Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, comparaîtra devant le Congrès, la semaine prochaine, pour rendre compte de la tragédie ayant conduit, en juin dernier, à la mort d’au moins 23 migrants africains, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis la ville de Nador, ont rapporté des médias locaux.
Des sources parlementaires citées par l’agence de presse espagnole (EFE) ont précisé que le porte-parole du groupe parlementaire des socialistes, Patxi Lopez, a souligné mardi, que Grande-Marlaska donnera les explications nécessaires sur ces évènements lors d’une apparition en séance plénière du Congrès des députés prévue la semaine prochaine, probablement mercredi.
Le porte-parole a, en outre, fait savoir que le Parti socialiste (PSOE) du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a voté contre la création d’une commission d’enquête sur la tragédie de Melilla, proposée par plusieurs formations politiques, comme United We Can, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et Bildu, considérant que la seule présence du ministre de l’Intérieur serait suffisante.
Cette décision a été vivement critiquée par la Gauche républicaine de Catalogne (ERC). La députée Maria Dantas, a qualifié la décision des socialistes de «scandaleuse et répugnante».
La question des actes de violence des forces marocaines à Melilla, que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez n’a jamais condamné, a été évoquée dans le discours du dirigeant de l’ERC, Gabriel Rufi?n dans le débat de politique générale.
De son côté, le sénateur de la coalition Compromis, Carles Mulet a condamné la réponse du gouvernement espagnol à ses questions écrites sur la tragédie de Melilla, ont souligné des médias locaux.
«Le gouvernement se réfère à ce qui a été déclaré par le ministre de l’Intérieur lors de la séance plénière du Congrès des députés, tenue mercredi 29 juin, pour répondre aux questions orales concernant les conséquences tragiques» de la tragédie de Melilla, a répondu le gouvernement au sénateur.
Une explication qui ne répond pas aux questions posées par Carles Mulet qui a demandé si la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic a reçu les informations sur ce qui s’est passé comme demandé.
«Ai-je reçu des informations indiquant que la coopération dans le domaine du contrôle des migrations entre le Maroc et l’Espagne conduit à des actions coordonnées entre les deux pays qui peuvent exposer les migrants et les demandeurs d’asile des risques de violations des droits de l’Homme?», a demandé M. Mulet.
Le 24 juin, au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d’entrer dans l’enclave espagnole.
De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants.
Des séquences vidéo prises par l’AMDH (Association marocaine des droits humains) montrent un agent de sécurité marocain frappant au sol des hommes visiblement blessés et un autre agent jetant un corps inerte sur plusieurs personnes.
Selon des organisations de défense des droits humains au Maroc et ailleurs, le nombre de victimes lors de la répression sanglante d’environ 2000 migrants africains le 24 juin dépasse de loin les 23 morts annoncés par les autorités marocaines.
De nombreux pays et organisations internationales ont exigé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé et sanctionner les auteurs.