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December 8, 2025

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Après l’épouvantail du terrorisme islamiste, un nouveau spectre agité par le pouvoir français: le narcotrafic (II)

En France, cette stratégie de guerre sociale, menée sous couvert de lutte anti-drogue, contre les jeunes et les prolétaires musulmans est appliquée par le gouvernement Macron depuis la révolte des quartiers populaires de l’été 2023, consécutivement à l’assassinat de Nahel, jeune d’origine algérienne, abattu à bout portant par un policier. 

Par Khider Mesloub

En France, cette stratégie de guerre sociale, menée sous couvert de lutte anti-drogue, contre les jeunes et les prolétaires musulmans est appliquée par le gouvernement Macron depuis la révolte des quartiers populaires de l’été 2023, consécutivement à l’assassinat de Nahel, jeune d’origine algérienne, abattu à bout portant par un policier. 

Au lendemain des révoltes de l’été 2023, j’écrivais dans un article « Une chose est sûre, ce type de révoltes est l’expression du sentiment de détresse sociale causée par la décomposition de la France capitaliste, réduite à investir des milliards pour équiper ses forces de l’ordre afin de pérenniser son système moribond, et non pour équiper ces “forces vives de la nation” en vue de leur assurer un avenir radieux ».

Ces dernières décennies, la France est rythmée par les violences policières et les crimes policiers. Dans cette période de crise multidimensionnelle et de délégitimation gouvernementale, marquée par l’exacerbation de la lutte des classes, l’État français protège et couvre de manière générale les policiers, son dernier rempart. La politique du gouvernement, en matière de répressions, vise, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, l’absolution des violences policières systémiques, illustrée notamment par l’impunité dont bénéficient les policiers, auteurs d’exactions ou d’homicide.

Et en matière de répression policière, l’Etat français, pour gérer ses banlieues et quartiers populaires à dominante immigrée musulmane, recourt fréquemment aux méthodes coloniales israéliennes utilisées contre les Palestiniens dans les territoires occupées. Mais également aux services des structures de sécurité de l’entité sioniste. 

Comme le révélait le journal L’humanité dans son édition du 5 juillet 2023, dès le déclenchement des révoltes des quartiers populaires, les autorités françaises, saisies de panique comme un animal tétanisé par les phares d’une voiture qui fonce sur lui, ont faxé un message d’urgence à la commission de police israélienne «pour s’informer sur la façon de gérer la crise à laquelle elle faisait face». Où l’on découvre que la France est une colonie israélienne. 

Mandaté par la France, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite israélienne, ministre de la Sécurité nationale, aurait ordonné au directoire des renseignements militaires et des relations extérieures «d’étudier ce qui a conduit aux manifestations et la réaction extrême des manifestants français, quels étaient les ordres de la police, comment elle a agi avant l’événement qui a conduit au soulèvement urbain, et ce qui, pendant l’événement à conduit à de violentes émeutes à travers la France». 

En tout cas, les agents des services de sécurités israéliens semblent avoir bien briefé les dirigeants français, en particulier les officiers supérieurs du ministère de l’Intérieur.  

S’appuyant sur leurs méthodes de gestion coloniale des territoires occupées de la Palestine et le programme américain de criminalisation des populations afro-américaines sous couvert de lutte anti-drogue, institué depuis plus de 50 ans, comme rapporté plus haut, les agents israéliens ont vendu leurs savoir-faire en matière de guerre psychologique et de répression policière au gouvernement Macron. 

Aussitôt initiés et formés à ces deux modes de gouvernance par la guerre psychologique et la terreur policière, les dirigeants français ont mis à exécution leur politique d’intimidation, de harcèlement et de répression des jeunes et des prolétaires musulmans des quartiers populaires. 

Sous couvert de lutte contre le narcotrafic, la première opération de répression des quartiers populaires a été lancée le 19 mars 2024 à Marseille. Cette opération, mobilisant des centaines de policiers et de CRS, a été baptisée «place nette XXL». Au vrai, éradication, non pas des trafics de drogue, mais de toute velléité de révolte populaire. Car prétendre éradiquer les trafics de drogue sans s’attaquer aux racines sociales de la décomposition de la société capitaliste (chômage, mal-logement, la misère) est fallacieux.

Cette opération «place nette XXL» contre le narcotrafic s’est poursuivie ensuite les 25 et 26 mars, de Roubaix à l’Ile-de-France. Puis étendue à plusieurs autres villes, notamment Strasbourg. 

Bilan des opérations coup de force (farce ?) : en l’espace de quelques semaines ce sont près de 700 personnes qui ont été interpellés à Marseille, Lille, Dijon, Lyon ou dans plusieurs villes d’Île-de-France. Une intensification des contrôles et de la répression policière salués, à l’époque, par le ministre de l’Intérieur Darmanin . Des opérations qui s’apparentent à une véritable chasse à l’homme dans les quartiers populaires à dominante musulmane. 

Quartiers populaires ostracisés, stigmatisés. Pire, accusés dorénavant d’être des pépinières du terrorisme islamiste,  voire de narco-terrorisme. Preuve. Pour alimenter le brasier islamophobe, déjà amplement enflammé par les médias, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à se livrer à des amalgames entre trafics de drogue et terrorisme islamiste. 

Interrogé sur le passage du plan Vigipirate au niveau «Urgence attentat» après l’attentat du Crocus City Hall de Moscou perpétré le 22 mars 2024, Darmanin a établi un parallèle avec «l’argent sale du trafic de stupéfiants» qui «finance souvent le terrorisme». Évoquant même une «menace endogène». Manière implicite de justifier les opérations «Place nette» par la désignation d’une lutte contre un ennemi intérieur (les jeunes, les prolétaires musulmans ?).

