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La nouvelle dimension diplomatique de l’Algérie, sur l’échiquier international

Par Hattou Mohamed Amine

«Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peut conclure d’alliance.»

Sun Tzu

En observant de près les grandes mutations survenues sur l’échiquier géopolitique mondial depuis la fin de la guerre froide ,d’autant affirmeront que Sun Tzu aurait été en avance sur son temps , lui qui avait d’emblée positionné la guerre, l’économie, les alliances et les stratégies y afférentes, comme étant tout un art.

En analysant l’activité diplomatique de l’Algérie qui s’est positionnée à équidistance entre « l’est et l’ouest », Malgré ce qu’on a pu lire ou entendre à ce sujet ici et là, à tort ou à raison, il n’est nullement question de défi à l’Occident ou autre, il faudrait situer les dernières visites d’Etat du Président Tebboune à Moscou puis Pékin, ,ainsi que les visites de travail à Doha et Ankara, aussi celles déjà effectuées auparavant, sur une seule et même trajectoire équilibrée dans la logique d’un agenda et d’objectifs stratégiques propres et prédéfinis, tout en obéissant à la seule volonté prioritaire d’Alger , à savoir: accroître son potentiel économique avec un transfert technologique pérenne et par l’occasion assoir, son statut de puissance Africaine et du Tiers-Monde, avec des partenaires qu’on pourrait qualifier d’historiques, en d’autres termes , élargir son champ d’options et d’opportunités pour surseoir sa profondeur et son influence régionale, en renforçant sa position politique et diplomatique dans son environnement naturel la zone MENA et l’Afrique.

En effet, après avoir menée sa révolution d’indépendance , l’Algérie avait entamé dans la foulée celle de son émancipation et continue son cap en apportant quand il le faut des réajustements, au gré des mutations intra et extra-muros, suivant la voie du non-alignement comme plusieurs autres nations d’ailleurs , dans un monde régi actuellement, depuis la seconde guerre mondiale et revu à la fin de la guerre froide d’une manière unipolaire ,selon un droit international ,un pouvoir economique ,financier, industriel ,militaire er culturel, mis en place par les États-Unis d’Amérique ,dont le mode de gouvernance est très spécifique ,puisque bâti sur des équilibres économiques ,financiers et politiques donc tributaire des aléas des lobbies et autres groupes de pression et d’influence ,avec une perception du monde en tant qu’espace d’intérêts ,se dotant pour se faire d’un réseau d’institutions ,d’organisations et de pays satellites, créant de la sorte une hiérarchie mondiale basée sur l’allégeance et la soumission, tout un mécanisme bien rodé.

Vu la consistance et la spécificité stratégique des programmes de ces deux dernières visites d’Etat cruciales, malgré la différence dans l’approche tactique pour chacune d’elle, ainsi que les haltes à Doha puis Ankara ( deux pays connus très proches de  » l’Occident « )

Afin de bien cerner la portée des traités stratégiques et autres accords bilatéraux ratifiés récemment , qui viennent compléter ceux déjà établis au plus haut niveau, mais surtout pour être à même d’analyser correctement les raisons, les résultantes ,les réactions et les suites possibles dans le contexte mondial actuel , il serait fort judicieux d’avoir une grille de lecture très subtile, objective et pragmatique en plaçant les événements dans leurs contexte exact, tout en tenant compte d’éléments essentiels tels: les prochaines échéances électorales dans plusieurs pays surtout aux USA, Russie et Taïwan, « le document » (le traité stratégique approfondi avec la Russie), la proposition de médiation d’Alger dans le dossier Ukrainien , acceptée par Moscou ,la reconduction du traité stratégique quinquennal avec la Chine… ainsi que le rôle avenir de l’Algérie dans quelques autres grands dossiers internationaux notamment en Afrique et au Moyen-Orient, après son élection pour un mandat de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU qui débutera en janvier prochain.

