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Ainsi, l’Algérie a privé la France de ses rêves coloniaux

Par Tarek Benaldjia 

La France a finalement restitué les 24 crânes de résistants algériens opposés à la colonisation et entreposés au musée de l’Homme à l’Algérie, “Ils ont été privés de leur droit naturel et humain à l’enterrement depuis plus de 170 ans. A annoncé jeudi, le président Abdelmajid Tebboune.

 

Ces crânes, tant attendus à Alger ce vendredi 03 juillet, revêtent une portée hautement symbolique, à deux jours des célébrations anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

La requête officielle avait été émise par les autorités algériennes en décembre 2017.

C’est finalement grâce au travail minutieux de l’archéologue et historien algérien « Ali Farid Belkadi », que le processus a été rendu possible.

En 2011, le chercheur a identifié 68 crânes ayant appartenu à des combattants anticolonialistes algériens dans ce célèbre musée situé au cœur du Trocadéro à Paris.

Les autorités françaises avaient pris pour habitude, à l’époque coloniale, d’envoyer en métropole, les têtes décapitées de ceux qu’ils considéraient comme des ennemis, pour les entreposer, leur conférant la valeur d’un trophée de guerre.

A l’issue de ses travaux d’identification, Ali Farid Belkadi, a pris l’initiative de rédiger une pétition réclamant « rapatriement en Algérie des restes mortuaires de résistants algériens conservés dans les musées français ».

Parmi les têtes momifiées, figurent notamment « les crânes appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit « Chérif Boubaghla », à Cheikh Bouziane, chef de la révolte des « Zaatchas », à Moussa El-Derkaoui, à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui », précise la pétition.

Une conservation qui indigne
L’historien dénonce, par ailleurs, dans son texte le « sort indigne qui est fait à la mémoire de ces vaillants guerriers de l’Algérie » et demande qu’ils puissent être « dignement enterrés dans leur sol natal ».

Pointant du doigt des « manquements détestables aux règles morales les plus rudimentaires », Ali Farid Belkadi pointait du doigt une pratique « qu’aucune culture, aucune croyance, aucune piété, ne saurait admettre ».

Pour autant, c’est quasiment 10 ans plus tard, qu’enfin, cette pratique qui interroge, tant sur sa pertinence que sur son objet, va être partiellement réparée.


Des précédents illustrent le caractère raciste de certaines conservations

Si le processus de restitution est relativement fastidieux avec notamment l’obligation de passer par une loi pour déclassifier les objets, il a déjà été utilisé en France.

La première restitution concerne « Sarah Baartman », la Venus Hottentote, symbole incontestable du racisme Français.

Née en Afrique du Sud, elle est la servante d’un homme avec lequel elle part en exil à Paris au début du XIXème siècle, où elle deviendra une véritable attraction.

Exhibée devant les européens pour son physique et sa morphologie différente de la leur mais typique du peuple africain, elle sera envoyée en Angleterre, en Hollande et finira sa vie en France.

Pendant des années, des Européens, ont payé pour la voir, exposée comme un animal dans un zoo, véritable attraction pour les occidentaux.

Pendant des décennies, l’Afrique du Sud a réclamé en vain la restitution de sa dépouille, mais les autorités françaises lui ont opposé de multiples refus, invoquant le patrimoine culturel inaliénable du pays.

C’est finalement en 2002, que Sarah Baartman peut enfin retrouver sa terre natale pour y reposer en paix, inhumée dignement selon les rites traditionnels de son peuple.

La France traîne des pieds dans la restitution des œuvres d’art pillées à l’Afrique

Si en 2018, un rapport diligenté par l’Elysée, préconisait la restitution d’une grande partie des œuvres d’art spoliées à l’Afrique durant la période coloniale, les démarches sont loin d’être entamées.

Emblème de la mauvaise volonté de la France, « le sabre d’Omar Saïdou Tall » annoncé comme restitué au président sénégalais Macky Sall en 2019.

L’annonce, faite en grande pompe, de ce geste symbolique du gouvernement français n’était en réalité qu’un leurre puisqu’il ne s’agit que d’un prêt de cinq ans…

Dans sa communication publique, Paris a évidemment passé ce détail important sous silence.

« Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique » avait pourtant affirmé « Emmanuel Macron » lors d’un discours à Ouagadougou en 2017.

Dans un tel contexte qui rend la vie dure aux rêves  de l’extrême droite française et malgré les tensions politiques croissantes entre la l’Algérie et la France, le succès du gouvernement algérien est donc à saluer. On peut déjà prévoir un bel avenir pour la nouvelle République algérienne. 

Cette redécouverte et cette revalorisation par les responsables politiques de notre pays de leur indépendance et de leur espace géopolitique comme clé de la plupart de nos problèmes avec la France, provoquera le retour de l’Algérie dans le concert des nations, s’y engageant suivant des calculs d’intérêts complexes et en utilisant des moyens et stratégiques spécifiques, caractéristiques d’une puissance régionale. C’est la découverte de la conscience, la Renaissance de cette mémoire, la reconstruction de cette identité dont -il s’agit dans cette restitution par la France, des crânes de nos valeureux chouhadas qui a été une lutte inlassable entre le bien et le mal.

Et, plus important encore, nous avons pris la décision sans équivoque de ne plus être soumis à la tutelle, comme ce fut le cas durant la colonisation.

 

                     «Vive l’Algérie souveraine et digne Gloire à nos Martyrs ».

 

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