Par Mohamed Abbou
En congé d’une ancienne vie,je suis revenu chercher l’air qui a gonflé mes poumons à peine sorti de l’adolescence. L’air des rues de ma ville de cœur,la ville de toutes mes expériences, la ville qui m’a ouvert les portes de la vie.
Mais l’air que j’y retrouve n’a plus le même goût. Il lui manque sûrement mon innocence et aussi mon « alacrité’ « . De fait,les amis d’antan que je croise n’ont plus l’agilité que je leur connaissais et gardent à peine une trace de la prestance que je m’appliquais autrefois à imiter.
Ils ont une lenteur à laquelle j’essaye de résister, m’obstinant à donner une alerte forcée à mon allure;consentant à panser le soir la souffrance affligée, le jour ,à mes articulations.
Mon sacrifice à l’apparence ne suffit pas à soumettre l’ambiance à ma nostalgie. Pourtant j’aime autant la ville de mes premiers repères. Ces repères qui fixent toute une vie.
Ma passion pour ma ville,pour Oran tiendra-t-elle à se nourrir que d’émotions si je n’arrive pas à contribuer à son réveil culturel?
Combien d’amoureux de ma ville ont été piégés par sa douceur inutile et se sont éteints d’immobilisme ?
L’ennui y est très discret, il se dilue dans les évocations contagieuses,les témoignages qui nomment franchises leurs libertés avec la réalité, les aveux tardifs d’excès hissés au rang de bravoures, les vieilles complicités qui prouvent qu’on a été et aident à peine à être.
Ma génération ne souffre-t-elle pas d’être devenue adulte trop tôt ?
Ne faut-il pas vite aimer Oran avant d’être vieux trop tôt ?