À l’occasion, pour ce qui est des éléments de réflexion, les rares conclusions que nous apporterons, notre approche sera multidimensionnelle, orientée vers la fin conflit Russo-Ukrainien, ainsi que le travail d’édification d’un nouvel ordre mondial multipolaire, avec sa part de manœuvres diplomatiques connexes.,où l’Algérie ne cache plus ses ambitions , en comptant y assumer pleinement son rôle et ses obligations internationales , un rôle qui lui est totalement dévolu, en effet c’est un pays considéré « fiable » par ses partenaires et munies d’une diplomatie très fine ,agissant selon le de droit international , imprégnée par le principe de non ingérence, œuvrant en profondeur et en silence, avec une très grande efficacité prouvée, c’est du haut des chemins des « cimes des pays acteurs » que l’Algérie est à même de dialoguer « avec ceux qui ne se parlent plus ».
Lire aussi: L’Algérie, acteur incontournable dans le nouvel ordre mondial qui se dessine

Une grande ambition bien « Algérienne », en adéquation avec ses atouts majeurs, son potentiels et son background diplomatiques et historique, en tenant compte de ses intérêts suprêmes dans un esprit  » winner-winner » , de partage et de respect mutuel, avec divers partenaires même protagonistes, diversifiés mais non contradictoires.
Afin d’y parvenir tout en œuvrant pour la paix et le dialogue Nord-Sud, selon son agenda et ses priorités , Alger ne manquera pas de vouloir rejoindre de nouveaux conglomérats économiques, politiques et militaires , sans pour autant renoncer à son « pouvoir de décision » , dans la ligne de mire les « BRICS » et l’OCS « , en somme c’est bel et bien de cela qu’il s’agit.

Pour le business :Après Moscou et Doha , Tebboune à Pékin et Ankara: L’Algérie reçue en grande pompe 

Ces dernières sorties internationales du Président Tebboune ont toutes été posées sur pavement économique, mais revêtent cependant un caractère stratégique très net.  En effet ,en se déplaçant à Moscou et Pékin d’une part et par alternance à Doha et Ankara d’autre part, les uns comme les autres, certes alliés mais en même temps en compétition dans divers espaces pour de multiples motifs , en incluant la tournée européenne à Rome, Berlin et Belgrade , puis Téhéran du ministre Algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf et son prochain déplacement à Washington à l’invitation de son homologue Américain Anthony Blinken , l’ensemble parait complémentaire et étroitement liées les unes aux autres., la conclusion d’un accord entre l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie sur le projet de corridor SouthH2 donne suite aux accords énergétiques avec Rome.

Une étape qui ouvre la voie à un accord plus large au sein de l’Union européenne en faveur de ce projet qui vise à couvrir 10 % des besoins énergétiques de l’Europe.
Ainsi que 08 conventions bilatérales, Alger et Moscou ont ratifié « un document d’alliance stratégique approfondi  » – Le document – , lors de la visite d’Etat effectuée par le président Abdelmadjid Tebboune en Russie du 13 au 16 juin dernier, à l’invitation de son homologue russe, dans le cadre du renforcement d’une coopération très large entre les deux pays amis.

Le président Russe Vladimir Poutine avait exprimé son souhait de renforcer le « partenariat stratégique » entre Moscou et Alger, en recevant le 15 juin, son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune en grande pompe sous l’or du Saint George Hall du Kremlin, «A l’issue de nos négociations, nous signerons une déclaration sur l’approfondissement de notre partenariat stratégique, qui marquera le début d’une nouvelle étape dans nos relations », a-t-il déclaré en direction de son hôte Algérien qui a été salué le lendemain par une magistrale ovation au Forum économique « SPIEF 23 », le Davos Russe à Saint-Pétersbourg, dont il était l’invité d’honneur. Rappelons qu’à Moscou le 14 juin, Abdelmadjid Tebboune avait présidé l’ouverture du forum économique des hommes d’affaires Algéro-Russe ,avant de se rendre au Conseil de la fédération de Russie et la Douma où il avait eu des discussions avec les plus hauts responsables de ses institutions. Le volume d’échanges entre les deux pays étant de l’ordre 03 Md $
Très actif sur la scène internationale, à peine un mois après ce voyage en Russie c’est vers La Chine que se dirigea le président Tebboune à la tête d’une importante délégation, sans pour autant manquer de faire une halte à Doha pour une visite de travail « Le président Tebboune effectue, les 15 et 16 juillet, une visite de travail au Qatar, lors de laquelle il rencontrera son frère l’Emir de l’Etat du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani » ,d’après le communiqué de la présidence Algérienne. Il faut rappeler que les deux pays entretiennent depuis toujours des relations fraternelles historiques et privilégiées , mettant ainsi en place par leur relation, l’étalon de la coopération et la complémentarité arabe , les deux pays avaient déjà lancé les projets de réalisation de l’hôpital Algéro-qatari-allemand et de l’extension du complexe de l’entreprise sidérurgique Algerian Qatari Steel (AQS) à Bellara (est de l’Algérie), lors de cette halte , les deux dirigeants ont eu l’occasion de s’entretenir sur les outils d’améliorer et de développer les relations bilatérales dans différents domaines économiques , ainsi que des échanges de vues sur des dossiers régionaux et internationaux.

