Mohamed El Abassi.
S’il est vrai qu’il n’a jamais été véritablement colonisé comme le fût l’Algérie dans une vision coloniale d’extermination de ses « indigènes », de peuplement exogène et de dépossession de sa personnalité, de sa culture et de sa religion, le Maroc a été un protectorat voulu et désiré, à chaque interphase historique, pour la seule survie de la monarchie alaouite.
La quête interminable d’alliances du Maroc qui a suivi son « indépendance » depuis sa malencontreuse et honteusement infructueuse demande d’adhésion à la Communauté économique européenne, l’ancêtre de l’union Européenne, puis tout récemment, à la communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, dont il a été débouté, se poursuit à un rythme frénétique, à commencer par des plates allégeances aux Etats-Unis de l’ex-président Trump, en contrepartie de la signature des accords dit d’Abraham, avant d’avoir tenter de prolonger une alliance désavouée avec une certaine France néocoloniale, à bout de souffle, à la faveur d’une « Francafrique» aux oubliettes de l’histoire.
Il faut se souvenir que feu Hasan II avait envoyé son prince héritier et actuel monarque à Bruxelles auprès du président de la commission européenne de l’époque en stage pour comprendre et s’initier au processus de la construction européenne et au droit communautaire, mais en vain.
L’entente éphémère, parce que suspecte, concoctée avec un premier ministre espagnol piégé par le Makhzen dans un traquenard qui ne tardera pas à se faire jour, n’offre qu’un mirage opaque aux thèses marocaines concernant la question du Sahara Occidental, qui reste, en vertu du droit international, un territoire non autonome. La doctrine de l’ONU et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité lui préconisent l’application du droit à l’autodétermination à l’instar des territoires en attente de leur statuts définitifs, selon les termes de la déclaration 1514 du 14 décembre 1960 de l’assemblée générale des Nations Unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés.
En désespoir de cause ou par dépit, et en mal d’assumer, à lui-seul, la survie d’une monarchie en décrépitude, voilà que le Makhzen s’engage, pieds et poings liés, dans une normalisation outrancière avec l’entité sioniste malgré le ressentiment profond de son «cher» peuple !
La vulnérabilité d’un pays se mesure à son défaut d’autonomie intrinsèque ou son indépendance, sinon pourquoi vouloir enrôler des pays corrompus par des simulacres de consulats fictifs, et offrir, dans le même temps, une large autonomie au Sahara Occidental quand le Maroc prétend posséder ce territoire ?
L’on a appris que la politique étrangère n’est que l’expression de la politique intérieure, mais seulement, quand on écoute la voix de son peuple. Apparemment, le Makhzen se fait sourd au cri assourdissant de ce peuple marocain qui refuse l’entité sioniste dans quelques rapports que ce soit.
Si la diplomatie marocaine ou ce qui reste de ses lambeaux, s’entête dans cette voie, sans issue, pour s’approprier, à travers un fait qui restera éternellement inaccompli au Sahara Occidental, le Maroc se verrait découronné et perdre ses territoires internationalement reconnus car la révolte du Rif bouillonne, la pauvreté gagne des pans entiers de la classe moyenne, le front social s’embrase.
La quête d’alliances, même avec le diable, ne mène qu’à discréditer le souverain marocain, de plus en plus esseulé et vulnérable, dès lors que sa diplomatie s’avère incapable de prévenir les ruptures au lieu de les nourrir, croyant à un triomphalisme de chimère dans une fuite en avant.
Le pacte le plus imparable, le plus sincère et le plus protecteur de tous les dangers et menaces, serait pour le Makhzen d’écouter son peuple. L’histoire de la quête d’alliance et de protectorat exogènes de la monarchie alaouite se doit de cesser pour revenir au peuple marocain souverain, à moins qu’il ne le soit point.
Le Monde aura suivi l’amour et la vénération que lui voue son peuple et tous ceux du Commonwealth, anciennement colonisés par l’empire britannique, pour sa défunte reine, qui régnait sans gouverner, durant 70 ans.
Qu’en sera-t-il, le jour du rappel inexorable à Allah, pour Mohamed VI et de son titre hérité, mais non assumé dignement, de commandeur de croyants ?