Par Abdelkader H
Parmi les réalisations monstrueuses des “bienfaits de la colonisation” française, traduit légalement par la loi du 3 février 2005, il y a la déportation des résistants algériens, notamment en Nouvelle-Calédonie, cette terre du Pacifique, colonisée par la France depuis 1853, dont les révoltes anticoloniales récentes (qualifiées par le système colonial français d’émeutes) du peuple Kanak viennent nous rappeler les atrocités olympiques dont sont capables les tenants de l’arme fatale dirigée contre l’Humanité.
Avec la déportation des sept militants Kanaks, de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) :- Mulhouse pour le leader M. CHRISTIAN TEIN (dit «Bichou»- Dijon pour Mme BRENDA WANABO IPEZE- Bourges pour. M. GUILLAUME VAMA- Blois pour M. STEEVE UNË- Nevers pour M. YEWA WAETHEANE- Villefranche sur Saône pour M. DIMITRI QENEGEI- Riom pour Mme FREDERIQUE MULIAVAet le silence complice pavlovien des pseudo-défenseurs des « Droits de l’Homme » (occupés à défendre le régime), le système signe explicitement la continuité de sa nature historique inique et cynique gravée dans ses gênes depuis des siècles.
Ce système raciste, resté colonial, outillé de la machette des «Droits de l’Homme» blanc à «génocider» le peuple Palestinien en toute impunité internationale, à fait la promotion du «complotiste» Aissa Rahmoune, l’avocat des assassins et des terroristes en Algérie, en l’installant à la tête de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme).
Cette «monstrueuse» œuvre “civilisatrice” de la déportation des résistants algériens, voilée par le système colonial, qui interdit jusqu’à nos jours l’accès aux maigres archives conservées dans ses édifices sataniques, est méconnue du grand public.
Même les historiens présentés comme une référence moderne incontournable en France, tel que Benjamin Stora, ont participé volontairement ou pas à occulter la déportation de plusieurs milliers de résistants Algériens contre le colonialisme français, en Nouvelle Calédonie entre 1864 et 1921. Des témoignages de familles, qui n’intéressent pas les «historiens indigènes » au service de la France coloniale, rapportent que la déportation des Algériens s’est poursuivie jusque dans les années 1940.
La majorité de ces résistants au colonialisme français étaient présentés par l’administration française et sa justice du téléphone au Képi, comme des “prisonniers de droit commun”.
Ce n’est qu’avec la parution du livre « Caledoun: Terre de bagne des déportés algériens de Nouvelle-Calédonie » de l’ingénieur algérien Rachid Sellal, en janvier 2001, que l’histoire de la déportation des Algériens en Nouvelle Calédonie a fait son apparition dans l’espace public.
En 2004, cette histoire poignante de la terreur coloniale a aussi fait l’objet d’une émission (en plusieurs parties) du réalisateur Saïd Oulmi, «Les témoins de la mémoire», qui, lui-même s’était basé aussi sur le témoignage de Mohamed Seddik Touati, un ancien haut responsable algérien de la Banque islamique de développement, qui avait découvert fortuitement l’existence de cette communauté déportée.
Rachid Sellal verse à son tour des documents et des photos inédits qui vont sans doute ouvrir d’autres pistes étouffées de recherche sur les bagnards algériens de la Nouvelle-Calédonie.
La déportation des résistants Algériens vers la Nouvelle-Calédonie commença dès 1864 et durera, selon certaines sources, jusqu’en 1921. En s’appuyant sur les archives civiles de la commune de Bourail (commune de Nouvelle-Calédonie), on dénombrerait près de 2000 résistants algériens déportés par la France coloniale en Nouvelle-Calédonie.
Les plus célèbres sont les déportés qui ont participé aux insurrections de 1870 et 1871 en Algérie, qui ont débuté à Souk Ahras (Extrême Est de l’Algérie) et qui se sont propagées à Bordj Bou Arreridj (Centre – Est de l’Algérie) et ont ainsi fini par la révolte des Mokrani dans la région de Kabylie.
Ces révoltes aboutissent donc à la déportation des leaders résistants, notamment les familles Rezgui et Mokrani.
Il faut noter que de 1864 à 1897, au fil de l’avancée des troupes françaises, entrées en Algérie en 1830, plus de 2 100 Algériens jugés par des tribunaux spéciaux ou militaires furent déportés vers le bagne colonial de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
Les descendants des «chapeaux de paille» – couvre-chef des bagnards, arrivèrent après un voyage de cinq mois, enchaînés dans les cales.