Avant de rejoindre la Turquie pour une visite de travail de 48 heures ,Le premier responsable Algérien avait achevé le vendredi 21 juillet , une visite d’Etat de 05 jours en Chine à l’invitation de son homologue Xi-Jinping, qui l’avait reçu solennellement dans le palais du peuple à Pékin selon la pure tradition et le protocole chinois réservés aux invités de marque , cette visite fut l’occasion de la ratification de 19 accords de coopération et mémorandums d’entente dans plusieurs secteurs, et un volume d’investissement chinois en Algérie à hauteur de 36 Md $. Les deux parties se sont aussi entendues à « consolider l’adaptation des stratégies de développement des deux pays de manière globale, exploiter les avantages complémentaires et approfondir la coopération pratique au mieux des intérêts des deux peuples » en rappelant da signature en 2022, du « Plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’Initiative de la Ceinture et de la Route », et du « 2e Plan quinquennal de coopération stratégique globale (2022-2026), ainsi que du « Plan triennal 2022-2024 de coopération dans des domaines stratégiques ». Le volume d’échanges entre les deux pays étant de l’ordre de 07 Md $
Quant a la visite de travail effectuée en Turquie le 22 et 23 juillet, cette dernière s’inscrit dans le cadre de la forte dynamique que connaissent les relations bilatérales ,les entretiens ont eu lieu au Palais de Dolmabahçe à Istanbul, un accueil très chaleureux a été réservé à la délégation Algérienne par le président turc, Recep Tayyip Erdogan « Les échanges commerciaux ont progressé à 5,3 milliards de dollars, malgré la période de stagnation du commerce mondial », a-t-elle relevé, se félicitant du « nombre, en constante évolution, des entreprises turques en Algérie : quelque 1.550 entités en activité dans des secteurs variés »

Pour l’histoire : entre Alger et Moscou  tout comme avec Pékin , des relations exceptionnelles depuis la guerre d’indépendance et bien plus 

Alger et Moscou entretiennent des relations de coopération et d’amitié privilégiées depuis plus de soixante ans, après que l’Union soviétique ait appuyé la révolution Algérienne contre l’ancienne puissance coloniale Française (1954-1962) pour marquer cette longue amitié, une grande place à Moscou fut baptisé du nom de l’émir Abdelkader, fondateur de l’état Algérien contemporain , penseur et grand humaniste et personnalité universelle pour la défense des droits de l’homme et le dialogue entre les religions ,décoré d’ailleurs par de nombreux pays et dignitaires, la Russie tsariste aussi l’avait honoré d’une très haute distinction, la croix de  » l’ordre de l’aigle blanc  » ,suite à son intervention héroïque en sauvant plusieurs milliers de chrétiens d’une mort certaine en 1860 pendant son exil forcé à Damas après 17 ans de lutte acharné contre le colonisateur Français, enfin toute une vie de cohabitation et de tolérance telle une œuvre , rare par ces temps de xénophobie et d’islamophobie surtout en Occident.

Le Président Tebboune n’à pas manquer l’occasion afin d’honoré l’un des survivants du contingent ayant participé au déminage des lignes Morice et châles, héritage meurtrier de la colonisation Française . Des symboliques très fortes pour témoigner des liens très solides entre les deux pays. Lors des entretiens avec son homologue russe, le Président Tebboune avait affirmé dans ce sens que sa visite en Russie « témoigne de l’amitié profonde et de la qualité des relations existant entre les deux pays depuis 60 ans » , avant d’ajouter  » l’Algérie est fidèle à ces relations ».

Après un premier contact à Bandung 1955 Les relations Sino-Algérienne remontent à la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1958, ,en effet ,la Chine fut le premier pays non-arabe à l’avoir immédiatement reconnu, ces relations n’ont cessés de se développer depuis l’indépendance de l’Algérie. En 1963, la Chine a envoyé sa première équipe d’aide médicale en Algérie, et au cours des 60 dernières années, la Chine a envoyé 27 groupes de personnel médical pour aider l’Algérie, le premier et le plus grand déploiement d’équipes d’aide médicale chinoises en Afrique. Cette année marque le 60e anniversaire de l’envoi par la Chine d’équipes d’aide médicale en Algérie, une pratique qui a grandement façonné une amitié solide entre non seulement les deux gouvernements mais aussi les deux peuples, selon l’ambassade de Chine en Algérie. en 1971,en présentant la résolution qui lui a permis d’effectuer son retour à l’Assemblée des Nations unies, l’Algérie eu un rôle majeur dans le recouvrement de de la République populaire de Chine de son au Conseil de sécurité détenu jusque-là par la République de Chine( Taïwan).

