Même si la Loi canadienne ne permet pas de refuser l’entrée au Canada aux camionneurs canadiens non vaccinés ou à un individu inscrit à titre d’Indien en vertu de la Loi sur les
Indiens, ces derniers sont néanmoins soumis à des mesures contraignantes de dépistage avant et après leur arrivée au Canada et le cas échéant a observer une quarantaine.
L’industrie du camionnage déjà fortement impactée par le ralentissement économique découlant de la pandémie est vite montée aux barricades pour faire face à ce que de
nombreux camionneurs considèrent comme des lubies de fonctionnaires entièrement coupés des réalités des citoyens ordinaires.
Le mouvement de contestation qui dès le premier jour a connu une forte mobilisation a été récupéré rapidement par des mouvements politiques d’extrême–droite. C’est ainsi que
dès les premiers jours de la manifestation, les canadiens ont été interloqués par ces convois de camionneurs arborant le drapeau des confédérés et même des drapeaux Nazis alors que la motivation première de cette manifestation était l’amélioration «des conditions de travail des camionneurs».
Il n’en fallait pas plus pour les autorités canadiennes pour invoquer l’ingérence étrangère dans l’organisation et le financement de ces groupuscules qui ne viseraient rien de moins que de faire tomber le gouvernement par des moyens anti–démocratiques. Accusations vite rejetée par les organisateurs qui y voient plutôt une campagne de diabolisation d’un mouvement populaire contre un pouvoir fédéral « liberticides».
Plusieurs rapports de presse évoquent la présence d’anciens militaires et d’anciens officiers de la Gendarmerie royale du Canda (GRC) au sein des différents groupes contestataires.
Le financement étranger estimé à une dizaine de millions de dollars proviendrait de pays comme la Chine, la Russie et même des militants de l’ex président des États–Unis Donald
Trump.
Par le truchement de la plateforme GoFundMe les ressources financières intarissables de ce mouvement commencent à inquiéter les autorités canadiennes qui misaient sur
l’essoufflement de ce dernier par manque d’argent. Les pressions exercées par les autorités judiciaires sur la plateforme ont poussé les organisateurs a migrer sur une autre
plateforme en l’occurrence GiveSendGo que de nombreux observateurs considèrent comme l’un des vecteurs les plus importants de financement de la droite religieuse aux États–
Unis et au Canada.
Plusieurs députés, de gauche comme de droite, ont dénoncé avec véhémence cette «main étrangère» eux qui pourtant ne faisaient pas cas des règles de retenue ni de sagesse quand
il s’agissait d’intervenir dans les affaires internes des autres pays.
Il importe de souligner que le fait de dénoncer l’ingérence dans ces affaires internes n’est pas chose nouvelle pour le Canada. On se souviendra qu’en 2019, le gouvernement
canadien avait mis en place un plan pour lutter contre cette ingérence étrangère. Ledit plan regroupait trois ministères et non des moindres, il s’agissait du ministère de la Sécurité
publique, le ministre des Institutions démocratiques et le ministère de la Défense nationale. Le fameux plan s’articulait autour de trois volets importants : lutter contre l’ingérence
étrangère, sensibiliser les citoyens face à la désinformation en ligne, renforcer la préparation organisationnelle et d’accroître la transparence des plateformes sociales et
numériques.
Face à l’inertie affichée par le Premier Ministre Justin Trudeau, qui n’exclue plus le recours aux forces armées pour libérer les ponts et le réseau routier, la population commence à montrer
des signes de fatigue et d’écœurement face à ces manifestants qui ont pris en otage leur ville.
Le président du puissant voisin du Sud, Joe Biden a demandé aux autorités canadiennes de mettre fin a ce blocus qui se révèle extrêmement nuisible au commerce entre les deux
pays. On estime à environ 1,7 milliard de dollars US la valeur des marchandises et des services qui traversent la frontière entre les deux pays chaque jour.
Jusqu’à présent l’état d’urgence déclaré par le maire
d’Ottawa et le premier Ministre de la province de l’Ontario n’ont pas eu l’effet escompté. Le recours à la justice pour déclarer cette manifestation pacifique comme une
occupation donnera aux autorités le droit d’obtenir des injonctions qui permettront à ces dernières de mettre fin à ce blocus par la force publique.
Manifestations pacifiques ou occupation illégale fomentés par des puissances étrangères, les autorités canadiennes semblent complètement désarçonnées par un mouvement
contestataire qui menace sérieusement les fondements même de la démocratie canadienne et de son État.
Abstraction faites des déclarations à l’emporte pièce d’hommes et de femmes politiques dénonçant un ennemi étranger invisible et insaisissable, la classe politique canadienne se montre pour le moment incapable de juguler cette contestation qui est entrain de faire des émules en Europe et ailleurs.