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La férocité de l’appareil sécuritaire français (3ème partie)

Par Mohamed Belhoucine*

Le renforcement du socio-apartheid. Expansion des mégapoles et nouvel enfermement.« Dans les pays capitalistes et impérialistes, l’intensification de la politique d’apartheid ira en croissant, va devenir à la fois un instrument politique et social ».  

Nelson Mandela

L’état d’urgence décrété par Macron permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires par la France impérialiste actuelle.

C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres et précaires, autour de ses centres d’accumulation capitalistique. A partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci enivrées par leurs cuirasses de poudre de Perlimpinpin, produisent de la provocation et de la violence policière et donc engendrent de la colère et de la résistance. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque insurrectionnelle. Ils vont produire le droit légitime à la résistance et à la rébellion.

Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans à la fin des années 1970 et début 80 ont débouché sur l’assassinat de l’Algérien Malik Oussekine par la police française, et on se rend compte, au gré de ces révoltes, de leur répression et de leur gestion médiatique que les délations des indicateurs noyés à l’intérieur des quartiers des insurgés, des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable et dit habité par la ‘’racaille’’.

Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

Et dans ces quartiers des banlieues, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Le droit intangible à la résistance.

La stratégie et tactique de la tension. Provoquer les désordres pour appliquer la contre-insurrection aux quartiers populaires.

« La politique de maintien de l’ordre est un système de répression musclée, qui consiste à laisser se développer le désordre aux seules fins de mieux le réprimer et donc, de faire intervenir les forces de l’ordre avec un retard délibérée ».

Raymond Marcellin, ministre de l’intérieur 1968 (rapporté par Stephen Graham, Villes sous contrôle. La militarisation de l’espace urbain, édit. La découverte, 2012)

Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui harcèle en permanence les banlieues pour permettre de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix, vaincre ou mourir – et un réaménagement des territoires conformes aux intérêts du pouvoir et des classes dominantes : il faut à la fois ségréguer, pénétrer et percoler cybernétiquement ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de ‘’subversif’’ (il faut noter que le mot percolation a été prononcé publiquement par l’histrion Macron sans qu’il ne connaisse sa véritable signification opérationnelle). L’urbanisme bourgeois tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. (Il faut lire à ce propos l’indispensable Anatole Koop, Town and Revolution Soviet Architecture and city Planning 1917-1935, édité par Thames and Hudson, London,1970).

Cette logique est déjà à l’œuvre dans les banlieues  françaises; on a des polices spécialisées à la gestion des territoires misérables (la BAC), c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’enfants et d’habitants des banlieues ; on voit la résistance des jeunes faite de colère, d’entraide, font réémerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de reconstituer vite de nouveaux réseaux de guérilla urbaine une fois que les réseaux anciens ont été démantelés par les services secrets français grâce à l’aide des indicateurs logés à l’intérieur de la population insurgée(nos jeunes apprennent vite sur leurs grands-pères du FLN). Ce sont toutes sortes de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement (développés par la CIA), il faut intervenir avec de la coercition.

Le marché de la coercition

La BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. Les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides exhibés aux foires et marché de la coercition MELIPOL et EUROSATORY qui se tiennent annuellement au Park des expositions à Paris : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils de répression en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme la Méthode Kanban de production Toyotiste japonaise, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

Il faut noter que la police israélienne et le Shabak (sécurité intérieure israélienne) ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie, 1958-1960, durant notre guerre de libération nationale.

Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs.

Depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir et à nos jours, le Shabak et le Mossad disposent de deux bureaux permanents au Palais de l’Elysée.  On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires entre la France et l’entité sioniste.

A cet égard, le nouveau modèle contre insurrectionnelle de la Percolation cybernétique (SIGINT) annoncé publiquement et triomphalement par Marcon, expérimenté récemment par l’armée judéo-nazi-sioniste à Jenin (Palestine occupée), a été vite un échec cinglant et rapidement déjoué par les CCME, élaborés par les brillants guerriers électroniciens, tacticiens et stratèges de la guerre révolutionnaire appartenant à l’héroïque résistance palestinienne. Un de leur plus spectaculaire résultat fait que les drones sionistes ne peuvent plus survoler Jénin sans risquer d’être abattus.