Ce fut le temps d’une grande coordination entre les pays du Sud, dans le cadre du mouvement des non-alignés, depuis cette conférence de Bandung, prélude de la recherche du N.O.E.I (nouvel ordre économique international), en effet c’est l’acte de naissance politique de ce qui sera connu plus tard par  » tiers-monde  » et des « pays non alignés » , cette conférence de Bandoeng avait aussi débattue des problématiques économiques allant même à proposer des mesures, dont l’établissement d’un fonds des Nations unies pour le développement économique, l’encouragement à la création de banques et de compagnies d’assurances nationales et régionales, la stabilisation du commerce international, etc…cette vision avait pour objectif le développement de la coopération entre les pays d’Asie et d’Afrique, cependant qui dans le Commonwealth ,la zone franc CFA ou la francophonie, à cause d’accords souvent secrets, la majorité des pays ayants accéder à l’indépendance continuaient entre temps de se mouvoir dans le giron de l’ex puissance-coloniale .
Il y a moins d’un demi-siècle, du temps de la « guerre froide », les « Occidentaux » réunis pour l’essentiel au G7, les Européens pouvaient se targuer de produire encore plus de la moitié de toutes les richesses mondiales, l’Union soviétique a montré les premiers signes de fatigue sous Leonid Brejnev, la Chine quant à elle, paraissait destinée à la misère éternelle dans l’atmosphère crépusculaire de la fin du règne de Mao et a généré en 1974 peu plus de richesse que l’Afrique subsaharienne ou l’Inde. Selon la Banque mondiale,
Toutefois et de toute évidence l’unité du tiers monde n’a pu survivre à l’effondrement de l’URSS en 1991, c’est pour cela que plusieurs générations après Bandoeng, après un parcours économique florissant de nombreux pays du « Sud global » comme Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’héritage, la Russie avec son héritage soviétique, à la faveur de ce conflit Ukrainien, à la suite du cumul du diktat subit, soient tentés redéfinir les relations internationales et l’économie mondiale.

Londres ,Moscou, Pékin et Washington, les passerelles d’un nouvel ordre mondial

Après plus de 500 jours de son début, avec son lot de sanctions qui perdureront sans nul doute bien delà, c’est sans doute le passage imminent à une autre phase de ce grand rééquilibrage planétaire, du moment que les objectifs stratégiques pour chaque camp sont atteints et il ne s’agit surtout pas le cas de l’Ukraine, ce conflit par procuration Russo-Ukrainien touche vraisemblablement à sa fin ou presque du moins sur le plan Militaire, il a toutefois créé, comme lors de l’après seconde guerre mondiale, des lignes de faille entre les pays qui vont inéluctablement influer sur la nouvelle géopolitique mondiale, avec ses retombées inévitables sur l’économie qui a jusqu’aujourd’hui fonctionnée selon une vision et une hégémonie occidentale, les contestations et remises en cause depuis un moment déjà, sont de plus en plus présentes et pressantes, tout y passe, les accords de Breton Woods, l’utilisation des monnaies nationales dans les échanges commerciaux à la défaveur du Dollar Us, le recours à des systèmes de paiement bancaire autre que le « SWIFT « …
Suite aux déconvenues dues à la COVID-19, ce seul conflit à cause de sa dimension stratégique , a remit en question toutes les règles établies sur l’équilibre du pouvoir géopolitique dans l’économie mondiale, en effet, en sous estimant les conséquences des sanctions sur leurs propres économies et celle du monde , les actions économiques répressives prônés contre la Russie par les pays affiliés à l’OTAN, l’UE « vassalisée » si l’on croit Zbigniew Brzeziński et ceux du corridor entourant l’Ukraine, ceux là même qui lui font la guerre « Ukrainiens interposés « , ont menées à un effet boomerang: grande inflation , flambée des prix des matières premières ,de l’énergie ,en somme à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, c’est dans des moments pareils que les alliances se font et se défont.

