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Eventuelle adhésion de l’Algérie au Brics: inquiétude occidentale

Les déclarations du président Tebboune au sujet d’une éventuelle adhésion de l’Algérie au Brics à l’occasion de l’entrevue accordée à la presse nationale, suscitent l’intérêt de la presse internationale, particulièrement française et ses relais algériens.

L’intervention du président Tebboune du 23 juin dernier, devant les chefs d’Etats des pays du Brics, à savoir, la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, en plus des 12 autres pays, qui aspirent à intégrer cet ensemble, est un signe avant-coureur des intentions d’Alger, se sortir du joug économique occidental qui a causé un important préjudice au processus du développement de l’Algérie, et l’accord d’association signé avec l’Union Européenne, en est une parfaite illustration.

En effet, le président Tebboune  a rappelé à cette occasion, lors de son allocution devant le Sommet des Brics, « l’impératif de veiller à l’instauration d’un nouvel ordre économique où règneront parité et équité entre pays » : « Nos expériences passées nous ont montré que le déséquilibre enregistré sur la scène internationale et la marginalisation des pays émergents au sein des instances mondiales constituaient une source d’instabilité, de manque d’équité et d’absence de développement », insiste le président Tebboune.

La vision de Tebboune, partagée par le  président chinois Xi Jinping

Le président chinois Xi Jinping est convaincu que l’Algérie apportera du sang neuf au Brics, n’en déplaise aux puissances coloniales et leurs supplétifs. Sur ce registre, Le président chinois Xi Jinping déclara « Nous devrions rejeter les jeux à somme nulle et nous opposer conjointement à l’hégémonie et à la politique de puissance . L’apport de sang frais insufflera une nouvelle vitalité à l’intégration des BRICS et augmentera sa représentativité et son influence ». Et là, il faut souligner, le communiqué de l’ambassade de Chine à Alger, qui annonce le soutien de Pékin à l’adhésion de l’Algérie au Brics. Une future candidature pour les Brics aurait tout son sens, surtout que l’Algérie ait été le premier pays de la région Mena à intégrer l’initiative des nouvelles routes de la soie de la Chine. C’est également le pays africain avec  un volume d’échange avec la Chine le plus important,  une Algérie qui demeure la première cible des investissements directs chinois sur le continent.

C’est en 2018 déjà que les experts ont parlé de l’éventualité  de l’adhésion algérienne aux Brics. Ils considéraient que le partenariat avec la Chine « donnait ses fruits » et permettrait à terme de « relier l’Asie et l’Afrique ».  la Transsaharienne et les autres projets phares entre la Chine et l’Algérie ont permis  l’entrée de l’Algérie dans le groupe des « nations émergentes ». L’Algérie a la possibilité d’intégrer les BRICS avant 2030 d’autant que la Conférence diplomatique a, avant tout, des enjeux économiques. A ce niveau, l’Algérie poursuit la même stratégie que les autres pays du bloc à savoir un marché stable grâce à une sûreté du territoire infaillible, de grandes réserves de devises et une diplomatie souverainiste appuyée par une grande puissance militaire. L’Algérie est également une puissance énergétique dont la production et les revenus (gaz, pétrole, fer, phosphates et ciment) sont majoritairement contrôlés par l’Etat. Sur le plan financier et commercial, l’Algérie a fait flotter sa monnaie pour la dernière fois en 2011. Et malgré la chute des réserves de devises, elle reste la première en Afrique avec 174 tonnes d’or et plus de 43 milliards de dollars de réserves, où elle dépasse respectivement l’Afrique du Sud et l’Angola. Quant aux échanges commerciaux, l’Algérie est le 5e pays africain exportateur et le 3e pays importateur. Loin d’être une économie fermée, donc, en dépit des clichés.

La Russie sur les pas de la Chine

A l’instar de la Chine, la Russie est plus que favorable à l’adhésion de l’Algérie au Brics. Dans un récent article, Algérie54 avait évoqué les déclarations d’expert et homme d’affaires russe Konstantin Sokolov et Mikhail  Lyapin au sujet de cette éventualité.

Pour Konstantin Sokolov, l’Algérie fait partie des pays opposés à l’hégémonie monopoliste. « Il est clair que l’Algérie n’est pas un petit pays. Elle ne joue pas un rôle décisif dans l’arène politique mondiale, mais elle est un exemple pour de nombreux autres pays » note  Konstantin Sokolov.

Abordant dans le même sens, l’homme d’affaires russe Mikhail  Lyapin  est convaincu que l’Algérie commencera à dicter ses conditions à l’Union européenne dès qu’elle rejoindra les rangs des BRICS. « Jusqu’à présent, le principal marché d’exportation de l’Algérie a été l’UE, mais apparemment l’Algérie soupçonne que si le cheval est mort, alors elle devrait définitivement s’en aller et s’unir à d’autres pays en développement non occidentaux, les plus grands exportateurs de ressources naturelles en le monde », conclut l’homme d’affaires russe. Lire: https://algerie54.dz/2022/08/03/algerie-brics/

Les occidentaux ont tenté de saborder les liens étroits entre Alger et Moscou au sujet de la question du gaz, en jouant sur une « rivalité énergétique » démystifiée à coups de nouveaux accords de défense, d’armement et de visites bilatérales. La prochaine visite du président Tebboune à Moscou, suite à une invitation de son homologue russe Vladimir Poutine, marquera un nouveau tournant dans le raffermissement des relations stratégiques entre les deux pays, dans une conjoncture internationale annonciatrice d’un nouvel ordre mondial.

Inquiétude européenne

L’annonce par le président Tebboune d’une éventuelle adhésion de l’Algérie au Brics, n’a pas tardé à faire réagir Paris via ses larbins médiatiques, qui tentent de faire croire aux algériens, que l’Algérie ne remplit pas les conditions pour faire partie de cet ensemble qui représente 42% de la population mondiale et cumule plus que la moitié de la croissance économique dans le monde. Les voix et plumes prêtées tentent de maintenir le statut imposé à l’Algérie, à savoir un marché, et jamais un partenaire économique. Les réponses nous viennent sur ce registre de l’évaluation de l’accord d’association signé avec l’Union Européenne, qui a pompé près de 300 milliards de dollars en une décennie, issus des revenus des hydrocarbures, sans apporter une avancée aux algériens en matière de relance de la machine de production, d’investissements ou de transfert de technologie. Les projets de partenariat annoncés en grande pompe, constituaient un mécanisme à la limite de la légalité pour le transfert des devises vers les capitales occidentales.

Pour l’Algérie, les expériences passées ont montré les difficultés de l’intégration régionaliste. Les rapports avec la France et l’Espagne, par exemple, changent souvent et rapidement.  D’un autre côté, l’Algérie a une vision diplomatiques en Afrique et en Méditerranée, congrues avec la vision des BRICS. Entre autres : le transfert technologique dans le secteur énergétique, non-alignement avec l’Occident et prédominance des rapports gagnant-gagnant avec les pays qui ne sont pas des voisins immédiats.

En conclusion, il ne fait pas de doute qu’Alger observe avec attention les conséquences des tensions entre la Russie, la Chine et l’Occident. L’OTAN qui s’est improvisé gendarme du monde ne cesse de s’étendre. L’Algérie, elle, « continue d’adopter une politique de neutralité et veille à s’exclure des tensions qui opposent les différentes parties », selon le chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chengriha. L’adhésion à un bloc anti empire permettra à cette neutralité de porter ses fruits sur la scène internationale, et fera de l’Algérie, une puissance diplomatique diplomatique et économique  à la hauteur de ses potentialités et ses ambitions du nouveau millénaire.

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