La police française dispose d’armes de guerres, une lâcheté face à une population des banlieues désarmée, connue par ses méthodes extrêmement violentes et par son mépris spectaculaire de l’Etat de droit, agissante sur ordre directe de l’exécutif, a été défaite par des poulbots de 14 ans, résistants, déshérités et pauvres luttant pour la vie contre la mort, lors de la récente insurrection des banlieues en France suite au lâche assassinat du Martyr Naïl par un policier français d’origine marocaine.

Une police consubstantiellement corrompue et raciste encouragée de façon permanente par le pouvoir strausso-khazar-macronien pour terroriser, conçue pour soumettre, écraser et rendre serviles les population endo-colonisées et post-colonisées. Consciemment ou inconsciemment cette mentalité collective française, héritée de l’Eglise et du colonialisme, est pratiquement à l’œuvre de façon concrète dans la plupart des processus mentaux et phénomènes psychosociaux qui se trouvent impliqués notamment dans les violences policières sous les ordres oraux du chef de l’Etat français et de toute la chaine de commandement du ministère de l’intérieur.

Une police militaro-wébérienne détentrice d’armes de guerre et jouissant de l’abus excessif et démesuré de l’exercice du pouvoir et du monopole de la violence. Les assassinats de sang-froid et de meurtres prémédités commis sciemment par la police française dans l’impunité totale où sa dérivée militaire s’est faite récemment éjectée de partout en Afrique, un lourd outil répressif dirigés exclusivement contre les populations endo-colonisées (Mali, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, RDC, RCA, Gabon etc…). Les populations post-colonisées présentent sur le territoire français vivent un contrôle et un harcèlement policiers permanents, une politique de la terreur, avec l’accord tacite et le blanc-seing de l’Etat français et de son chef.

L’ Anthropologie de l’imaginaire

Le recours aux outils de l’anthropologie de l’imaginaire (voir l’ouvrage pionnier de Gilbert Durand, les structures anthropologiques de l’imaginaire, édit Dunod, 1960) — cette sous-spécialité de l’anthropologie qui n’a jamais était réellement activée , vite décriée et étouffée à sa naissance par les establishments mandarinaux coloniaux occidentaux et leurs services de renseignements qui ne font que suivre la feuille de route tracée par le néolibéralisme mondialiste — ces derniers sont en constante veille sur la production des connaissances universitaires qui élucident, déconstruisent et proposent des modèles explicatifs sur les dispositifs répressifs de l’appareil d’Etat français dont les ressources puisent aux répertoires particuliers de violence appliquées aux colonisés dans les colonies, vont inspirer « en métropole », la police dédiée aux post-colonisés, dont les valeurs, les codes et les symboles sont logés et incrustés dans la conscience collective française, c.a.d l’usage régulier de pratiques de coercition, d’humiliation, de vexations, de brimades, de rafles et d’assassinats.—.

L’anthropologie de l’imaginaire met à notre porté tout l’outillage conceptuel qui va nous permettre de dessiner tous les contours de la cartographie et mise à nu des mécanismes agissants sur les structures mentales françaises (les codes, les normes, les rites, les symboles etc. au sens Deleuzien du terme), pour décrypter précisément l’imaginaire collectif de la société française tel qu’il évolue aujourd’hui avant même qu’il ne produit les réalités observables que sont les passages à l’acte de meurtres et d’assassinats par sa Police et sa Gendarmerie , avec l’appui et l’encouragement tacite de la population souchienne française, ciblant les enfants et adolescents franco-algériens, une population minoritaire post-colonisée, non protégée, aux mains nues, stigmatisée et marginalisée à tout point de vue.

*Dr en Physique, DEA en économie

Lire aussi: La férocité de l’appareil sécuritaire français (2 ème partie)

Et: La férocité de l’appareil sécuritaire français (1ère partie)

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