Pour exemple, face au BRICS en net ascension, l’effet inverse des sanctions prises , a situe l’inflation au sein du G7 à plus de 7 % en avril dernier, son plus haut taux depuis plus de 40 ans, pour atteindre selon des prévisions, deux chiffres dans certains pays comme le Royaume-Uni en fin d’année. ce qui impactera inéluctablement, les alliances futures , le commerce international et l’investissement mais surtout la paix, puisqu’en plus des conflits intra-étatiques ici et là ,qui sont connexes à ce déséquilibre , Les indices de risque en nette hausse, conduiront très probablement à l’éclatement d’autres conflits interétatiques notamment au Moyen-Orient, dans le golfe persique , aux îles canaris et en mer de Chine .
Toutefois, ce conflit , dossier phare du sommet de l’OTAN à Vilnius du 11 et 12 juillet, a démontré le pouvoir très faible des sanctions et ses limites lorsque le pays incriminé dispose de plusieurs exutoires ,qu’en sera-t-il pour des applications futures contre la Chine ? Ce qui creusa par l’occasion un gouffre entre d’une part, les pays qui soutiennent l’Ukraine, ceux qui se sont rangées du côté de la Russie d’autre part, enfin un dernier groupe de pays ,comme l’Algérie ont adopté une position neutre mais sans pour autant rester en marge de toute initiative ou action en faveur, de la paix et une nouvelle reconfiguration mondiale , ce qui permettra sous l’impulsion des lobbies et des groupes d’intérêts, pour des raisons économiques évidentes la création des « zones d’exclusions de sanctions » admises par les « protagonistes  » eux-mêmes, afin de ne pas paralyser l’économie mondiale, au même titre que le non-recours au armes nucléaire en cas de conflits armés entre grandes puissances.

Henry Kissinger , un autre « grand timonier  » ,a récemment résumé le danger que cela représente : « Nous sommes au bord d’une guerre avec la Russie et la Chine autour de problématiques que nous avons en partie créées, sans aucune idée de la façon dont cela va se terminer ou de ce à quoi on est censé aboutir », en effet ,même si les motifs ne semblent pas si évident que cela, de nombreuses capitales s’accordent sur le fait que les événements actuels cachent un tout autre objectif qui est d’arriver à des sanctions à l’encontre de Pékin .

De toute évidence, le conflit Russo-Ukrainien qui était inévitable ,afin d’affaiblir un acteur déterminant pour la suite des évènements: la Russie, n’est au fait qu’une des résultantes du  » grand débat stratégique » sino-américaine, qui est en somme une compétition entre une puissance hégémonique de l’ordre international, légataires de « l’Occident  » et qui veut le rester: les Etats-Unis , et une autre en ascension qui veut reconfigurer l’ordre établi: la Chine, En réalité c’est un scénario classique, car depuis l’antiquité et l’épisode -Athènes et Sparte- , on dénombre depuis le XVe siècle, quelques seize conflits de ce genre, avec l’aboutissement à des guerres dans douze d’entre eux, le renoncement au profit d’un des protagonistes dans les quatre autres cas. C’est la détermination des Etats-Unis a ne rien céder face à la volonté de la Chine pour les remplacer. comme l’avait clairement exprimé Xi Jinping, deux styles et deux cultures bien différentes il n’y a qu’a observer la guerre économique sans merci que lui livre Washington à cause des matières premières, des ressources énergétique et des marchés dans divers espaces comme en Afrique.
Lire aussi : Guerre d’influence sino-américaine en terres africaines

En clair, ce  » conflit détonateur  » en Ukraine , les tensions de plus en plus perceptibles en mer de Chine autour de Taïwan et enfin le dossier latent de l’antarctique, ces seuls éléments d’un grand « PUZZLE » , auxquels on peut ajouter des conflits mineurs connexes comme en Syrie, Soudan, Libye , sont révélateurs des véritables raisons de cette « nouvelle croisades sur fond économique » de « l’Occident », pour se faire, Moscou tout comme Pékin sont accusés de rompre l’ordre mondial fondé sur des règles de faits établies depuis des lustres ,cependant pour certains. les preuves avancées restent très peu convaincantes.
Ainsi, la triade G7-OTAN-UE (remake de la sainte alliance sans la Russie) ,menée par les États-Unis et secondée par le Royaume-Uni qui est un véritable «Empire » avec une influence indéniable dans plusieurs parties du monde , c’est aussi un Commonwealth revue , le véritable artisan des frontières de la majorité des pays du monde, le véritable propriétaire de la plupart des portes des voies maritimes , s’accrochant à leur hégémonie et héritage , un pôle eurasien dirigé par la Chine et la Russie eux-mêmes en compétition politique, auxquelles se sont joints l’Iran et certaines républiques d’Asie centrale, un troisième bloc constitué d’États comme l’Algérie qui par rapport à ce conflit avaient dès le début affirmé leurs neutralité politique ,voilà donc la nouvelle configuration du monde actuel.

