Human Rights Watch a publié, le 12 octobre, à  Beyrouth, un rapport accusant les forces armées israéliennes d’utiliser des bombes au phosphore blanc à Gaza et au Liban, les 10 et 11 octobre. HRW en apporte la preuve par des  videos  et des   témoignages qui montrent de multiples explosions aériennes sur la ville de Gaza et sur deux zones rurales le long de la frontière Israël-Liban.

L’utilisation   des   bombes   à   phosphore   blanc   par   les   forces   armées   israéliennes   viole   la   loi humanitaire internationale qui veut que les parties en conflit prennent toutes les précautions pour protéger les civils.

En 1980, en effet, l’usage des munitions incendiaires contre les populations civiles   est   interdit   par   une   convention   des   Nations   unies   ainsi   que   par   le   droit   humanitaire international,  prenant  sa  source  dans   les  Conventions  de  Genève,  qui   proscrit   toutes  armes  ne faisant pas la distinction entre les civils et les combattants. Cependant, les textes entretiennent un certain flou.

Le phosphore blanc, comme le napalm, est une substance chimique utilisée dans les obus, les bombes   et   les   roquettes,   qui   s’enflamme   lorsqu’elle   est   exposée   à   l’oxygène   et   dégage   une température   de   815°C.

Les   armes   incendiaires   comme   les   bombes   à   phosphore   ne   sont   pas explicitement interdites par la loi internationale ni considérées comme des  armes chimiques car elles agissent par  la chaleur et le feu et non par toxicité chimique. Le phosphore blanc provoque des brûlures profondes. Si tous les fragments ne sont pas  enlevés de la blessures,   ils  peuvent  à  nouveau   s’enflammer   au   contact  de   l’oxygène.  Les   personnes  qui survivent à leurs blessures – une brûlure de 10 % du corps est fatale – en subissent toute leur vie les conséquences physiques et psychologiques.

Les débris au sol sont, également, un danger permanent pour les populations civiles. Ces armes ont été utilisées au cours de l’histoire des guerres modernes pour brûler les structures civiles, les récoltes ou tuer le bétail et les populations civiles dans diverses parties du monde L’utilisation par les forces militaires israéliennes du phosphore blanc pose à nouveau, selon HRW, la question du réexamen du statut et de la pertinence du Protocole III de la Convention sur les armes conventionnelles (CCW) actuellement la seule loi dédiée à l’utilisation des armes incendiaires.

La Palestine  et  le   Liban  sont   signataires du   Protocole  III,   tandis  qu’Israël  ne   l’a  pas   ratifié. Le Protocole III interdit l’utilisation des bombes incendiaires dans les zones de « concentration de population », comme Gaza.

Cependant, il n’interdit pas totalement les bombardements  dans ces zones, d’une part, et, d’autre part, il considère comme armes incendiaires   les armes dont « la première   fonction »   est   de   brûler   les   biens   et   les   personnes,   excluant,   donc   les   munitions multifonctions  si elles sont utilisées comme écran de fumée, même si elles  provoquent les mêmes effets incendiaires. « Human Rights Watch, comme de nombreux États signataires de la CCW,  recommande   de   combler   ces   lacunes   et   de   renforcer   les   restrictions   d’utilisation   des   armes  incendiaires sol-sol » rappelle HRW.

L’organisation humanitaire soutient totalement l’appel aux États signataires à discuter de cette question lors de la réunion de la Convention sur les armes conventionnelles (CCW), en novembre prochain.

Les États-Unis qui n’ont signé la convention qu’en 2009,  ont utilisées les munitions incendiaires dans   toutes les guerres qu’ils ont provoquées ou menées dans le monde, de juin 1944, dans le Pacifique pour la prise de l’île de Tinian,  pendant la bataille de Normandie (Saint-Nazaire), sur les villes allemandes (Berlin, Hambourg, Dresde) et japonaise, contre l’Armée démocratique de Grèce, en 1949, ou  encore pendant la guerre de Corée et jusqu’en Irak, à Falloujah, en novembre 2004 malgré la présence de la population civile, en passant, bien sûr par le  Vietnam dont le nord fut dévasté dans le cadre de la « stratégie de la terre brûlée ».

On se souviendra, notamment, de la photo qui fit scandale à l’époque, de « la petite fille au napalm », la jeune vietnamienne Phan Thi Kim Phuc. L’armée française a utilisé, également, le napalm en Indochine, pour la première fois, lors de la bataille de Vinh Yên, le 17 janvier

Elle en a fait une arme de destruction massive en Algérie, dès 1956, et dans le cadre du Plan Challe, dans les Aurès particulièrement, de 1959 à 1962. Elle vise, alors, « des structures diverses, des rassemblements de troupes, des grottes, des villages qui  auraient   dû   être   vides   et   parfois   des   convois   terrestres »,   selon   les   historiens   Renaud   de Rochebrune et Benjamin Stora (La guerre d’Algérie vue par les Algériens –  tome 2, Ed.Denoël, 2016) Ce n’est pas la première fois que les Israéliens, utilisent ces munitions. Selon HRW, du 27 décembre 2008 au 18 janvier  2009, pendant l’opération « Cast lead » (Plomb durci), Tsahal a tiré environ 200 bombes au phosphore sur les zones peuplées de Gaza.

Elles ont utilisé des projectiles  de 155mm M8225E1 qui ont la particularité de disperser les projectiles dans un rayon de 125 mètres, dans toutes   les   directions.

Le  ministre israéliens des Affaires étrangères   avait   déclaré,   alors,   qu’il s’agissait de tir-écrans de fumée. Cependant, HRW avait constaté des dizaines de blessés dans les six sites  où l’organisation avait  enquêté, dont des infrastructures  civiles tels qu’une école, un marché, un entrepôt de matériel humanitaire et un hôpital.En 2013, en réponse à une plainte devant la Haute Cour de Justice israélienne sur les attaques contre Gaza, l’armée a déclaré qu’elle n’utiliserait plus de phosphore dans les zones peuplées, à l’exception de deux situations qu’elle ne révélerait qu’à la justice. Selon la juge Edna Arbel, les conditions  « rendraient   l’utilisation  du   phosphore   blanc   extrêmement  exceptionnelle   dans   des  circonstances   très   particulières ».  Elle  appelait  Tsahal  à   mener   « une   enquête   approfondie   et complète » et à adopter une directive militaire permanente.

Source: https://www.hrw.org/news/2023/10/12/questions-and-answers-israels-use-white-phosphorus-gaza-and-lebanon

 

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