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December 8, 2025

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Ahmed Mizab: Le retrait de Wagner, offre à l’Algérie une opportunié stratégique, pour rétablir le rythme sécuritaire dans le Sahel

La région du Sahel est de nouveau au devant de la scène d'actualité internationale, après l'annonce du retrait de l'entreprise militaire russe Wagner qui opère depuis quelques années au Mali en soutien à la junte militaire de Bamako. Pour mieux saisir ce revirement, Algérie54 est allée interroger, l'expert Algérien sur les questions sécuritaires, Ahmed Mizab.

La région du Sahel est de nouveau au devant de la scène d’actualité internationale, après l’annonce du retrait de l’entreprise militaire russe Wagner qui opère depuis quelques années au Mali en soutien à la junte militaire de Bamako. Pour mieux saisir ce revirement, Algérie54 est allée interroger, l’expert Algérien sur les questions sécuritaires, Ahmed Mizab.

Algérie54: l’entreprise militaire privée russe Wagner vient d’annoncer son retrait du Mali, après quatre années de présence opérationnelle à côté des Forces armées maliennes FAMA. Quel est l’impact de ce nouveau développement, selon vous?.

Ahmed Mizab: évoquer le retrait de Wagner du Mali, n’exclut pas l’existence de développement plus large au sujet de la présence militaire russe en Afrique. Le retrait de Wagner n’est nullement un simple retrait d’unités opérationnelles, mais une fin d’un cycle de présence d’opérations non réglementaires, et le début d’un nouveau mode de l’influence russe, via l’Etat et non des concessionnaires. Wagner était un instrument non officiel, pour établir un équilibre dans des zones vulnérables, devient ensuite un fardeau politique après la mort de Evgueni Prigojine, transformé en un groupe para-gouvernemental au sein de l’entreprise “Afrique” relevant du ministère russe de la Défense. Le Mali était l’un des laboratoires de ce changement.

Le retrait de cette façon et rapidement sans une annonce graduelle et progressive et sans une enene commune avec le Conseil militaire malien, révèle des indices de fortes et réelles tensions, soit pour des raisons financières ( contrats non honorés, et de nouvelles revendications) ,des raisons de renseignements( différend au sujet des objectifs et deméthode de travail) , ou des raisons politiques ( changement de la position russe d’un total soutien à une pression pour une solution négocié) et qui s’ajoutent aux développements sur la scène ukrainienne, nécessistant la prise d’un ensemble de mesures pour la redistribution des cartes. Nous sommes dans une nouvelle phase de redéploiement et non un retrait total.

Algérie54: Certains médias estiment que le retrait de Wagner est un coup dur pour la junte militaire au pouvoir à Bamako, alors que des sources occidentales soulignent des négociations difficiles pour le maintien du groupe russe au Mali et prévoient la chute imminente du régime . Qu’en pensez-vous?

Ahmed Mizab: le retrait constitue un double choc, sur le plan sécuritaire , le groupe Wagner, représentait la première ligne de protection face aux attaques des groupes terroristes de la Jnim dans la région du Sahel. Wagner détenait d’importants atouts en matière de renseignements tactiques, et des opérations aériennes. Aujourd’hui, la junte militaire perd cette carte, sans avoir une alternative. Evoquer, la chute du pouvoir à Bamako, est trop exagéré à moyen terme. L’armée malienne détient toujours la mainmise sur les institutions de l’Etat, encouragée par l’absence d’une opposition inerne organisée capable de combler le vide. Le danger réel est purement interne et réside dans le conflit des différents courants au pouvoir, en particulier dans l’absence d’un projet politique consensuel, dans la foulée de la hausse des pressions économiques et du blocus régional, l’impasse de la période de transition. La Russie pousse vers un rééquilibre, et non la chute du régime, et mise sur un partenaire à réguler dans un agenda d’inérêts, et non un appareil militaire qui glisse vers l’aventure individuelle et l’explosion interne.

Algérie54: l’Algérie conserve une position de premier ordre dans l’équation sécuritaireau Sahel, liée à sa position géographique , ses capacités militaires, et ses relations équilibrées avec les différentes parties maliennes. Quel rôle pourrait jouer l’Algérie dans les changements que connaît la région du Sahel, devenue un terrain d’affrontement d’influences?

Ahmed Mizab: L’Algérie est appelée aujourd’hui à passer du stade de l’observaion à l’influence directe. Le vide engendré par le retrait de Wagner , la fragilité de l’influence française, et le flou de l’approche américaine, offre à l’Algérie une opportunié stratégique, pour rétablir le rythme sécuritaire dans le Sahel via trois axes.

1- sur le plan sécuritaire en haussant la cadence de la coppération bilatérale avec les armées de la région, en particulier les armées du Niger, du Mali et du Burkina Faso, en lançant descycles de formation, échange de renseignements et la mise en oeuvre d’opération de coordination au niveau des frontières sans opter par l’inervention directe, dans le cadre de la sécurisation préventive anicipée.

2- Sur le plan politique, la récupération de l’initiative diplomatique, via un retour au rôle de garant du règlemen des litiges, en particulier, la redynamisation des accords d’Alger et la constitution d’une alliance de médiation entre les parties de l’intérieur et des parties étrangères comme la Russie, la Chine , la Turquie et certains pays du Golfe, pour éviteer une explosion généralisée

3- Sur le plan sratégique, il est primordial la remise en oeuvre de la vision nord-africaine de la sécurité sahélienne, et la remise aussi des mécanismes des pays riverains ( Algérie, Niger, Mali, Mauritanie et Tchad) bénéficiaires d’un mandat africain. L’Algérie dispose de la capacité, mais elle est appelée à utiliser de nouveaux outils plus fléxibles, associant les acteurs actifs locaux du Sahel, les communautés et les élites locales.

Algérie54: le retrait de Wagner, pourrait-t-il accélérer le retour des parties maliennes à la table de négociations et les accords d’Alger?

Ahmed Mizab: oui, mais avec des conditions. Le retrait de Wagner affaiblit la logique de la solution militaire adoptée par le conseil militaire, et lui impose à repenser aux instruments de la domination au nord avec les mouvements des Azawads. Cela pourrait ouvrir une fenêtre pour la solution politique, mais pas de retour aux accords d’Alger sans réviser la façon de la la mise en oeuvre de ses clauses et d’associer l’élément arabe et azawadi équitablement, ainsi que la levée de l’interdiction sur certains anciens chefs signataires des accords d’Alger, et la présentation de garanties onusiennes . L’Algérie est appelée à reconstituer les composantes du dialogue et imposer un délai, comme seuil , convaincre Moscou pour soutenir le processus au lieu de parier sur un processus parallèle. Les changements actuels créent une opportunité inouie, nécessistant une action diplomatique anticipée, pression poliique intelligente et force de dissuation axée sur la neutralité dynamique.

Entretien réalisé par M.Messaoudi et Z.Habibi

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