l’Institut Kiel pour l’économie mondiale s’est récemment penchée sur les dépenses mondiales consacrées à l’aide à l’Ukraine, Avançant les chiffres suivants: plus de 70 Md € d’aide annoncés par les Etats-Unis, dont près de 43 Md € en aide militaire, les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales 33,35 Md € et des aides communes provenant des fonds de l’Union européenne 27,46 Md €, soit un total de 60,81 Md €.

A titre comparatif, « Les États-Unis, par exemple, ont dépensé plus de trois fois plus par an par rapport à leurs dépenses dans la guerre d’Afghanistan après 2001 », et
« L’Allemagne a engagé plus de trois fois plus pour les alliés dans la guerre du Golfe de 1990/91 par rapport à ce qu’elle a engagé pour l’Ukraine ». indique Kiel.

L’Union Européenne : vers la désintégration  ?

Depuis le déplacement du centre de gravité économique international vers l’est, l’UE n’est plus une priorité géostratégique pour les Etats-Unis, en plus de ses propres problèmes, l’Europe supporte une partie de l’effort de guerre Ukrainien et ses retombées.
Piégée par cette reconfiguration mondiale et cette nouvelle donne américaine ,l’Union européenne est incapable de mettre en place sa propre politique envers la Chine, sa propre survie est fonction de sa capacité à aller au-delà de ses divisions internes tout en prenant une position centrale dans le monde multipolaire qui se dessine.

Ivan Krastev, politologue bulgare et président du « Center for Liberal Strategies » avait précisé dans son ouvrage – Le destin de l’Europe – : « après avoir survécu à plusieurs années sombres. La ligne directrice de celui qui a vécu l’effondrement du bloc soviétique est d’envisager que l’Union européenne puisse se désintégrer  » en ajoutant, pour mettre en évidence l’impact des disparités entre les idéologies des peuples qui constituent l’Europe ,différence de taille qui fait office de bombe à retardement ,ainsi cette spécificité de l’ouest représentative de ce qu’il considère comme la plus grande menace qui pèse sur l’UE : « la rupture au sein des sociétés. Sa distinction entre « Nous, les Européens » et « Eux, les gens » – titres des parties du livre – peut aussi bien valoir pour la fracture entre Europe de l’Est et Europe de l’Ouest – qu’il connaît bien en tant que citoyen bulgare vivant en Autriche – pour la fracture entre ceux qui sont convaincus des bienfaits de l’Union et ceux qui sont sceptiques ou encore pour la polarisation au sein des sociétés européennes due aux flux migratoires des dernières années ». Krastev apporte des pistes d’explication à la montée du populisme anti-européen dans des pays d’Europe de l’Est comme la Pologne ou la Hongrie de même qu’à l’ouest comme en Italie et l’Espagne : « elle résiderait dans la rupture qui s’est opérée au sein même de ces sociétés, entre une population qui a pu jouir pleinement des fonds de l’UE desquels bénéficient ces pays depuis leur adhésion, et une autre partie de la population qui n’a pu avoir accès à ces nouvelles formes de mobilité sociale, et qui s’est en conséquence sentie abandonnée du pouvoir ». « Les migrations justement, parlons-en. La crise migratoire a endommagé ce a nommé le « patriotisme constitutionnel », et est de ce fait perçue comme une menace pour la survie même de l’UE . Les derniers entrants, encore en phase de rattrapage économique, ont vu dans l’afflux de migrants non seulement un danger pour leur identité, mais aussi une entrave potentielle à leur cheminement vers une prospérité »

On peut ajouter à cela le Brexit, véritable précurseur de cette désintégration annoncée car il « a modifié en profondeur les équilibres des pouvoirs au sein de l’UE – la France perdant un contrepoids face à Berlin, l’Allemagne pouvant de son côté consolider son hégémonie sur les 27 Etats membres, et Bruxelles qui, en adoptant une ligne dure, entend dissuader tout candidat potentielle à la tentation de la sortie –, il aura d’importantes répercussions budgétaires, en particulier sur la Politique agricole commune. Le trou financier annuel, de l’ordre de 10 à 17 milliards d’€, laissé par Londres, oblige en effet Bruxelles à réduire certains postes, dans la mesure où de nouvelles priorités émergent, comme celles du numérique, des migrations ou de la défense »

