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Claude Mangin, la militante des droits de l’homme des prisonniers politiques sahraouis, se confie à Algérie54

Elle a sillonné le monde pour revendiquer la libération des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, qui croupissent dans les geôles du régime du Makhzen dans des conditions inhumaines dont son époux Naama Asfari. Il s'agit bien de Claude Mangin, la militante des droits de l'homme ,privée de visites de son mari et interdite d'entrée au Maroc depuis 2016. Elle contraint les autorités françaises à réagir après un mois de grève de faim en 2018. Une réaction somme toute complice et qui matérialise bien le soutien de la France à l'occupation des territoires sahraouis par le régime du Makhzen, en violation du droit international. Claude Mangin se confie à Algérie 54 au sujet de la détention arbitraire des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, de cette farce judiciaire ayant accompagné leurs procès et enfin son calvaire depuis des années et qui perdure encore.

Elle a sillonné le monde pour revendiquer la libération des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, qui croupissent dans les geôles du régime du Makhzen dans des conditions inhumaines dont son époux Naama Asfari. Il s’agit bien de Claude Mangin, la militante des droits de l’homme ,privée de visites de son mari et interdite d’entrée au Maroc depuis 2016. Elle contraint les autorités françaises à réagir après un mois de grève de faim en 2018. Une réaction somme toute complice et qui matérialise bien le soutien de la France à l’occupation des territoires sahraouis par le régime du Makhzen, en violation du droit international. Claude Mangin se confie à Algérie 54 au sujet de la détention arbitraire des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, de cette farce judiciaire ayant accompagné leurs procès et enfin son calvaire depuis des années et qui perdure encore.

Algérie 54: Selon des informations publiées par des organisations des droits de l’homme, les prisonniers politiques sahraouis vivent une situation intolérable dans les geôles de l’occupant marocain. Qu’en dites-vous?

Claude Mangin: Le régime du Makhzen a redoublé de répression à l’égard des prisonniers politiques sahraouis, dont ceux de Gdeim Izik , incarcéré injustement depuis 2010. Au passage, il faut souligner, qye le rassemblement tenu à Gdeim Izik en 2010 avait détruit la version de l’occupant au sujet de « la marocanité » du Sahara Occidental .

Le Makhzen ne cessait d’affirmer que le peuple sahraoui n’existait pas, que ce sont des sahraouis « marocains », alors qu’en fait le peuple sahraoui est bel et bien un peuple nomade qui a toujours nomadisé au sud du Maroc et n’a jamais eu de lien d’allégeance avec les autorités marocaines et qui sont un peuple nomade qui avait été conquis et colonisé par l’Espagne, c’était l’ancien Rio de Oro donc l’Espagne qui avait colonisé ce territoire au moment du partage de Berlin en 1885 .
Et c’est l’Espagne de Franco historiquement administrante qui céda les territoires, offrant l’occasion au régime du Makhzen de le recoloniser en violation des résolutions du Conseil de sécurité et en violation du droit international.

Quand les espagnols sont partis, c’est le Maroc et la Mauritanie qui ont envahi les territoires du Sahara Occidental. Une invasion affrontée avec une grande résistance de la part du peuple Sahraoui et son représentant légitime le Front Polisario jusqu’à la conclusion d’un accord de cessez le Feu sous l’égide de l’ONU en 1991, en prévision de la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

Depuis cette date, c’est la résistance politique qui a pris le relais de la résistance armée dans les territoires sahraouis occupés par le régime du Makhzen.

Algérie54: On assiste ensuite au durcissement de la répression?

Claude Mangin: Sur ce plan, il faut noter que suite à la campagne de répression, de tortures et de détentions arbitraires visant les militants sahraouis, des avocats français avaient plaidé le respect du droit international devant les tribunaux marocains, qualifiant même la présence des forces armées et policières marocaines de forces occupantes ayant remplacé les forces espagnoles n’ayant pas achevé le processus de décolonisation du peuple sahraoui.

Algérie 54: quelle est la situation actuelle des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik?

Sept ans après une parodie judiciaire et un second procès, les prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izil revendiquent tout simplement leur libération et leur retour au sein de leurs familles.
Il faut noter que les proches des familles des prisonniers sont tenus de parcourir des milliers de kilomètres pour voir ou rendre visite à leurs progénitures. En ce qui concerne mon cas, je te signale que je suis interdite de fouler le sol marocain pour voir mon époux Asfari Naama . Cela date depuis 2016, j’ai été expulsée 5 fois, en été 2018, j’ai tenu une grève de la faim de 30 jours dans la mairie d’Ivry-sur-Seine, cette mairie qui nous a toujours soutenue et qui a fait un Naama de citoyen d’honneur de la ville, comme Barghouti et Mandela. Et au bout de 30 jours, disons que le député communiste Jean-Paul Lecoq a fait une intervention devant le gouvernement à la séance des questions du mardi. Il a interpellé Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, pour lui dire que Mme Mangin était prête à arrêter sa grève de la faim si la France s’engageait à obtenir son droit de visite. Donc ma grève de la faim s’est terminée comme ça. Il a quand même fallu 9 mois pour que la France obtienne que je puisse aller voir mon mari. C’est-à-dire que le Maroc, toutes les démarches qu’ont pu faire le ministère des Affaires étrangères français auprès de l’ambassade du Maroc en lien direct avec le ministre de l’Intérieur ont été infructueuses pendant très très longtemps. Donc ça veut dire que la France n’est pas respectée par le Maroc puisque c’est tout à fait mon droit de pouvoir aller rendre visite à mon mari. Si j’étais mariée à un Marocain condamné de droit commun, je pourrais y aller comme je veux. Mais là, comme je suis mariée à un Sahraoui, vous savez qu’au Maroc il y a trois sujets tabous, le roi, la religion et le Sahara. Et comme moi je viens au Maroc pour le Sahara Occidental, et je suis mariée à un Sahraoui, je suis donc hors la loi. 

Entretien réalisé par B.Samah

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