L’Algérie a vécu ces derniers jours d’intenses activités, liées à son rôle d’Etat-pivot dans le règlement des conflits, marquant par voie de conséquence le retour tonitruant et fort remarqué de sa diplomatie sur la scène internationale.
Réunifier les palestiniens, autour d’une action commune pour l’édification d’un Etat souverain
En septembre 2020, le président de la république Abdelmadjid Tebboune avait annoncé la couleur en condamnant le recours de certains pays arabes à la normalisation avec l’entité sioniste, au détriment de la cause palestinienne et avait promis que l’Algérie jettera de tout son poids pour aider les palestiniens à réunifier leurs rangs autour d’une action commune, en vue de recouvrer leur droit pour l’édification d’un Etat Palestinien sur leurs terres spoliées. Une action commune accompagnée d’une offensive internationale destinée à stopper la colonisation et à permettre à la Palestine de devenir un membre à part entière au sein de l’Organisation des Nations Unies. Les efforts de l’Algérie avaient tous les efforts de réussir dans la mesure ou elle jouit d’une grande confiance au sein des différentes factions palestiniennes, d’un grand estime et d’amour au sein du Peuple Palestinien, d’un grand héritage historique en matière de lutte contre le colonialisme et l’impérialisme. L’Algérie est également la mieux indiquée en raison d’un statut de pays qui n’a jamais fait de la cause palestinienne, un fonds de commerce politique, ou avait opté pour la surenchère, ou partielle en soutenant une partie palestinienne contre une autre. L’Algérie demeure d’ailleurs le seul pays arabe qui n’a jamais coupé ses aides au Peuple Palestinien malgré les dures conjonctures qu’elle avait vécues.
Et pour réussir, cette entreprise de réunir les frères palestiniens, le président Tebboune avait souligné que les efforts de l’Algérie ne rivalisent pas avec les efforts menés par certains pays arabes qui ont abrité les dialogues inter-palestiniens comme l’Egypte, et avait exigé que la question palestinienne sera la question centrale du Sommet arabe d’Alger prévu les 1 et 2 novembre. Pari risqué et gagné, puisque le dialogue inter-palestinien tenu les 11 et 12 octobre avait abouti à la signature de la déclaration d’Alger ce jeudi 13 octobre, sachant que le ton avait été donné à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, en juillet dernier, avec cette accolade entre le président palestinien Mahmoud Abbas et le président politique du mouvement Hamas Ismael Haniyeh, signant par voie de conséquence la fin de leur rupture datant de 15 ans.
La Déclaration d’Alger, une lueur d’espoir pour les palestiniens

La Déclaration d’Alger signée ce jeudi par 15 factions palestiniennes, sont les principales à savoir, le Fatah et le Hamas, suscite déjà l’espoir chez les populations palestiniennes de la bande de Ghaza et la Cisjordanie, qui vit au rythme d’une nouvelle Intifada, en réponse à la répression et aux violations quotidiennes des Lieux saints de l’Islam par les colons et l’armée sionistes. La déclaration d’Alger, devrait être fortement soutenue par le prochain Sommet Arabe d’Alger, prévu les 1 et 2 novembre prochain, par la relance du plan de paix arabe issu du sommet de Beyrouth 2002 et de l’initiative de paix arabe du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, préconisant la paix avec l’ennemi sioniste contre les terres arabes spoliées en 1967. Les efforts arabes devraient aussi être accompagnés d’une large offensive internationale, visant en premier lieu l’organisation des pays Non-Alignés, l’Union Africaine, et l’ONU, dont les présidents en exercice et SG, seront présents à l’occasion de la tenue du sommet arabe d’Alger. Cette offensive diplomatique devra être orientée aussi vers les amis en Amérique Latine, en Asie, et en Europe et aux USA, au niveau de la société civile pour mettre à nu les pratiques du régime d’Apartheid de l’entité sioniste, et de montrer au monde entier, les souffrances du Peuple Palestinien endurées depuis 1948, soutenues par le silence de la communauté internationale et le déni du droit international, via la non-application des résolutions internationales accordant le droit au Peuple Palestinien d’édifier son Etat souverain sur ses terres spoliées dont la capitale El Qods Echarif.
Le CEMOC, relancé