Ainsi donc, Brexit, volonté d’indépendance dans certaines régions comme en Catalogne en Espagne, fragilités de la zone euro, crises de solidarité face à la crise économique de 2009, aux flux migratoires survenues à partir de 2015, à la pandémie du COVID-19 de 2020, intégration sociale, montée de l’extrême droite, dislocation de la famille, vieillissement des populations … l’Union européenne vit au rythme croissant et intense de ses crises la mettant plus que jamais face à ses propres contradictions ,la rapprochant de jours en jour une désintégration inévitable de son espace commun.

Comment faire face aux ambitions économiques des pays émergents qui, hier encore reléguées au second plan, entendent jouer les premiers rôles dans ce nouvel ordre mondial en construction? Comment l’UE pourrait-elle s’adapter à cette nouvelle donne internationale dans laquelle la hiérarchie des nations se reconfigure au détriment de « l’Occident » ?
Le dilemme dans lequel est tombée l’UE est donc le suivant : à force de prôner comme elle l’a toujours fait, et continue de le faire, le multilatéralisme, l’ouverture commerciale, l’économie de marché, elle se retrouve ainsi exposée la montée des pays émergents, que ce soit en matière de concurrence, de parts de marché, dans la course pour le contrôle des ressources naturelles, ou pour la bataille engagée pour détenir une suprématie dans le domaine de la technologie.

C’est ce qu’explique la montée de « l’euroscepticisme » et du « populisme » qui s’affirme d’année en année, ainsi donc « Le projet d’Emmanuel Macron de produire une Europe protectrice se heurte aux inquiétudes de populations européennes, majoritairement situées à l’Est », cela c’était il y a quelques années puisque en s’attaquant de front à quelques dossiers qui perdurent depuis la venue de la Vème République en France après son voyage aux États-Unis suite au scandale des « dossiers Trump »,ainsi si le président Macron s’attaque à l’euro, il semblera plus préoccupė de sa propre carrière politique en précipitant les événements pour avoir une nouvelle constitution qui lui permettra de continuer sa carrière « pour l’histoire ».

L’analyse: quelques éléments intéressants à retenir

Les visites du Président Tebboune à Moscou et à Pékin ne peuvent d’aucune manière être considérées comme étant une défiance à « l’Occident » ,encore moins un basculement de l’Algérie dans le pôle de l’est (celui de la Russie ou de la Chine ou les deux réunies), car cela serait contraire à sa doctrine de non-alignement, sa diplomatie basée sur les principes de non-ingérence et de non-agression ,ainsi que l’autonomie dans l’exercice de son pouvoir de décision avec le bannissement d’une quelconque présence de bases militaires sur son territoire, doctrine prônée depuis le recouvrement de son indépendance, qu’elle ne pourra changer, pour des motifs internes liés étroitement à la nature même du pouvoir Algérien, ce fut la même démarche du temps de la guerre froide alors qu’elle entretenait avec ces deux nations des relations d’amitié et de coopération privilégiées et stratégiques très profondes sans pour autant se détourner de ses autres partenaires Occidentaux, comme aujourd’hui d’ailleurs , cependant l’Algérie ne peut et ne saura être ni « état fonctionnel » encore moins « satellite ».

Avec « l’Occident » par rapport à « l’Est global », même si les trajectoires des relations bilatérales différents et n’ont pas cette proximité idéologique, ni cette particularité historique ,mis à part quelques pays, elles ont toujours été amicales, elles convergent aujourd’hui plus que jamais, même en ce temps de crise mondiale surtout avec  » les accords stratégiques « approfondis ou global signés à respectivement à Moscou et à Pékin ,sur plusieurs dossiers économiques et politiques . Ainsi l’Algérie est en phase de devenir le véritable « partenaire-confluence « , où au gré des dossiers, la facilitation des relations bilatérales avec des pays appartenant aux différents pôles aboutiront à «une jonction conjoncturelle autour d’un projet économiques ou autres », comme le complexe pétrochimique sino-britannique en réalisation à Arzew (l’ouest de Algérien ), ou le projet chinois de production d’énergie électrique (nucléaire) qui intéresse aussi la France ,le Business prime toujours et l’investissement chinois initial de 36 Md $ en Algérie sera nettement revu à la hausse.