Sous couvert de la «guerre à la drogue», une lutte contre l’ennemi intérieur (le prolétariat) inscrite dorénavant dans le marbre de la loi, à l’instigation de Darmanin, devenu ministre de la Justice. En effet, le 1er avril 2025, les députés français ont adopté la loi dite Narcotrafic. Les dispositions votées constituent une offensive liberticide sans précédent. Sous prétexte de s’attaquer aux formes de criminalité les plus graves, notamment le narcotrafic, les parlementaires français ont voté un texte qui s’attaque brutalement à des droits démocratiques élémentaires, ciblant spécifiquement les quartiers populaires. Cette loi ne se contente pas de renforcer la répression et les moyens de surveillance aux mains de la police, elle prévoit également des mesures visant à contrôler les habitants des quartiers populaires avant l’intervention de la justice.

Au vrai, la loi Narcotrafic sert de prétexte à un durcissement autoritaire contre la jeunesse des quartiers populaires, voué à s’étendre à l’ensemble des dissidents de France qui s’opposent au gouvernement et à sa politique antisociale. 

Dans cette période de marche forcée vers la guerre généralisée, de militarisation de la société, de résurgence du fascisme, mais également d’exacerbation de la lutte des classes, la bourgeoisie française, par le biais de son État, mène ainsi une guerre préventive de neutralisation des populations jugées remuantes et dangereuses, accusées par ailleurs de manquer d’engagement patriotique : les jeunes et les prolétaires musulmans.

Refusant de «concéder leur humanité» aux jeunes prolétaires et aux populations de confession musulmane, la bourgeoisie française, pour qui les révoltes de l’été 2023 lui laissent encore un arrière-goût de peur panique au fond de son palais buccal empestant la haine de classe, a décidé, sous couvert de lutte contre le narcotrafic, de désamorcer cette bombe à retardement, incarnée par les indomptables et rebelles jeunes et les fières et indociles populations paupérisées d’origine immigrée, majoritairement de confession musulmane. 

Mais, au vrai, les manœuvres manipulatoires de la bourgeoisie française sont vaines. Car, en dépit de son «opération narcotique» visant à se procurer à bon compte un assoupissement des tensions sociales et des agitations populaires, la bombe sociale lui explosera infailliblement à sa hideuse figure vérolée de racisme et de bellicisme. 

La France est devenue une prison à ciel ouvert pour des millions de personnes dont «le seul tort» et la seule infraction est d’être jeune prolétaire ou musulman.

Pour conclure. Amorcé aux États-Unis au début des années 1970 sous l’étiquette «loi et ordre» (« law and order»), le mouvement d’encadrement policier des «classes dangereuses», opéré sous couvert de lutte contre le narcotrafic, se déploie aujourd’hui avec force en France. 

Avec la complicité des médias stipendiés, le gouvernement Macron fabrique un véritable climat de psychose provoqué, selon les responsables politiques, par la « submersion du narcotrafic».  M. Bruno Retailleau, alors ministre de l’intérieur, n’a pas hésité de déclarer sur un ton alarmiste : «Il y a un tsunami blanc qui déferle sur la France» (Le Monde, 22 août 2025). Quelques mois plus tôt, il assénait déjà : «Les narcoracailles sont partout. Il va falloir les combattre avec une détermination implacable. (…) Le choix que nous avons aujourd’hui est celui d’une mobilisation générale ou alors la mexicanisation du pays » (Le Parisien, 1er novembre 2024).

La comparaison avec le Mexique est outrancière. Le taux d’homicide est vingt fois moins important en France qu’au Mexique ou en Colombie (1,3 pour 100 000 habitants en 2023, contre 24,9 dans les deux pays). Par ailleurs, contrairement à ce que laisse entendre la propagande médiatique, le chiffre des homicides a été divisé par deux depuis 1990. Qui plus est, en France les «règlements de comptes entre malfaiteurs» ne représentent que 9% des 900 victimes enregistrées annuellement.

Par ailleurs, à entendre les politiciens et les journalistes, la France est envahie par des centaines de milliers de trafiquants de drogue. Or selon une note de l’Office antistupéfiants (Ofast) intitulée «État de la menace liée aux trafics de stupéfiants» et parue en juillet 2025, le marché français des stupéfiants est dirigé par moins de 100 «grands importateurs», et par moins de 5000 «semi-grossistes», dont la plupart sont connus, fichés, notamment les gros bonnets marocains, aisément neutralisables. 

Comment justifier et légitimer le pronunciamiento narco-sécuritaire actuel accompli avec des moyens de conditionnement psychologique hautement technologique, sinon par la fabrication hystérique du péril de la drogue mythologique agrémenté d’homicides vindicatifs délibérément amplifiés. Comment justifier et légitimer la militarisation de la société associée à une stratégie de contrôle social électronique et policier, sinon par des campagnes de propagandes narcotiques, appuyées sur un traitement de l’information anxiogène propre à susciter un état de sidération sur fond de psychose collective.

Comme le disait Hermann Göring, ministre sous le régime nazi et fondateur de la Gestapo : «Et si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer, vous pouvez leur faire tout ce que vous voulez». En fidèles disciples d’Hermann Göring, les dirigeants français radicalisés s’appliquent à mettre en œuvre ses méthodes tortionnaires et ses mesures totalitaires, méthodes et mesures qui ont fait leur preuve sous le Troisième Reich et, surtout, infligé à des millions d’innocents des épreuves. 

Lire: Après l’épouvantail du terrorisme islamiste:un nouveau spectre agité par le pouvoir français : le narcotrafic (I)

Khider Mesloub 

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