Le nombre des morts, dont les corps furent jetés par-dessus bord pendant la traversée, reste inconnu d’autant plus qu’ils étaient exclus des lois de 1870, 1872 et 1873 qui permettaient aux déportés d’être accompagnés par leurs femmes.
Les voyages se faisaient à bord de voiliers: des clippers équipés de machines à vapeur, spécialement aménagés pour le transport de prisonniers.
Ils ont parcouru 16 700 milles nautiques soit 30 928 kilomètres. Ces voyages duraient entre 140 et 150 jours.
Les déportés dormaient sur des lits de camp escamotables et étaient regroupés par soixantaine dans des cages.
Pour leur nourriture, ils recevaient généreusement 800 grammes de pain, 2 fois par jour et une soupe aux haricots.
Certains se laissaient mourir de faim. Les transports des déportés étaient classés en trois catégories: Transportation (forçats), déportation (dirigeants politiques), relégations (récidivistes dans la résistance).
Même après avoir purgé leurs peines de bagne, délibérées par les tribunaux militaires, aucun d’entre-eux n’avait le droit de rentrer en Algérie, alors que les communards déportés ont pu bénéficier d’une amnistie en 1880.
Ajouter au fait que les contacts entre Français et Algériens sont interdits, de même qu’il est interdit à ces derniers de donner des prénoms arabo-musulmans à leurs enfants exclus des écoles publiques.
Ces enfants ne pouvaient fréquenter que les écoles catholiques, après avoir été évangélisés et baptisés par l’église, ce qui rappelle les pratiques des missionnaires «Pères Blancs» de Lavigerie dans la région de Kabylie. Redoutant une alliance entre les déportés Algériens et les populations Canaques, l’administration coloniale a mis en place la même stratégie « diviser pour régner », en octroyant des terres aux plus «méritants» des déportés algériens qui se voyaient octroyer des concessions de terres (quatre à cinq hectares) qu’ils pouvaient cultiver.
Ils se regroupent dans les vallées fertiles de Boghen et de Nessadiou appelée aussi «vallée des arabes». Quelques déportés Algériens seront graciés à titre individuel pour services rendus, comme ce fut le cas pour certains (on parle d’une quarantaine) de ceux qui participèrent à la répression de la révolte des Canaques.
Beaucoup des descendants des Algériens peinent à remonter jusqu’à leurs origines en raison de la pratique de l’administration coloniale consistant à altérer les noms des déportés. Souvent, ceux-ci ne savaient ni lire ni écrire.
Les noms et prénoms étaient donc inversés, avec l’orthographe aléatoire pratiquée dans les colonies.
Il existe trois associations regroupant des descendants de déportés: l’Association des Arabes et des amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie créée en 1969, l’Association des Descendants d’Algériens et des Maghrébins de Nouvelle-Calédonie (ADAM.NC), l’Association des musulmans de Nouvelle-Calédonie créée en 1975 regroupe des descendants Maghrebins, ainsi que des Indonésiens de Nouvelle-Calédonie venus sur l’île dans le cadre du travail engagé. Le descendant le plus connu de cette diaspora est Jean-Pierre Aïfa prénommé aussi Taïeb, né le 31 octobre 1938, surnommé «le calife».
Il est un descendant de déportés originaires d’El Eulma (Ville à l’Est Algérien).
Il a été maire de Bourail (devenu fief caldoch) de 1977 à 2001 puis de 2008 à 2014; il a également été président de l’Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie à plusieurs reprises.
Il a aussi été président de l’Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie.
Il faut aussi citer Christophe Sand, chercheur spécialiste de l’archéologie calédonienne, et Mélica Ouennoughi, anthropologue qui ont témoigné historiquement sur la présence algérienne en Nouvelle-Calédonie, sur le cimetière des Arabes de Nessadiou dans le quartier détaché de Nessadiou, longtemps surnommé la «petite Afrique», au sud du territoire communal de Bourail.
Quelques descendants de ces bagnards sont retournés en Algérie, mais se projetant dans l’avenir comme Calédoniens.
A l’image du régime génocidaire des généraux de Tel Aviv, la France a bien pratiqué la politique coloniale de peuplement en Algérie et ailleurs, et a tenté de le reproduire par la force en Nouvelle-Calédonie avec les déportés Algériens.
Pour le confirmer par ces temps Mossad en France, c’est l’estivant Alain Juillet (ancien patron de la DGSE, fondateur et premier grand-maître de la Grande Loge de l’Alliance maçonnique française, conseiller du «casserolé» premier ministre F. Fillon, éminence grise avec Marie-France Garaud du «Club de l’Horloge», …) qui vient de menacer les Kanaks de partition ethnique dans le cas où ils se libéreraient du joug de la France coloniale.