Dr Ahmed Bensaada

Docteur en physique, Enseignant à l'Université d'Oran.

30 Années d'expérience

Tout a commencé par un ru, minuscule filet d’une vie balbutiante surgi en 1958 à Fillaoucène, montagne mythique de la révolution algérienne avec un père qui, emprisonné, n’a pas eu la chance d’assister à la naissance de son premier rejeton. La prison coloniale, la « matmoura [1] », les « saliganes [2] », les humiliations, des histoires vives et limpides comme l’eau de roche que nous raconte encore celui qui les as vécues et qui les porte tels des stigmates tatouées au plus profond de son âme.

L’eau qui chemine engendre un ruisselet à Aix-en-Provence, dans un quartier arabe, ghetto de ces gens qui ont fui les français en allant se réfugier en France. Cette France, pays des Droits de l’Homme, mais pas de tous les hommes. Premiers souvenirs, première école, premiers « bon-points », premiers jus de raisins avant la cloche. Vercingétorix et ses Gaulois, Dagobert et sa culotte, Charlemagne et son idée folle, mais aussi les bibliothèques colorées : rose, verte, rouge et or…

Puis vint l’indépendance, la fierté retrouvée, la joie d’une vie nouvelle, l’espoir d’être enfin libre et d’avoir ses droits, ceux de l’Homme, le vrai.

Milieu des années soixante, le ruisselet devient ruisseau, coulant vers Oran, la rue d’Orléans, la Scalera [3], la Marine, l’odeur du poisson plein les poumons, premières brassées timides à la pêcherie au milieu du mazout des chalutiers. École Ibn Batouta, M. Puglièse, M. Gondolfo, premier au classement mais dernier en arabe, avec le bonnet d’âne, séquelle d’une pédagogie obsolète et surannée.

Ouvrages