Par Khider Mesloub
Ironie de l’histoire, en octobre 2021, au moment où l’État policier français célébrait, en grande pompe, le 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, il procédait, à grand renfort de destruction économique suicidaire et de durcissement autoritaire tortionnaire, à l’inauguration des peines sociales psychologiquement mortelles, infligées à l’innocente population française précipitée violemment dans la paupérisation, source de mort psychologique. Tout cela sur fond d’une conjoncture marquée par les préparatifs de guerre, l’inauguration du militarisme, pourvoyeurs de futurs imminents charniers sur plusieurs fronts de guerre.
Sans avoir commis quelque crime de lèse-majesté contre le capital français opéré au moyen d’une grève générale insurrectionnelle, ou de manquements professionnels délictueux, la population laborieuse française est, depuis le début du premier mandat présidentiel macronien (d’aucuns diraient le mandat pestilentiel, tant il exhale des relents de racisme décomplexé antimusulman et de remugles bellicistes), condamnée aux peines sociales économiquement mortelles, matérialisées par les punitifs licenciements, les blâmables marginalisations sociales, les coupables réductions de son pouvoir d’achat explosé sous l’effet conjugué de la contraction des salaires et de la hausse des prix, les répréhensibles destructions psychologiques. Et dernière mortelle condamnation infligée au peuple travailleur de France par les bourreaux du gouvernement Macron, l’extension de la durée d’exploitation salarié, repoussée à 64 ans. Autrement dit, 27 millions de salariés sont condamnés à sacrifier deux années supplémentaires dans les bagnes des entreprises, à précipiter leur mort par la guillotine de l’exploitation capitaliste.
C’est dans ce contexte des peines sociales économiquement mortelles administrées cruellement aux différentes catégories socioprofessionnelles françaises, notamment les classes moyennes et petites bourgeoises précipitées dans la paupérisation et la prolétarisation, que le gouvernement Macron avait célébré, le 9 octobre 2021, le 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, organisé au Panthéon.
Lors de cette célébration, le président Macron avait rappelé qu’« en 1981, la France avait été le 35e État à abolir la peine de mort ». Mais il avait surtout déploré que « 483 exécutions » avaient eu lieu dans le monde en 2020.
Par ailleurs, Macron, en justicier des causes pendues de sa tête « menacée de décapitation » par nombre de Français meurtris par les politiques antisociales gouvernementales, était monté au créneau (pas encore sur l’échafaud comme le souhaite une certaine frange de la population française radicalisée, notamment les Gilets jaunes, pour qui Macron est le dernier Bourreau présidentiel survivant, exécutant guillotinement les politiques antisociales sacrificielles dictées par le grand capital) pour relancer le combat pour l’abolition « universelle » de la peine de mort.
En effet, le chef de l’État, Emmanuel Macron, avait annoncé une rencontre à Paris au premier septembre 2022 afin de faire pression sur les dirigeants des pays appliquant encore la peine de mort.
Comme l’a écrit le sociologue Roger Caillois : « Le bourreau est avant tout l’homme qui accepte de tuer les autres au nom de la loi (ou du capital dans le cas de Macron qui s’exécute et exécute sommairement sans se faire prier, NDA). Seul le chef de l’État a droit de vie et de mort sur les citoyens d’une nation (Macron exerce actuellement ce droit de mort sociale sur ses sujets réduits à la misère du fait des sanctions économiques irrationnelles édictées contre la Russie, entraînant la flambée des prix, cette inflation spéculative meurtrière, véritable arme de destruction massive sociale employée par le grand capital pour décapiter les conditions de vie du peuple, NDA). Il laisse au souverain la part prestigieuse, et se charge de la part infamante (comme l’affamant Macron se charge de l’exécution de l’agenda socioéconomique scélérat dicté par ses maîtres, NDA). Le sang qui tache ses mains n’éclabousse pas le tribunal qui prononce la sentence, l’exécuteur prend sur lui toute l’horreur de l’exécution (comme Macron n’aura été qu’un lampiste du capital, missionné pour exécuter les plans définis par ses employeurs : les scélérats financiers, NDA). De ce fait, il est assimilé aux criminels qu’il sacrifie. »
« 483 meurtres d’État administrés par 33 régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l’universalité des droits de l’Homme », avait déploré, avec des trémolos dans la voix, Macron, le bourreau du peuple travailleur français. Lors de son discours, Macron s’était abstenu de citer Israël, qui applique non seulement la peine de mort « légale », mais également les exécutions sommaires et extrajudiciaires contre les combattants palestiniens, exécutés par des agents du Mossad ou des bombardiers, dans les territoires occupés, voire dans les pays souverains. Ce « permis de tuer » sioniste, ces peines capitales extrajudiciaires perpétrées par Israël ne sont jamais condamnées par la France.
Curieusement, le président du deuxième État exportateur d’engins de mort, Emmanuel Macron, feint oublier que son pays, érigé en parangon du respect de la vie humaine, est coupable de centaines de milliers de meurtres d’État perpétrés dans de nombreux pays souverains par des armes de fabrication française (les exportations françaises d’armement ont battu leur record historique en 2022, atteignant 27 milliards d’euros. La France est désormais numéro deux mondial, derrière les États-Unis). En effet, l’État impérialiste français participe chaque jour, par ses armes de guerre vendus aux États despotiques (entre autres l’Arabie saoudite, le Maroc. Cette dernière monarchie anachronique marocaine maintenue en survie par son ultime allié sioniste (Israël), au moment où sa population est précipitée dans la paupérisation absolue, s’est hissée au premier rang des clients de la France en Afrique et deuxième client de la France à l’échelle mondiale), au massacre de plusieurs centaines d’innocentes victimes, notamment au Yémen où des populations meurent sous les bombardements d’armes françaises.