Sur un autre tableau, l’Algérie et les Etats-Unis entretiennent de « bonnes » relations, les échanges économiques, qui ne cessent de croître dans divers domaines ,avec la plus grande part d’investissement étranger direct (IDE) en Algérie , plus de 6 Md $ , et un volume d’échanges de 3,6 Md $ ,pour ce qui est du partenariat sécuritaire, depuis les attentats du 11 septembre 2001 ,le partenariat est excellent, surtout dans la lutte contre le terrorisme transnational, la coopération militaire bilatérale et à la sécurité, en Méditerranée en Afrique surtout au Sahel surtout après le regain de Panafricanisme montant et la débâcle Française au Mali .Lire aussi : La France perd le Mali

C’est le 20 juin, soit quelques jours de la visite de Moscou qu’eu lieu le premier contact occidentale avec Alger, « Ce qui suit est attribuable au porte-parole Matthew Miller :
La secrétaire d’État adjointe Wendy R. Sherman s’est entretenue aujourd’hui avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, des efforts partagés pour faire progresser la stabilité régionale et renforcer davantage les relations américano-algériennes. Ils ont discuté des répercussions mondiales de l’agression russe contre l’Ukraine et ont réaffirmé l’importance de parvenir à une paix juste et durable conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.

Le secrétaire adjoint Sherman a félicité le Ministre Algérie des affaires étrangères Ahmed Attaf pour l’élection de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU et s’est réjoui de pouvoir s’associer à l’ensemble des défis auxquels le Conseil de sécurité est confronté, y compris un soutien total à l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, alors qu’il intensifie ses efforts pour parvenir à une solution politique durable et digne pour le Sahara occidental. Le secrétaire adjoint a souligné la force des États-Unis » ,pouvait-t-on lire sur le site du state departement Américain, à rappeler que le Ministre algérien des Affaires étrangères Attaf est attendu à Washington à l’invitation de son homologue Blinken.
Il faut aussi souligner que s’en est suivi une grande crise énergétique suites à ses événements en Ukraine, en effet après les sanctions contre la Russie, l’Europe peine à s’approvisionner en gaz naturel ,si ce n’est l’apport en gaz de schiste Américain ou le gaz Algérien cependant cela reste insuffisant, puisque le gaz orientale est surtout acheminer vers l’Asie ,malgré les efforts des pays producteurs à satisfaire ce besoin, le remplacement du gaz russe reste difficile et même les nouveaux producteurs du Bassin levantin bien que voulant anticiper auparavant n’y peuvent rien .Lire aussi : Entité sioniste: Diversion au Maghreb et convoitise gazière de l’Eldorado du marché européen

Le tsunami économique et l’affaissement brutal des règles, font des échéances électorales aux USA avec comme fond de toile une crise en Ukraine un élément conséquent , un débat intéressant s’est installé chez les républicains par rapport aux dépenses de l’argent du contribuable américain à l’étranger, la migration clandestine et les événements depuis janvier dernier dans l’entité sioniste sur fond idéologique et qui risque de déboucher sur un nouvel « exode » surtout vers les nouvelles terres acquises par une action de « parasitage » consenti et consommée avec un Etat de l’extrême ouest d’Afrique du Nord ,sont autans de thèmes à suivre.

C’est pour cela que la portée de ce grand rééquilibrage planétaire, décide à lui seul pour beaucoup de la position Algérienne qui suite à sa bonne lecture des événements survenues et par anticipation, s’attelle calmement à mettre en œuvre ses propres « mécanismes intégrés » aux grands mouvements survenus afin de prévenir toute sortie de la trajectoire internationale du rôle qui lui est dévolu et se contentera au plus du statut de membre observateur au sein des BRICS, ce qui lui permettra plus de latitudes dans son rôle de médiateur dans le dossier Ukrainien avec comme clé de voûte « Le document » qui au-delà de son aspect bilatérale semble aussi être un canevas modulable selon chaque cas, régissant les relations futures avec Moscou dans l’après conflit Russo-Ukrainien . Alger qui est loin de demander une quelconque aide pour ces actions ,en créant un fond de développement africain d’un montant initial de 1Md $, initiative qui sera sans doute élargie vers d’autres bailleurs de fond, espère la mise en place d’un corridor international de développement économique dans le Sahel et d’autres pays africains pour prévenir de la migration des populations démunies vers le nord

 

 

 

 

 

 

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