Dans un entretien accordé à l’agence turque Anadolu AA, le ministre de la Communication, le Pr Ammar Belhimer est revenu sur plusieurs questions d’actualité de l’heure, en particulier celles qui concernent l’Algérie.
Interrogé au sujet du rapprochement algéro-malien, et la vision de l’ancien occupant, le ministre de la Communication a estimé que la doctrine militaire française qui a projeté l’opération barkhane au Mali est inappropriée, voir est contre-productive, ajoutant sur ce registre que « Paris prétend anéantir militairement les forces du terrorisme qui frappe la France.
Ce faisant, elle instaure une sorte de «tutorat» qui méprise les forces locales, réduites à des supplétifs pour la protection des sources d’uranium nécessaires au complexe nucléaire français. Si l’intention était noble, ces moyens colossaux déployés auraient constitué un atout pour le développement économique, social et culturel de ce pays – seule réponse durable à l’extrémisme et à l’obscurantisme si tant est qu’ils constituent une préoccupation réelle pour la France ».
Questionné au sujet de la prise de conscience des africains à se débarrasser du joug de l’ancien colon, le Pr Ammar Belhimer n’a pas mâché ses mots en révélant l’existence d’un regain évident et salutaire de panafricanisme hostile au cadre néo-colonial qui régente la « Françafrique ».« Toute l’Afrique subsaharienne, l’Afrique de l’Ouest et Sahel notamment, ressent la présence française comme une humiliation. Il semble bien que les rapports de domination-soumission post-indépendances qui se sont substitués aux rapports dominant-dominé qui ont prévalu à l’époque coloniale arrivent bel et bien à leur terme, au profit d’un partenariat plus équilibré porté par les nouveaux partenaires émergents que sont la Turquie, la Chine et la Russie. » Ajoute-t-il.
Au sujet d’un éventuel partenariat algéro-turc pour le règlement du conflit en Libye,en vue d’aller vers la reconstruction de ce pays voisin, le ministre de la Communication indique que « L’Algérie a ouvert sa frontière terrestre avec la Libye après avoir abrité une rencontre d’hommes d’affaires de ce pays voisin, frère et ami. Elle n’épargnera aucun effort pour contribuer à sa reconstruction dans le sens d’une consolidation de sa souveraineté, de son unité territoriale, sa stabilité, loin de toute ingérence, intervention ou présence étrangères, dans un climat de dialogue et de réconciliation comme base d’un vivre ensemble harmonieux dans une société démocratique.
Évoquant les relations algéro-turques, Ammar Belhimer, souligne que les rapports entre les deux pays ne cesse de se développer, notamment depuis le nouveau millénaire
« Ce développement s’inscrit dans une sorte de partenariat d’exception qui, en très peu de temps, propulsa la Turquie au rang de 5ème partenaire commercial et de premier investisseur étranger en Algérie. » relève-t-il. Tout en soulignant les liens historiques entre les deux pays et les deux peuples qui partagent une histoire commune de plusieurs siècles, Ammar Belhimer, note que la coopération économique entre Alger et Ankara, est appelée à être élargie davantage dans un proche futur, avec des prévisions atteignant les 5 milliards de dollars pour ce qui est des échanges commerciaux, révélant au passage, que la Turquie est classée cinquième partenaire économique de l’Algérie.
.Pour ce qui est des IDE, le ministre de la Communication estime que les investissements turcs sont évalués à 5 milliards de dollars couvrant 400 projets d’investissements portés par 1300 entreprises pour un effectif d’environ 30000 salariés.
« La Turquie est, à c e titre, le premier investisseur étranger chez nous. » souligne Ammar Belhimer, qui appellera les turcs à investir davantage dans les secteurs de l’agriculture, le tourisme et les services et qui sont selon lui,les vecteurs privilégiés de la relance de la coopération souhaitée par les deux parties.