En comparaison des centaines de milliers de victimes innocentes tuées, entre autres par les armes françaises, les 483 exécutions dans le monde en 2020 (probablement les suppliciés étaient tous des criminels condamnés légitimement par la Justice pour meurtre) font « pâle figure ». Sans oublier les populations irakiennes, syriennes, afghanes, libyennes, africaines, massacrées, depuis plusieurs décennies, régulièrement sans autre forme de procès, par des armes françaises, voire directement par la soldatesque à la bannière tricolore opérant sur le terrain, notamment au Rwanda où fut commis le plus grand génocide opéré sous pavillon de l’État français.
À cet égard, il est utile de souligner que les civils continuent d’être les premières victimes des conflits armés actuels. Il y a parmi eux plus de tués et blessés que parmi les forces combattantes, c’est-à-dire militaires. En d’autres termes, des centaines de milliers de personnes innocentes de par le monde, dans des pays précipités dans la guerre par les grandes puissances impérialistes rivales, singulièrement la France, sont condamnées à mourir sous les armes, notamment de fabrication française.
Au cours des récentes années écoulées, l’ONU avait enregistré des centaines de milliers de victimes civiles, rien qu’en Afghanistan, Syrie, Libye et Yémen, mortes probablement par des armes de fabrication française, c’est-à-dire produites par des fabriques des engins de mort, ces entreprises « guillotineuses » légalisées.
Par conséquent, quelle hypocrisie de la part d’un chef d’État français qui organise une cérémonie au Panthéon pour célébrer le 40ème anniversaire de l’abolition de la peine mort ! Quelle imposture !
De même, il est de bon ton de considérer François Mitterrand comme le premier abolitionniste de France. Or, n’est-ce pas François Mitterrand, alors ministre de la Justice du gouvernement de Guy Mollet (1956-1957), qui sans scrupule signait les arrêtés d’exécution des résistants lors de la Guerre d’indépendance algérienne. Dont celui d’Ahmed Zabana, premier d’une longue liste de révolutionnaires algériens à être exécuté. Quelques minutes avant son exécution, le 19 juin 1956, Ahmed Zabana lance ce cri patriotique : « Je meurs mais l’Algérie vivra ». Son exécution sera suivie de celle d’Abdelkrim Ferradj. Les deux premiers résistants d’une liste de 222 combattants pour l’indépendance en seulement cinq ans. Sous les offices du garde des Sceaux, François Mitterrand le guillotineur des Algériens, on dénombra 45 guillotinés. Le ministre guillotineur, François Mitterrand, refusa trente-deux demandes de grâce.
Par ailleurs, pourquoi Macron, si soucieux de la vie humaine, n’avait-il pas annoncé, lors de cette commémoration, « l’abolition » de la production d’armes françaises, responsables de centaines de milliers de victimes, civiles en majorité, chaque année ? Pourquoi n’avait-il pas proposé la reconversion de l’industrie meurtrière française vers d’autres types de production civile, facteur de paix, notamment énergétique, plus essentielle ? C’est vrai que le commerce des engins de mort est toujours aussi florissant, notamment pour la France impérialiste. Selon le dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses mondiales de défense ont atteint près de 2 000 milliards de dollars en 2020 (plus de 1 750 milliards d’euros), soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2021. Une croissance qui s’est produite au cours d’une année où le PIB mondial s’est contracté de 4,4 % « en raison de la crise sanitaire ».
Les deux premières principales « nations démocratiques », les États-Unis et la France, pays des « droits de l’Homme » (du plus fort militairement), auront consacré, en 2022, respectivement 800 et 50 milliards de dollars en dépenses militaires. Dans le même temps, au cours de l’épidémie de Covid, plus d’un million d’américains sont morts d’un simple virus grippal faute de soins en raison de la défaillance des hôpitaux, devenus des mouroirs, des couloirs de la mort. Pareillement, la France de Macron-le-va-t-en-guerre avait déploré 160 000 décès de Covid faute de matériels médicaux et de lits de réanimation. À cause de l’incurie de l’État français en matière de gestion de la pandémie, 160 000 personnes furent euthanasiées, autrement dit elles furent condamnées à la peine capitale médicale : la mort.
Par ailleurs, certes la bourgeoisie française a aboli la peine de mort judiciaire. Mais c’est pour la remplacer par la peine de mort sociale économiquement et politiquement organisée par l’ensemble de la classe dominante : gouvernants et patrons. Mais, surtout, pour la remplacer par la peine de mort policière, ce permis de tuer accordé aux forces de l’ordre françaises, perpétrée notamment contre les jeunes issus de l’immigration maghrébine et africaine, abattus sans autre forme de procès, sous couvert de refus d’obtempérer, dont la dernière victime exécutée à bout portant est le jeune lycéen d’origine algérienne, Nahel.
En tout cas, en France, depuis plusieurs décennies, tout se passe comme si l’abolition de la peine de mort au plan judiciaire a été remplacée par le Permis de tuer octroyé aux policiers. C’est ce qui s’appelle la justice meurtrière expéditive. Répétitive. Mortellement punitive. Exécutée sans délibération. Ni condamnation. La justice du pistolet. Le verdict des balles guillotineuses. Pour la seule année 2022, la police, bourreau du peuple de France et surtout des immigrés maghrébins et subsahariens, a exécuté 13 personnes.
Macron se bat idéalement pour l’abolition de la peine de mort. Mais jamais réellement pour l’abolition de la mort des peines, sociales, économiques et psychologiques qui affligent l’humanité, victime du système dont Macron est le chantre : le capitalisme mortifère, économiquement « guillotineur », c’est-à-dire légalement génocidaire.
Khider MESLOUB