Les agriculteurs s’attendent à une baisse de la production céréalière cette année, en raison du manque de pluviométrie. « Notre système céréalier est fragilisé par une trop grande dépendance des précipitations », alors même que « l’ensemble des modèles climatiques prédisent pour la région encore plus d’aridité et de variabilité des précipitations », alerte le Pr Ali Daoudi, enseignant chercheur à l’École nationale supérieure agronomique d’Alger, ce mercredi matin, dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne.
Il recommande « d’augmenter les surfaces irriguées dédiées à la céréaliculture et d’adapter les itinéraires techniques aux spécificités territoriales ».
Pour l’agroéconomiste, la baisse de la production est « l’effet immédiat des conditions climatiques » car, selon lui, « c’est le même système traditionnel de production céréalière qui a produit l’année dernières près de 40 million de quintaux qui risque de produite 25% de moins cette année.» Il souligne que les rendements restent faibles. « Les rendements moyens sur les cinq dernières années tournent autour des 16 quintaux à l’hectare, c’est parmi les taux les plus faibles de la région méditerranéenne. »
Selon lui, « pour sécuriser la production de céréales, il faudra augmenter les superficies irriguées.» le Pr Ali Daoudi insiste, « même si on a déjà du mal à augmenter l’irrigation d’appoint, il faut être plus ambitieux et envisager d’avoir structurellement, quelques 200 mille hectares de céréales chaque année, en irrigué, avec des niveaux de rendements élevés, entre 50 et 65 quintaux à l’hectare en moyenne, pour stabiliser environs 20 millions de quintaux de production, c’est fondamental si l’on veut sécuriser l’approvisionnement du marché. »
Il précise que cette année, il faut s’attendre à une augmentation des importations, y compris des céréales destinées à l’alimentation de bétail.
« Pour gagner le pari du rendement, il faut une agriculture territorialisée »
Le spécialiste recommande également d’adapter les itinéraires techniques aux spécificités territoriales. «Pour gagner le pari du rendement, il faut une agriculture territorialisée. On ne peut pas penser de la même manière à Constantine et à Sidi Bel Abbes, les agriculteurs sont dans des conditions naturelles complètements différentes, pour lesquelles il faudra produire des modèles techniques adaptés », explique-t-il.
Une adaptation qui inclut la semence précise le Pr Ali Daoudi : « il faut appuyer l’effort consentit par l’Institut des grandes cultures (ITGC) dans la production de variétés de semences adaptées aux différents territoires de l’Algérie. » L’enseignant chercheur à l’École nationale supérieure agronomique déplore « l’absence d’un programme qui coordonne les différentes recherches sur la céréaliculture », menées selon lui, « en rangs dispersés. » il appelle à « investir, dès aujourd’hui, dans la recherche agronomique participative et territorialisée pour produire les solutions d’intensification adaptées pour demain.»