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December 7, 2025

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L’Allemagne déjà en récession?

Dans son bulletin mensuel publié ce 19 septembre et cité par l’AFP la Bundesbank, banque centrale d’Allemagne, estime que le pays est entré dans une phase de «baisse nette, généralisée et durable» de son économie dans un contexte de forte augmentation du coût de l’approvisionnement en énergie des entreprises.

La sortie de la Bundesbank intervient sans le sillage des rapports des principaux instituts de conjoncture économique allemands,qui avaient prédit une récession dans le pays dès cette année.

Dans sa note à la tonalité pessimiste, l’institut monétaire estime que les «signes de récession se multiplient» pour l’économie allemande et qu’ils sont dus pour l’essentiel aux «conditions générales de l’offre économique – en particulier l’approvisionnement énergétique – qui se sont considérablement détériorées à la suite de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine». La Bundesbank explique par ailleurs que l’inflation toujours en hausse – près de 8% en août – et l’incertitude sur les approvisionnements énergétiques ainsi que leurs coûts vont affecter les secteurs «énergivores» dépendant notamment du gaz, en lésant leurs exportations et leurs investissements, «mais aussi la consommation privée et les fournisseurs de services qui en dépendent».

Elle prévient aussi qu’après l’arrêt des livraisons de gaz russe à l’Allemagne, dont le pays dépendait à 55% avant la guerre en Ukraine, la situation de l’approvisionnement pour cette énergie fossile «sera extrêmement tendue dans les mois à venir».  Recul sensible du PIB au 4e trimestre L’institut monétaire basé à Francfort prédit aussi qu’après sa modeste hausse de 0,1% au deuxième trimestre, le produit intérieur brut allemand devrait «sensiblement reculer au quatrième trimestre [et] probablement au premier trimestre de l’année à venir». L’Allemagne serait alors officiellement en récession. Pour sa part, le président de l’influente Banque centrale allemande, Joachim Nagel, avait livré début septembre un pronostic similaire, jugeant «possible» une entrée en récession à la fin de cette année et au début de 2023, un certain nombre d’éléments penchant selon lui pour ce scénario.  L’un des principaux instituts de conjoncture allemands, l’IFO à Munich, a dit la semaine dernière tabler sur une récession technique au premier trimestre 2023, avec une chute de 0,4% du PIB, après un recul attendu de 0,2% au quatrième trimestre 2022.

Arcelor Mittal ferme deux aciéries

Conséquence de la rupture d’approvisionnement en gaz russe, l’industrie germanique est très affectée au même titre que les ménages appelés à affronter un rude hiver avec des prix du gaz naturel supérieurs de plus de 100 dollars par mégawattheure, augurant un retour  vers le Moyen Âge. Déjà ,les forêts sont coupées pour faire du bois de chauffage.

L’Allemagne, qui voit ses entreprises souffrir de factures d’électricité élevées, a  déja enregistré la fermeture de deux acièries appartenant au géant Arcelor Mittal.

L’Allemagne signe des contrats à long terme pour le GNL américain afin de se sauver, bien qu’elle doive trouver un endroit pour tout stocker. Pour cette raison, elle devra construire de nouveaux terminaux pour traiter ces cargaisons rapidement.

Mais ces mesures auraient dû être prises il y a des années, ou du moins mises en place avant l’annonce des sanctions russes. L’Europe n’avait pas d’As dans sa manche.

« Nous nous attendons désormais à une récession prolongée plus profonde et à une inflation élevée plus persistante en raison de l’impact de la hausse des prix de l’énergie, d’un cycle de resserrement plus décisif de la Banque centrale européenne et d’une demande… plus faible », indiquent les économistes de Barclays Capital dirigés par Silvia Ardagna.

La Banque centrale européenne a relevé son principal taux de prêt de 75 points de base à 1,25 % la semaine dernière. Ce taux reste historiquement bas. Mais l’économie européenne s’est tellement habituée à des taux proches de zéro que les liquidités vont commencer à se tarir avec la hausse du coût du capital. Tous les traders sur marge vont réfléchir à deux fois avant d’acheter des titres avec un effet de levier, entre autres.

La récession dans la zone Euro : l’ampleur ?

Barclays prévoit une récession dans la zone euro au quatrième trimestre qui persistera jusqu’au deuxième trimestre de 2023, avec une contraction de 1,7 % du PIB réel. Certains pays seront moins bien lotis que d’autres.

Barclays a revu à la baisse les taux de croissance de la France (2023 : -1,2%), de l’Espagne (-1,6%), de l’Italie (-2,1%) et de l’Allemagne (-2,3%). L’Allemagne sera la pire en raison de sa forte dépendance au gaz russe et des goulets d’étranglement dans le transport du gaz en Europe. La plupart des gazoducs proviennent de Russie. L’Italie est le deuxième pays le moins performant, car elle est fortement dépendante du gaz naturel pour produire de l’électricité, puisqu’elle l’utilise pour environ 50 % de sa production. Ces facteurs signifient que l’Allemagne et l’Italie sont plus susceptibles de faire face à des pénuries physiques, tandis que la crise énergétique représente davantage un choc de prix pour la France et l’Espagne, ont écrit vendredi les économistes de Barclays.

L’inflation en Europe devrait culminer à 9,3 % au quatrième trimestre. Selon Barclays, les moteurs nationaux de l’inflation à moyen terme semblent désormais plus faibles qu’en juin, en raison du ralentissement de la demande et de la stagnation des revenus réels.

Les Européens vont dépenser beaucoup en carburant. Les prix du gaz naturel ont augmenté d’environ 170 dollars par mégawattheure au cours des 12 derniers mois. Aux Etats-Unis, nous mesurons le prix du gaz naturel par unité thermique britannique. Vendredi, les prix ont clôturé à 8,81 dollars par million de BTU pour le contrat à terme le plus proche, tandis que le gaz naturel européen avoisine les 50 dollars par million de BTU.

Malgré ces vents contraires, la BCE devrait relever ses taux de 75 points de base en octobre pour lutter contre l’inflation.

Barclays calcule que la Russie n’exporte qu’environ 25 % de sa quantité annuelle moyenne vers l’Europe (sur la base de moyennes sur cinq ans) et qu’elle va suspendre les expéditions du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie à l’Allemagne.

L’Europe a pu remplacer de grandes quantités de gaz russe par du GNL plus coûteux provenant d’autres producteurs, mais elle a également dû réduire sa consommation de gaz.

Selon la Commission européenne, l’Europe doit réduire sa consommation de gaz d’environ 15 % (soit environ 60 milliards de mètres cubes) de sa consommation annuelle si elle rompt avec la Russie. Ce calcul suppose toutefois que la Russie vende du gaz naturel à l’Europe.

Sur ces 60 milliards de mètres cubes d’économies, Barclays estime, sur la base d’un document du FMI publié le 19 juillet 2022, que 16 milliards de mètres cubes environ seront le véritable manque à gagner, mais cela suppose que le reste des 60 milliards de mètres cubes peut être compensé par les énergies renouvelables. Étant donné que l’Allemagne brûle à nouveau du charbon, il est peu probable que l’énergie solaire et éolienne puisse la sauver.

Il convient de rappeler, que Moscou soutient  que la hausse des prix de l’énergie et la difficulté d’approvisionnement en énergie du continent européen sont la conséquence d’une série de sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie.

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