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Crise ukrainienne: Les limites des sanctions occidentales sur la Russie

La guerre économique de l’occident menée contre la Russie suite à l’opération militaire de Moscou n’aurait pas donné les résultats escomptés, comme le soulignent de nombreux experts économiques et financiers indépendants de la vision des médias Mainstream.

Réagissant ce lundi 18 avril à ces sanctions occidentales appelées «  sanctions-éclair », le président russe Vladimir Poutine notera que «Nous pouvons d’ores et déjà affirmer avec certitude que cette politique à l’égard de la Russie a échoué, que la stratégie économique de blitzkrieg a échoué»

Pour Vladimir Poutine, cette stratégie s’est même retournée contre ses instigateurs. «Il est évident que le principal facteur négatif pour l’économie ces derniers temps est la pression exercée par les sanctions, une nouvelle pression exercée par les sanctions des pays occidentaux. L’intention était de saper rapidement la situation financière et économique de notre pays, de provoquer la panique sur les marchés, l’effondrement du système bancaire et des pénuries de marchandises à grande échelle dans les magasins», explique le président russe.

Et d’ajouter «De plus, les sanctions n’ont pas été sans effet pour leurs initiateurs eux-mêmes. Je parle ici de la hausse de l’inflation et du chômage, de la détérioration de la dynamique économique aux Etats-Unis et dans les pays européens, de la baisse du niveau de vie des Européens, de la dévaluation de leur épargne.» «La Russie, comme je l’ai dit, a résisté à cette pression sans précédent. La situation se stabilise, le rouble a retrouvé les niveaux de la première moitié de février et est déterminé par une balance des paiements objectivement forte», a conclu Vladimir Poutine.

Le rouble résiste

Après un effondrement historique dans la foulée de l’offensive en Ukraine, le rouble a depuis retrouvé des couleurs, un succès nourri par la manne énergétique face aux sanctions occidentales. Fin février et début mars, le rouble passe des paliers jamais vu face au billet vert : 100 roubles, puis 120, jusqu’à plus de 140 roubles par dollar atteints le 7 mars. Mais depuis ce jour, la devise russe n’a cessé de se renforcer, revenant à 71 roubles pour un dollar début avril – un record depuis l’automne 2021 – pour se stabiliser aujourd’hui autour de 82 roubles pour un dollar.

Les pays du Brics comme alternative

Travaillant d’arrache-pied pour un nouvel ordre économique mondial pour mettre fin à l’hégémonie américaine, la Russie s’est tournée vers ses partenaires du Brics, à savoir la Chine et l’Inde, en vue d’atténuer les effets des sanctions économiques occidentales.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne ,l’Italie, et les pays baltes tentent de réduire ou d’arrêter l’achat de pétrole et de gaz russe, mais la situation est telle que la Russie a réussi à contrer largement ces mesures.

Alors que l’on assiste à une vague de baisse d’importations en provenance de la Russie vers des pays occidentaux, la Chine et l’Inde ont adopté une approche complètement différente en important davantage de Russie pour profiter de la réduction du prix du pétrole russe.

Selon Reuters, l’Inde a importé 13 millions de barils de pétrole de Russie, depuis l’opération militaire russe en Ukraine. L’Inde envisagerait également d’augmenter des importations de charbon en provenance de Russie.

« L’Inde se dirige vers l’importation de charbon de Russie », a déclaré Ram Chadra Prasad Singh, membre du Parlement indien, lors d’une conférence à New Delhi. Il a souligné que le pays importait 4,5 millions de tonnes de charbon de Russie sans en mentionner la date.

De même, rapporte Reuters, la Chine augmente ses importations de pétrole et de charbon en provenance de Russie avec sa monnaie nationale. Les chinois n’excluent pas une guerre avec les USA, sur la question de Taïwan dans un avenir proche n’est en aucun cas une possibilité exclue. « Alors que la situation dans le détroit de Taïwan s’aggrave, nous devons nous préparer à une confrontation militaire », souligne Jijing Hu, ancien rédacteur en chef du Global Times.

« Certaines personnes se plaignent de la réponse douce de la Chine, à mon avis, l’accalmie autour du détroit de Taïwan ressemble un peu au calme avant la tempête, la crise ne va pas tarder à atteindre son point culminant », s’est-il exprimé.

Un avis que semble partager, l’auteur et journaliste français Jacob Cohen, qui déclara sur nos colonnes « Il est quasi certain que l’affrontement Amérique-Russie va s’étendre à tous les terrains, là où il y a compétition et concurrence. On voit mal un climat de confiance s’instaurer entre les deux grandes puissances, climat nécessaire pour signer des traités de coopération ou de contrôle des armements, traités qui paradoxalement avaient pu être signés avec l’ex-URSS. La Chine doit de son côté attendre le moment favorable pour récupérer Taiwan. Et on voit mal comment les USA, qui voient pour le moment leur mainmise sur l’Ukraine être contestée, pourraient ouvrir un nouveau front avec la Chine »

Vladimir Poutine souhaite réorienter les exportations énergétiques russes de l’Europe vers l’Asie, du fait de la crise provoquée par la guerre en Ukraine, accusant les Européens de «déstabiliser le marché» en voulant se passer d’hydrocarbures russes. Vladimir Poutine veut réorienter les exportations énergétiques russes de l’Europe vers l’Asie. «On va partir du principe qu’à l’avenir les livraisons vers l’ouest vont baisser», a expliqué le 14 avril le président russe au cours d’une réunion gouvernementale consacrée au secteur de l’énergie dans le contexte des sanctions internationales.

«Les pays européens parlent constamment de se passer des approvisionnements russes et en faisant cela ils déstabilisent le marché et font monter les prix», a accusé le président russe. «Les tentatives des pays occidentaux d’évincer les fournisseurs russes, de remplacer nos ressources énergétiques par des approvisionnements alternatifs, affecteront inévitablement l’ensemble de l’économie mondiale», a encore mis en garde Vladimir Poutine, assurant que «les conséquences d’une telle démarche peuvent devenir très douloureuses et d’abord pour les initiateurs d’une telle politique».

Il a déclaré qu’une nouvelle stratégie énergétique à horizon 2050 devait être approuvée d’ici le 15 septembre et qu’un plan de développement d’infrastructures d’exportation d’hydrocarbures devait être prêt d’ici au 1er juin.

«Il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre des projets d’infrastructures, ferroviaires, de pipelines, portuaires, qui permettront dans les années à venir de rediriger les approvisionnements en pétrole et en gaz de l’ouest» vers ces nouvelles destinations, a ajouté Vladimir Poutine, citant, en plus du «sud et de l’est», les pays d’Afrique, d’Amérique latine et de la région Asie-Pacifique.

Le président russe a également chargé le gouvernement de plancher avec les entreprises sur des façons de remplacer par des technologies locales les «produits, machines et équipement» étrangers importés essentiels à ces secteurs et dont ils se trouvent privés.

Cet appel de Vladimir Poutine à développer de nouveaux débouchés pour les énergies fossiles russes, un «virage vers l’Asie» et surtout la Chine entamé il y a plusieurs années  survient à un moment où les Européens envisagent d’élargir leurs sanctions aux hydrocarbures en provenance de Russie en réaction à son intervention militaire en Ukraine.

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