La présidente du Conseil Italien Georgia Meloni, effectuera une visite d’Etat en Algérie les 22 et 23 janvier, une visite qui scellera un partenariat stratégique entre deux pays méditerranées, liés par l’histoire et le bon voisinage.
Si les questions politiques, comme le conflit ukrainien, la Libye, le Sahel, le Sahara Occidental, la situation au Proche-Orient, la lutte antiterroriste et l’immigration, seront au centre des pourparlers entre le Président de la république Abdelmadjid Tebboune et la Première ministre italienne Georgia Meloni, il en demeure que les deux parties accordent un intérêt particulier au renforcement de la coopération économique, ciblant en premier lieu les secteurs de l’énergie, l’agriculture, l’agroalimentaire et l’industrie automobile. C’est dans ce cadre que la préparation de cette visite s’est déroulée dans la sérénité, comme l’indiquent les intenses activités de l’ambassadeur d’Algérie à Rome Abdelkrim Touahria.
Ce dernier a eu au cours de la semaine dernière deux entretiens avec respectivement le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, et le préfet de Rome, Bruno Frattasi, au cours desquels ils ont passé en revue l’état de la coopération bilatérale, notamment les dossiers qui pourraient faire l’objet de discussions durant cette visite.
Coopération stratégique dans le secteur stratégique
Compte tenu de la fiabilité du partenaire italien, bien soulignée par le président Tebboune, à maintes reprises, comparée à celle de l’Espagne qui avait trahi la confiance d’Alger, il est clair que les deux parties convergentes au sujet du renforcement de la coopération bilatérale, s’attèleront à l’occasion de la visite de Giorgia Melon, à mettre en œuvre de nouveaux jalons dans le raffermissement du partenariat stratégique entre les deux pays. Compte-tenu de la poursuite du conflit ukrainien et ses répercussions sur l’approvisionnement du Vieux Continent en énergie, il est clair qu’Alger et Rome profiteront de cette conjoncture pour donner un nouvel élan à ce partenariat soutenu par la convergence des points de vue politiques. Ainsi, il n’est pas exclu que l’Italie sera promue à devenir un hub gazier, dans la perspective de l’augmentation des capacités de production gazière de l’Algérie, via le gazoduc Galsi d’une capacité d’au moins 8 milliards de mètres cubes par an reliant l’Algérie , à la Sardaigne puis jusqu’aux côtes de la Toscane.
Il devait être opérationnel en 2012, mais les choses ont duré longtemps, à la fois pour des raisons multiples liées à l’Italie qui aspire aujourd’hui à devenir un hub gazier, dans une conjoncture compliquée marquée par la volonté des européens de se débarrasser de leur dépendance énergétique à l’égard de Moscou dans le sillage du conflit ukrainien. L’objectif du projet était « de fournir une nouvelle source d’approvisionnement en gaz naturel au marché italien et européen dans le but de contribuer au progrès économique et au bien-être de la communauté en garantissant la sécurité de l’approvisionnement énergétique « .
Sur ce plan, il convient de souligner que l’Italie, via ses interconnexions et adductions des gazoducs reliant l’Europe à la Russie, pourrait constituer une alternative pour réduire la tension sur l’approvisionnement en gaz, et alléger les craintes européennes, sachant que cette option ne constituera nullement une alternative pour remplacer le gaz russe dont la capacité d’approvisionnement de l’Europe est de 155 milliards de M3.
Le choix de l’Italie constituera en revanche, un coup dur pour l’Espagne qui vient de signer un traité avec la France, et qui comptait sur ses terminaux de regazéification pour se positionner comme un acteur incontournable, en tant qu’hub gazier pour l’approvisionnement du Vieux Continent.
L’Italie pourrait saisir l’opportunité de la proposition faite par le président Tebboune au sujet de l’exportation de l’électricité, à l’occasion de la visite de l’ancien président du Conseil italien Mario Draghi à Alger.
Aujourd’hui et compte tenu des derniers rebondissements, les italiens n’en peuvent qu’à prendre au sérieux la proposition du président Tebboune du lancement d’une coopération stratégique en matière d’électricité. Sur ce registre, il est à rappeler que l’opérateur français en électricité EDF avait annoncé qu’il cessera ses exportations en électricité à l’Italie. Des exportations qui tournent autour de 5% des besoins de la Péninsule Transalpine.
L’Algérie compte réaliser un câble électrique sous-marin de 270 km entre Annaba et la Sicile. Le câble sous-marin sera réalisé en parallèle avec le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie (Sicile) via la Tunisie, connu sous le nom de gazoduc Transmed-Enrico Mattei.
En somme, une réponse aux multiples appels de l’Italie en vue d’assurer, notamment une continuité d’approvisionnement suffisante en électricité. Un projet qui devrait être confié au Groupe Sonelgaz qui envisageait de produire 22 000 MW d’électricité verte, à partir des ressources renouvelables, d’ici 2023.
À cet égard, les deux parties se seraient mises d’accord pour la réalisation de ce projet devant connecter les deux rives de la Méditerranée. Dans sa déclaration, l’ancien président du Conseil italien Mario Draghi avait soutenu que «les pays du sud de l’Europe peuvent ainsi former, avec ceux du nord de l’Afrique, un hub d’électricité produite à partir du gaz, ainsi que de sources renouvelables». Une entente algéro-italienne ayant tout pour aller au-delà des hydrocarbures.