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Colonna, coloniale?

Par Houria Hanem

A l’instar de très nombreux algériens et notamment des diplomates, je suis choquée par les propos de la ministre française des affaires étrangères Mme. Catherine Colonna, qui s’est autorisée à réagir sur LCI à la publication d’un décret algérien au journal officiel algérien concernant l’hymne national algérien. 

Il est absolument nécessaire de dénoncer cette réaction de la cheffe de la diplomatie française car elle constitue une double faute diplomatique : dans la forme, susciter une polémique internationale à travers le canal médiatique c’est, sous couvert d’un exercice démocratique, courir le risque de provoquer des tensions dans la relation bilatérale, sur le fond c’est une ingérence caractérisée dans les affaires intérieures d’un État indépendant et souverain : c’est une position clairement néocoloniale.

Nous sommes en droit, nous Peuple Algérien, de nous interroger sur cette réaction ministérielle française à propos d’un couplet de notre hymne national ?

D’abord, c’est notre hymne et nous avons le droit d’en faire ou de le défaire quand et comme nous le voulons, et ensuite comme l’a si justement souligné M. Abdelaziz Rahabi, de nombreux autres hymnes nationaux comportent moult références aux contextes historiques réciproques. Le quotidien Le Parisien daté du 17 juin 2023, rapporte la déclaration de la ministre Catherine Colonna qui affirme entre autres que l’hymne national français n’était << pas tout à fait affectueux non plus », mais que << personne » n’était cité. Faux. Manifestement, Mme Colonna ne connaît pas son hymne national.

Par souci de la rigueur intellectuelle, j’ai lu l’hymne français, la Marseillaise. Eh bien, Mme Colonna, devrait dans sa croisade contre les hymnes qui citent les ennemis, se préoccuper de son hymne national qui regorge effectivement d’un vocabulaire très violent et qui cite expressément le nom De Bouillé.

Décidément, la classe politique française a du mal à digérer l’indépendance de l’Algérie. Et ce qui me stupéfait, c’est que la MAE ne s’est même pas entourée de la moindre précaution. Tout de go, elle s’irrite de notre décision de rejouer ce 3 ème couplet de notre hymne national??? De deux choses l’une, ou bien c’est un dérapage dû à des émotions surgies de tripes nostalgiques, ou bien pire encore cette ministre pense que l’Algérie ne peut rien décider sans l’autorisation de la France et cela s’appelle une pensée néocoloniale. Dans tous les cas, Mme Colonna se montre ici dans ses vrais atours.

La France du 3ème couplet de notre hymne national, c’est la France coloniale. C’est l’interpellation et la condamnation du système colonial. Hier, aujourd’hui, demain, le peuple algérien est et restera anticolonialiste. Un point. C’est tout.

Notre ambassadeur à New York, Amar Bendjama, vient de le rappeler de manière magistrale devant le comité de l’ONU en charge de la décolonisation par son Droit de réponse au représentant du Maroc sur la question de la décolonisation du Sahara Occidental. Face à l’argument du développement économique du Sahara Occidental illustré par l’achat de bananes sans faire la chaîne (extraordinaire!!!) notre ambassadeur a rappelé une vérité inéluctable: la Liberté n’est pas négociable. La Souveraineté non plus.

Houria Hanem / Diplomate retraitée 

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