L’inculpation de Federica Mogherini , ancienne vice-présidente de la Commission européenne, et de Stefano Sannino, ancien adjoint de Josep Borrell, dans une affaire de fraude, de corruption, de conflit d’intérêts et de violation du secret professionnel , est une bombe à retardement et met à nu les pratiques devenues récurrentes au niveau des institutions européennes dites “démocratiques et transparentes”.
Frederica Mogherini, qui vient de démissionner de son post de rectrice du Collège d’Europe, a témoigné pendant dix heures mardi dernier après son arrestation,tout en clamant son innocence.
La genèse de cette affaire remonte aux années 2021-2022 . À cette époque, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) a lancé un appel à propositions ouvert pour la création d’une académie diplomatique européenne . Toute université de l’Union européenne pouvait y participer. Or, le Collège européen de Bruges aurait obtenu des informations privilégiées concernant cet appel à propositions et aurait ainsi remporté l’appel d’offres. Le Collège européen possède également des antennes à Tirana et à Varsovie.
Les enquêteurs se sont particulièrement intéressés à l’acquisition par le Collège européen d’un bâtiment situé rue Spanjaardstraat à Bruges pour 3,2 millions d’euros. Peu après, le collège a reçu une subvention de 654 000 euros du SEAE. Aucune autre université n’a formé autant de fonctionnaires pour les institutions européennes que le Collège de Bruges. De plus, ce dernier est largement financé par la Commission européenne sous forme de subventions.
L’enquête est menée par le Parquet européen, institution créée à la suite du grand scandale de corruption qui a conduit à la démission de l’ensemble de la Commission européenne de Jacques Santer en 1999. À Bruxelles, la question est de savoir si un tel scénario pourrait se reproduire.
Le scandale a alors éclaté suite aux accusations portées contre la commissaire française à la science de l’époque, Édith Cresson . Elle aurait versé indûment 130 000 € à son ami, le dentiste René Berthelot. Le président de la Commission, Jacques Santer, avait tenté d’obtenir la démission d’Edith Cresson, mais la France a refusé, exigeant également la démission de Jacques Santer. Finalement, l’ensemble du Collège des commissaires avait démissionné.
Le scandale impliquant Mogherini, homme politique de centre-gauche, est très grave, étant donné que l’Italienne était le plus haut diplomate de l’UE et vice-président de la Commission.
Cette affaire risque d’aggraver les relations déjà tendues entre Ursula von der Leyen et la Haute Représentante de l’UE, l’Estonienne Kaja Kallas, actuelle directrice du SEAE , qui s’est dite surprise par la mise en examen de Mogherini et de Sannino. Plus tôt cette année, Sannino a quitté son poste de secrétaire général du SEAE pour occuper un poste important au sein de la Commission d’Ursula von der Leyen.
