Le vice-président de la Douma Alexandre Babakov, a plaidé le 29 mars dernier pour la mise en place d’une nouvelle relation financière entre l’Inde, la Russie et la Chine, à travers un dispositif incluant une nouvelle monnaie commune.
«L’Inde, la Russie et la Chine sont les pays qui créent aujourd’hui un monde multipolaire soutenu par la majorité des pays. Sa création devrait reposer sur l’établissement de nouveaux liens financiers basés sur un système qui ne protège pas le dollar et l’euro d’aujourd’hui, mais plutôt crée une nouvelle monnaie capable de servir nos objectifs» explique Alexandre Babakov, estimant que les règles actuelles ne considèrent pas la Russie, l’Inde ou la Chine comme des partenaires égaux. «Peu importe qu’il s’agisse d’un rouble numérique, d’une roupie numérique, d’un yuan numérique ou d’une autre devise. Mais il est essentiel que cette monnaie respecte les lois de nos nations respectives», insiste Alexandre Babakov, ajoutant qu’une monnaie unique qui émergerait au sein des BRICS serait «liée non seulement à la valeur de l’or mais aussi à d’autres catégories de biens, des éléments de terres rares ou [autres matières] du sol».
Par ailleurs, il faut noter que des voix en Russie, Chine et Inde plaident pour le lancement d’une monnaie commune au sein du groupe des BRICS, une monnaie qui pourrait remplacer le dollar.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait déjà annoncé la couleur en janvier dernier que la création de cette monnaie commune serait évoquée dans le cadre du sommet programmé pour août en Afrique du Sud.
Les pays des BRICS « souhaitent créer leurs propres mécanismes garantissant un développement stable et protégé contre le diktat étranger ».
La dédollarisation bat son plein, et c’est dans ce cadre que la Chine et le Brésil viennent de signer un accord commercial pour faciliter les échanges en yuans dans plusieurs secteurs.
Le Président russe a d’ailleurs soutenu ces stratégies, encourageant les pays africains à se tourner vers le yuan. Deux tiers du commerce russo-chinois se font déjà en roubles et en yuans.
« Les États-Unis utilisent le dollar comme arme commerciale pour punir les pays qui ne les suivent pas. La Turquie a notamment été soumise à une forte dévaluation de la livre aux dépens du dollar, au point que les distributeurs de billets turcs fournissent désormais des dollars en plus de la livre. Cette militarisation du dollar dure depuis un certain temps. Au cours des douze derniers mois, cela s’est intensifié, en particulier contre la Russie », note l’économiste Chris Devonshire-Ellis .
La Russie a notamment vu ses réserves mondiales de dollars détenues à l’étranger gelées par les États-Unis, rappelle l’économiste du cabinet de conseil Dezan Shira & Associates. Washington n’a en outre pas hésité à instrumentaliser le système SWIFT, faisant pression pour que la Russie en soit exclue. Un détournement politique manifeste puisque le réseau a avant tout été créé pour lutter contre le blanchiment d’argent et le trafic de drogue, souligne Chris Devonshire-Ellis.
L’Inde compte renoncer au dollar
Le gouvernement indien a dévoilé sa nouvelle politique de commerce extérieur qui prévoit, entre autres, d’aider à renoncer au dollar et de faire de la roupie une monnaie mondiale.