Ce jeudi 13 octobre a été également marqué par la tenue d’une rencontre à Alger regroupant les chefs d’états-majors des armées d’Algérie, Mali, Mauritanie, et Niger du Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint ( CEMOC), rehaussée par l’audience accordée par le président Tebboune qui accorde un intérêt particulier à la sécurité de la région du Sahel. Sur ce registre, il faut noter que l’Algérie a tout le temps plaidé pour le bannissement de l’intervention et la présence militaires étrangères. Le temps a donné raison à cette approche, les opérations Serval et Barkhane, menées par l’armée française au Mali, Niger et Burkina Faso, ont été un total flop, dans la mesure ou la menace terroriste n’a jamais été éradiquée, et l’instabilité politique et sécuritaire se sont amplifiées, privant les populations des pays de la région du Sahel de la paix au développement.
Pour le moment l’approche algérienne demeure réaliste, à la hauteur des attentes des Peuples de cette région loin de l’intervention étrangère. L’Algérie préconisait une lutte sans merci contre la menace terroriste, le départ des forces étrangères et surtout la mise en oeuvre d’un plan d’intégration régionale garantissant le droit au développement pour les populations de ces pays. L’Algérie a déjà lancé d’importants projets structurants à l’image de la route Transsaharienne, la Dorsale Transsaharienne, le gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe via le Niger et l’Algérie, et la route Tindouf-Zouirette, destinés à sortir de nombreuses régions de l’isolement, en plus de la création de milliers d’emplois et de la relance de l’activité économique. Ces projets seront bientôt soutenus par la création de zones de libre-échange au Sud du pays au niveau des frontières avec la Mauritanie, le Mali, le Niger et même la Libye.
Par ailleurs, il faut noter qu’a l’occasion de l’audience qu’il avait accordée aux chefs d’états-majors des armées de la Mauritanie, Mali et Niger, le président Tebboune a réitéré la détermination de l’Algérie à promouvoir ses relations avec les pays membres du Comité, notamment à travers sa contribution à la stabilité politique et sécuritaire dans la sous-région.
“le Président de la République a mis l’accent sur le caractère historique et fraternel des relations qui lient les pays membres de ce Comité, et sur la détermination de l’Algérie à promouvoir ces relations à la hauteur des attentes des peuples de la sous-région, notamment à travers sa contribution à la stabilité politique et sécuritaire dans la sous-région, en se basant essentiellement sur le principe du rejet de l’ingérence étrangère, l’encouragement du dialogue interne et la sauvegarde de l’intégrité territoriale et la cohésion nationale des Etats” indique un communiqué du MDN.
A ce titre, “le Président de la République a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités dans la sous-région conformément aux résolutions de l’ONU, notamment à travers davantage d’accompagnement et d’assistance aux Etats du Sahel, et ce à l’effet d’aboutir à un développement durable et à des solutions locales qui permettent de vaincre les difficultés et les problèmes socio-économiques, ceux-ci étant parmi les causes profondes et véritables de la dégradation de la situation sécuritaire dans la sous-région”.
Il est à souligner que “la tenue de cette session extraordinaire du Conseil des Chefs d’Etat-Major des pays membres du CEMOC, s’inscrit dans le cadre d’une initiative amorcée par l’Algérie en vue de redynamiser le mécanisme de coopération et d’interopérabilité entre les pays membres du CEMOC, et ce à travers l’examen et l’adoption de nouveaux projets de textes juridiques”, relève le communiqué.
“Cette session constitue également une opportunité pour l’échange de points de vue et d’évaluations sur la situation sécuritaire prévalant dans la sous-région”, a souligné la même source.
Une solution à la crise libyenne, en 2023?

L’Algérie a accueilli les mardi et mercredi dernier le e président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Yunus Al-Menfi , honoré par l’audience qui lui a accordée le président Tebboune. Ce dernier réitéra la position constante de l’Algérie favorable à une solution libyenne, issue d’un dialogue inter-libyen, que l’Algérie est prête à l’abriter, dans le cadre de l’application des résolutions de la communauté internationale. Sur ce plan, il convient de rappeler que l’Algérie a toujours condamné l’ingérence et l’intervention étrangères, se positionnant pour des élections présidentielles et législatives démocratiques et libres, dégageant des institutions démocratiques et représentatives de toutes les franges de la société libyenne, susceptibles du retour à la stabilité politique, à la paix et au développement.
A l’occasion de l’audience qu’il avait accordée ce mercredi au président du Conseil présidentiel libyen, Abdelmadjid Tebboune a formé le vœu, de voir la crise libyenne trouver une voie de solution en 2023, affirmant que l’ensemble des pays amis et frères étaient convaincus que “les élections sont l’unique solution”.
“Nous souhaitons que 2023 soit l’année du règlement de la crise libyenne et marquera la fin de la tragédie du peuple libyen, permettant ainsi à ce pays frère de retrouver sa stabilité, exploiter ses ressources et avancer vers le développement et la prospérité”, a indiqué le Président Tebboune, dans une déclaration conjointe avec Mohamed Yunus Al-Menfi au sortir de leur entretiens au siège de la Présidence de la République.
“Nous sommes optimistes, car tous nos amis occidentaux et nos frères sont, aujourd’hui, convaincus que la crise libyenne ne saurait trouver une voie de solution sans l’organisation des élections dans le respect de la volonté des Libyens sans ingérence étrangère aucune”, a poursuivi le Président Tebboune.
Et d’ajouter dans ce sillage, “nous sommes entièrement mobilisés pour la prospérité du peuple libyen et la stabilité de la Libye et appuierons le mode de gestion choisi par les Libyens lors de la nouvelle étape”.
Affirmant que la position de l’Algérie à l’égard de la situation en Libye demeure inchangée, le Président Tebboune a rappelé que l’Algérie avait plaidé pour “une solution libyenne, seule garante de la stabilité, de la prospérité et de l’essor en Libye, à savoir se référer au peuple libyen pour exprimer son choix et conférer la légitimité à celui qui le représente dans le monde à travers les urnes”.
En résumé, ces derniers jours ont été riches en enseignements pour la diplomatie algérienne qui gagne de plus en plus de poids en matière de règlement des conflits régionaux dans un monde en ébullition, augurant une nouvelle ère dans la géopolitique internationale qui ne reconnaît pas les faibles.